Bon
Dimanche
Nous sommes dimanche…
Et alors ? me souffle une voix.
Alors rien…
Je suis déchirée entre l’impatience de retourner au cinéma, de refaire le monde à une terrasse de café, ou de suivre la sagesse des médecins, qui appellent à la patience, à la prudence, à la réflexion …
En même temps, il faut y aller …
Vous voyez bien qu’il est urgent de refaire le monde, de le recentrer, de le redresser, car il est tout de guingois.
Et moi j’ai besoin d’une chaise, d’une table et d’une orange pressée pour offrir ma contribution essentielle à l’humanité.
Essentielle.
Le mot est lâché…
Le gouvernement est naze, imprévoyant, laxiste et liberticide, Macron est autocentré, Le Pen en embuscade, Castex a inventé le discours français intelligible ni par les Français ni par les étrangers car il n’est d’aucun idiome référencé à ce jour, Edouard Philippe n’est pas candidat mais publie un livre qui fait un triomphe en réitérant ses serments de loyauté éternelle à celui qui lui a délicatement imprimé l’empreinte de son mocassin sur l’arrière train, tandis que le peuple en délire scande sa demande de retour, Xavier Bertrand s’est autoproclamé sauveur de la France, et Anne Hidalgo, grande figure socialiste taxe les restaurateurs qui rouvriront en bénéficiant de terrasses arrachées aux trottoirs parisiens …
Des militaires font un putsch sur un journal, bientôt une révolution sur Tweeter, un coup d’état sur Facebook, une destitution par mail…
C’est moins sanglant…
La justice se parodie dans une pantomime qui ne fait rire personne, une pantalonnade mise en scène par une démiurge d’instruction rendue mutique au milieu du battage presque mondial, le garde des sceaux se croit le garde des sots en offrant aux révoltés une loi dont l’éclat tient dans la baptisation annoncée à grands roulements de tambour …
On vaccine enfin et les journalistes comptent le nombre de doses refusées, balancées tous les soirs dans les poubelles de l’histoire…
La situation en Inde est apocalyptique, Israël compte les morts parmi les pèlerins Mont Meron, venus à 100000 sur un lieu prévu pour 10000, des religieux qui vont demander des comptes à dieu …
Vous voyez bien qu’on a besoin d’une chaise, d’une table et d’une orange pressée…
Et puis on terminera le papotage bâtisseur d’un monde idéal par des confidences sur cette laque scintillante qui illumine les ombres d’un monde couvert de cendres :
L’amour
Ce soleil qui allume des étincelles sur l’âme et le cœur, ce bonheur d’exister qui roule et roucoule sur les charbons du monde, en rayonnant parce que l’autre, parce que les enfants, parce que les petits enfants, parce qu’une symphonie, parce qu’un livre, parce qu’un feuilleté aérien…
Mais quand même
Une table, une chaise, une orange pressée …
Je vous embrasse
© Michèle Chabelski
Voilà que je vais encore me réjouir, chère Michèle , grâce à votre chronique . nous allons pouvoir franchir plus de dix kilomètres pour voir notre famille, nos amis, mais avec les restrictions , en nombres , en prenant nos distances, covid oblige .Hum, les vaccins sont ils vraiment fiables ? et les variants qui nous guettent et qui risquent de gâcher notre bonheur de retrouver une semi liberté…Voyons, je ne dois pas communiquer mes inquiétudes . Bon dimanche à tous.
Beaucoup de talent Madame Chabelski ! Bravo !
Hommages respectueux. Encore bravo et merci 🙏
On dirait le « et moi, et moi, et moi » de Dutronc.
Mais, après avoir pleuré l’orange pressée, à qui la faute ?
Tout pays finit par avoir la gouvernance qu’il mérite.
Et puis, le virus, il n’est pas venu chez nous. C’est NOUS qui sommes allé le chercher.
Nous sommes le terreau idéal pour sa prospérité.
Par nos nombres déraisonnables sur terre.
Par notre promiscuité, les uns sur les autres par millions.
Par nos déplacements erratiques, notre incapacité à rester sur place.
Par notre invasion des habitats d’autres espèces, par notre pollution qui oblige d’autres espèces de fuir leurs habitats et venir chez nous.
Espèces porteuses des virus depuis toujours ; contre lesquels elles sont vaccinées naturellement ; mais PAS NOUS.
Buvez donc l’orange pressée. Tant qu’il y’en a.