Extrait de la semaine
L’israélisation de la question juive a permis à l’antisémite de faire peau neuve. Ce phénomène ne mériterait pas que l’on s’y attarde outre mesure si n’était la responsabilité qui lui incombe quant aux innombrables manifestations de violence et de haine, allant jusqu’au meurtre, qu’il entraîne dans son sillage.
De la désinformation
Opérant sur le même mode que leur sœur aînée, la propagande, les mécanismes de désinformation sont d’une facilité déroutante à démonter. De nombreuses études et poursuites judiciaires les ont mis à nu. Ils sont le fait d’une presse et de médias qui, plutôt que d’informer le public, ambitionnent d’en ‘fabriquer’ l’opinion. Aspiration qui n’a rien d’illégitime en soi, à condition de soumettre des données véridiques à ce public.
1. La désinformation la plus élémentaire consiste à dénaturer l’information initiale. En n’en révélant qu’une partie : « l’armée israélienne a abattu un Palestinien ». Ou en changeant l’ordre des événements « après qu’il ait attaqué un soldat ». L’agresseur devient victime par simple inversion grammaticale de la phrase. Mais aussi par l’usage du terme ‘armée israélienne’ qui, par effet de grossissement, minimise la menace que représentait l’individu isolé tué par un soldat ou une patrouille.
2. Le choix des vocables utilisés change à gré la nature du sujet traité. Tel le terme de ‘militant’, plutôt que ‘terroriste’. Celui de ‘tuer’, plutôt que ‘neutraliser’. Celui de ‘mur de séparation’ pour parler du ‘mur de sécurité’. Ou celui, sans cesse répété, de l’appellation ‘esplanade des mosquées’ alors que celle de ‘mont du temple’ est systématiquement évitée.
3. Il existe ainsi tout un registre dans lequel puiser pour parler des ‘sionistes’, registre principalement établi par les propagandistes de pays ouvertement antisémites et hostiles à Israël. N’est-il pas étrange que la propagande de bas étage, telle que pratiquée au Proche-Orient, fasse ailleurs figure de professionnalisme journalistique ? L’expression de ‘terrorisme d’état israélien’ couramment employée par la presse arabe nationaliste acquiert légitimité et crédibilité lorsque reprise sous la plume d’un éminent confrère de la presse européenne. Utilisant pourtant la même terminologie. Et la même rhétorique dont les accents démagogiques ne sont pas sans rappeler ceux de l’école goebbelsienne.
4. Et pour cause, c’est sans aucun scrupule qu’une certaine presse réveille les vieux démons de la période hitlérienne et compare les camps de réfugiés palestiniens (mais pas les camps de réfugiés soudanais ou syriens) aux camps de concentration nazis. Ou recourt au terme de génocide en évoquant la politique israélienne à l’égard du problème palestinien. Il s’agit là d’une banalisation de la Shoah, bien sûr. Mais aussi des atrocités commises contre les Arméniens, les Tutsi, les Tibétains. Il en va de même pour l’emploi captieux du mot apartheid qui nous introduit à la phase suivante.
5. Le mensonge pur et simple et la propagation de rumeurs invérifiées. Dont les exemples les plus notoires sont les prétendus viols de femmes palestiniennes par des soldats israéliens (Nouvel Observateur du 8 novembre 2001) et l’affaire Mohammed Al-Dura dans laquelle un journaliste tronque un reportage filmé pour faire croire à un tir de l’armée israélienne sur un enfant. Bien que ces deux cas se soient vus sanctionnés par la justice, force est d’admettre qu’ils évoquent les accusations de meurtre rituel prononcées contre les Juifs, au Moyen Age. Si n’est qu’ici, les propagateurs du mensonge ne soient pas de sombres inquisiteurs, mais des membres respectés de la presse. L’ardeur obsessive qui les anime est, en tout cas, la même que celle de leurs aïeuls médiévaux. Comme le montre la couverture médiatique excessive du problème israélo-palestinien, alors qu’il existe de par le monde des conflits bien plus meurtriers. Et tout aussi urgents à résoudre.
6. Asymétrie qui se retrouve dans les choix éditoriaux et l’attention accordée à un point de vue plutôt qu’à un autre. Combien d’images avez-vous vues de mères palestiniennes en pleurs à la une de vos journaux en relation à celles de mères israéliennes, ou même iraquiennes ? Alors que meurent tous les mois en Iraq, dix fois plus de victimes civiles que dans le reste du Proche-Orient. A cela s’ajoute une répartition déséquilibrée des temps d’antenne ou de parole alloués à chaque camp. Cette répartition est d’autant plus inéquitable que les avis les plus sollicités de la part d’Israéliens ou de Juifs de la Diaspora sont ceux de la frange idéologique correspondant à l’orientation politique de la presse hostile à Israël. Laquelle justifie ce procédé en se réclamant d’un ‘souci d’objectivité’ par rapport à la version israélienne des faits dont on prend bien soin de préciser qu’elle est ‘officielle’. Or toute asymétrie a deux faces. Les Palestiniens sont montrés comme une minuscule population abandonnée à la merci de la ‘grande puissance israélienne’, alors qu’ils sont abondamment armés et soutenus par le Goliath du monde islamique face auquel c’est Israël qui est le nain véritable. Pour 2016, la population palestinienne (estimée à 4,8 millions par les autorités palestiniennes) dénombre la moitié de l’israélienne (soit 8,7 millions). Alors que celle d’Israël est de 50 fois inférieure à celle du monde arabe et de l’Iran réunis (soit 448 millions). Sans oublier que, dans la guerre médiatique l’opposant aux pays arabes et à l’Iran, Israël ne dispose par des budgets énormes de ses rivaux, lesquels sont de surcroît des régimes pratiquant la censure et le contrôle des médias.
