Depuis ce matin, je lis et j’entends des satisfecit à répétition concernant le « succès » des manifs qui se sont déroulées hier pour protester contre la décision de Justice qui déresponsabilise pénalement l’assassin de Sarah Halimi.
Il y avait à Paris 20.000 personnes, principalement Juives.
Les personnalités et les intervenants étaient principalement Juifs.
Ceux qui espéraient de ces manifestations qu’elles montrent la merveilleuse unité de la société française, unie contre la barbarie, en sont pour leur frais.
Comment pourrait-il en être autrement ?
En France, on descend dans la rue quand il s’agit d’un crime raciste ou antisémite venant de la mouvance d’extrême droite.
Beaucoup moins quand il s’agit d’un crime perpétré par un musulman.
Enfin, en France, on descend de moins en moins dans la rue pour les causes collectives morales et éthiques.
Un simple retour sur les réactions aux évènements antisémites de ces 40 dernières années est particulièrement parlant.
1980 : attentat de la rue Copernic
Le 7 octobre 1980, une « grande marche contre le racisme et le fascisme » est organisée à Paris quelques jours à peine après l’attentat qui a fait quatre morts, y compris comme l’avait déclaré R. Barre (à l’époque premier ministre) des « français innocents » …
200 000 manifestants de tous bords politiques défileront en silence pendant quatre heures de la place de la Nation à celle de la République.
A ce moment-là, la plupart des commentateurs, experts et responsables sont persuadés que cet attentat est l’œuvre de l’extrême-droite, ce qui sera plus tard totalement infirmé par l’enquête qui pointera une seule et unique responsabilité : Celle des groupes terroristes palestiniens et de la mouvance d’extrême gauche internationale qui lui sert de relais et de support.
1990 : Profanation de tombes Juives au Cimetière de Carpentras
Le 14 mai 1990, 200.000 personnes, de gauche comme de droite, se réunissent place de la République et marchent jusqu’à la place de la Bastille. Là encore, le repoussoir que représente la mouvance néo-nazie, en pleine montée du FN, et en plein milieu de la partie « je t’aime, moi non plus » entre Mitterrand et Le Pen, joue à plein et aide à « remplir » cette manif …
2006 : Meurtre d’Ilan Halimi.
Le 26 février, environ 50.000 personnes manifestent à Paris contre le racisme et l’antisémitisme.
2012 : mohamed merah
Le 25 mars 2012, 20 000 personnes participent à une marche silencieuse à Paris, de la Bastille à la Nation, « contre le racisme, l’antisémitisme et le terrorisme », pour rendre hommage aux sept victimes du « tueur au scooter ».
2018 : Marche à la mémoire de Mireille Knoll
En Mars 2018, 25.000 personnes défilent à Paris lors d’une marche blanche, organisée en mémoire de Mireille Knoll, 85 ans, elle aussi assassinée chez elle parce que Juive.
Février 2019 : Manifestation institutionnelle contre l’antisémitisme.
A l’initiative du Parti socialiste, des représentants d’une vingtaine de partis appellent à manifester le 19 février partout en France, pour lutter contre l’antisémitisme.
On a compté 20.000 participants à la manifestation parisienne.
© Georges Haymann
Pourquoi un musulman ne pourrait-il pas être considéré comme étant d’extrême droite ? Le PIR et l’UNEF sont des organisations d’extrême droite à côté desquelles les frontistes font figure de babacool jouant de la guitare. Toute la cartographie politique est fausse et doit être réécrite.
Bonne question, Sarah. Eléments de réponse :
Les termes « gauche » et « droite » appliqués à l’idéologie et à la politique sont figés depuis au moins un siècle.
La « gauche » passe pour représenter une population économiquement modeste (voire « les damnés de la terre »).
La « droite » passe pour représenter une population « aisée ».
La gauche revendique donc un renversement de la table sociale pour plus d’égalité, dit-elle.
La droite s’oppose au renversement ; vue par la gauche elle défend les « possédants ».
Dès lors, on associe des populations « défavorisées » à la gauche et vice versa. D’où l’estampille « gauche » que l’on colle aux « racisés », musulmans, minorités réputées « discriminées » et leurs semblables.
D’où des termes comme « islamo-gauchisme ».
MAIS vues les méthodes que ces engeances utilisent « islamo-fascisme » serait au moins aussi valable.
Faut-il pour autant inverser la terminologie habituelle au risque d’embrouiller le langage, le rendre incompréhensible ? Rien n’est moins sûr.
Il suffirait peut-être de jeter par-dessus bord les idées préconçues « gauche=bien » et « droite=mal ».
Pas d’accord. Certaines de ces discriminations sont souvent imaginaires contrairement à d’autres bien réelles. Historiquement la gauche prône la lutte des classes et l’extrême droite pure et dure prône la « lutte des races ». Les indigénistes et leurs alliés se situent de fait dans la deuxième catégorie. Pour la définition de l’extrême droite et du fascisme lire Umberto Eco et sa thèse sur l’ur-fascisme : on se rend compte immédiatement qu’indigénistes et salafistes cochent toutes les cases.