7. Contrôle politique de la presse dont l’Europe est loin d’être exempte. En France, par exemple, la plupart des grands médias bénéficient de subventions de l’état et leur source presque exclusive d’information est l’agence de presse gouvernementale (AFP). Il y a une mainmise non moins politique sur les médias du fait que les professions qui s’y rattachent sont exercées en majorité par les disciples d’écoles journalistiques préconisant une presse du ‘message’, et donc porteuse d’opinion et de thèmes idéologiques, plutôt qu’un journalisme voué à la transmission fidèle de l’information et au respect du principe d’objectivité.
8. Mais alors, où et comment obtenir une information fiable ? D’abord en s’assurant que l’organe médiatique ou informatique qui la diffuse ne soit ni politiquement affilié ni financièrement dépendant d’intérêts susceptibles d’en corrompre l’intégrité professionnelle. Puis en vérifiant que ses sources soient dument authentifiées, ou corroborées et recoupées par d’autres. Il existe aujourd’hui des associations et sites internet de surveillance de la probité des médias (ou watchdogs) auxquels se référer.
9. La désinformation n’est pas uniquement le fait des médias. Mais aussi de certains partis politiques et donc de bien des gouvernements lorsque ces partis arrivent au pouvoir. Il ne faut pas oublier que, dans la majeure partie des pays de l’Europe, les communautés musulmanes représentent un nombre beaucoup plus important d’électeurs que les communautés juives. La stratégie qui consiste à tirer parti d’une importation du conflit israélo-arabe pour briguer les voix de ces communautés musulmanes est clairement discriminatoire (‘tous pareils’ ou dans le ‘même bateau’) et une insulte à leur intelligence. Quand elle ne sert pas de subterfuge pour canaliser des frustrations, surtout au sein de la jeunesse, qui ne proviennent pas de ce conflit mais d’une réalité bien plus proche, au quotidien.
10. Le troisième vecteur de la désinformation, après les médias et les institutions politiques, est celui de certaines ONG (organisations non-gouvernementales). Il existe trois types d’ONG hostiles à Israël. Celles qui le sont ouvertement, affichant leur soutien soit à la mouvance djihadiste soit à la cause palestinienne. Celles qui, agissant sous le couvert d’un activisme civique et pacificateur, accusent systématiquement Israël d’infractions envers les droits de l’homme. Parmi elles, on compte des ONG israéliennes (dont B’Tselem) recevant des subsides de pays arabes, mais aussi de l’UE et de plusieurs de ses états membres. Bien que ces fonds soient utilisés pour nourrir plus souvent les tensions (financement de la publication des ‘manuels scolaires de la haine’ rédigés en 2002 par le Hamas) que les initiatives de conciliation et de dialogue. Quand ils ne sont pas tout simplement détournés au profit d’activités terroristes (comme l’indiquent plusieurs rapports de la Cour des comptes européenne sur ce point, dont ceux de 2007 et de 2014). Il y a enfin des ONG qui, bien que n’ayant aucun lien avec la politique en général ni le conflit israélo-palestinien en particulier, discriminent Israël, le tiennent à l’écart de leurs activités, l’attaquent verbalement ou appellent à des boycotts (tel Oxfam qui, en 2013, a été jusqu’à accuser Israël d’empoisonner l’eau de Gaza). Quels que soient leur mode opératoire et leurs motifs, toutes ces ONG ont un agenda en commun : isoler Israël et le mettre au ban des nations.
Le flot constant de mensonge déversé sur Israël parvient-il à noyer la vérité dans ses eaux troubles et berner l’opinion publique ? Ou n’abreuve-t-il qu’une hantise existante, latente, enracinée dans le subconscient collectif de la gent antisémite ? La récente vague d’attentats qui a déferlé sur l’Europe montre quelles conséquences entraînent les campagnes de désinformation, les discours irresponsables, et toutes les formes d’incitation à la détestation de l’autre. La semaine prochaine nous examinerons la plus perverse d’entre elles : le boycott.
© Raphaël Jerusalmy
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Diplômé de l’Ecole Normale Supérieure, Raphaël Jerusalmy a fait carrière au sein des services de renseignements militaires israéliens avant de mener des actions humanitaires puis de devenir Marchand de Livres anciens à Tel-Aviv. Il est aujourd’hui écrivain, auteur de plusieurs romans publiés chez Acte Sud. Il est également expert sur la chaîne de télévision i24news.
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