Les partis politiques dits de « gauche » avaient toujours, traditionnellement, pour base électorale la classe ouvrière, les « économiquement faibles » que ces partis disent (prétendent ?) défendre.
L’évolution économique et démographique, en France et ailleurs, a embourgeoisé les français « de souche » de la classe ouvrière, devenus une classe moyenne, possédant des biens et de ce fait peu enclins à les partager et à voter à gauche.
La « gauche » traditionnelle » a donc perdu cet électorat MAIS il lui reste, comme « petit peuple » et classe ouvrière à défendre, les nouveaux pauvres : les immigrés.
Elle a donc épousé la cause de ces derniers ; MAIS SURPRISE : contrairement à la doxa marxisante chère à la gauche traditionnelle de jadis, ces nouveaux pauvres ont des revendications identitaires ; bien manger ne leur suffit pas, ils veulent s’affirmer et même s’accaparer des tranches du pouvoir réservé jadis aux autochtones.
La gauche traditionnelle devient donc de plus en plus « indigéniste » avec les effets pervers que l’on sait. D’où « islamo-gauchisme ».
Mais bon… Ces « nouveaux pauvres » s’embourgeoisent aussi à leur tour et la vocation identitaire s’affirme comme la principale.
Vu leur comportement désormais, « Islamo-fascisme » ferait l’affaire.
On ne découpera pas des cheveux en quatre indéfiniment…
Dans la ville où j’habite plus de 90% des SDF sont des Blancs…Et La pauvreté en zone rurale touche presque exclusivement des Blancs, donc votre analyse ne tient pas la route. Lisez la définition de l’extrême droite et du fascisme développée par Umberto Eco et vous verrez que les indigénistes ou intersectionnels possèdent TOUTES les caractéristiques du nazisme. La France Insoumise, EELV et le PS sont les équivalents modernes des Doriot, Laval et Déat qui eux aussi avaient remplacé la lutte des classes par la lutte des « races ».
Ce n’est évidemment pas un phénomène franco-français mais qui touche plus ou moins la moitié de la planète.
Je lirai le regretté Umberto Eco, d’ailleurs l’un de mes auteurs préférés, ici :
http://international.blogs.ouest-france.fr/archive/2017/01/30/trump-eco-fascisme-17547.html
Cela dit, n’empêche que sa parole n’est pas toujours d’évangile…
Vous signalez ceci qui, finalement, ne démontre rien sur ce qui nous intéresse : « Dans la ville où j’habite plus de 90% des SDF sont des Blancs ». Probable, et pas limité à votre ville.
Une (brève) explication parmi d’autres : parmi les immigrées et notamment de culture arabo-musulmane, la solidarité familiale et intra-communautaire fonctionne. Tombés en grande pauvreté ils restent avec les leurs, rarement à la rue.
La notion de « famille élargie » omniprésente en Afrique et disparue en Occident y est toujours en vigueur.
Ainsi que la charité qui, on l’oublie trop souvent, fait partie des « cinq piliers de l’Islam ».
Oui, en théorie aussi chez les juifs et les chrétiens ; mais en pratique largement jetée par-dessus bord vue l’individualisme galopant et le discrédit de la religion.
Par ailleurs je me permets de vous avertir contre le petit Godwin qui sommeille en vous et qui vous fait dégainer « Doriot, Laval et Déat » (pourquoi pas Hitler pendant que vous y êtes) hors sujet et plus vite que votre ombre.
Ce réflexe de tout mélanger est issu d’un traumatisme bien juif ; il est contre-analytique, contreproductif, nuisible à la compréhension de ce qui se passe et aux solutions à trouver.
Les « manifs » en général ont perdu de l’intérêt, que ce soit pour une cause liée à l’antisémitisme ou une autre. Mai 68, c’est de la préhistoire.
On en a vu bien trop ces dernières années et les gilets jaunes ont fait déborder le vase.
In fine ils ont échoué lamentablement ; ZERO résultats sauf la casse des abribus et autres monuments, restaurants et mobiliers urbains.
Les gens sont fatigués du bruit inutile qui finit par devenir bruit de fond que personne n’écoute et que la gouvernance n’entend même plus.
Surtout qu’à force cette gouvernance a développé une stabilité-résilience ; des techniques éprouvées pour user les manifs et les manifestants.
Et pour cause : cent mille manifestants c’est ENORME mais ça ne représente que 0.15% de la population française… ZERO poids électoral.
L’appétence pour manifester reviendra peut-être dans une génération ou deux.
Pour l’instant c’est FINI.
Mme Sarah Olivier a entierement raison.On se souvient d ailleurs qu en 1944 la « brigade nord africaine » du sinistre Abel Danos a seconde les allemands et torture ou tue beaucoup de monde.Dans les Balkans, la division SS d infanterie de montagne Hanschar,composee de Bosniaques,a mene une horrible chasse aux Juifs resistants et maquisards titistes (« partizans »).