Tribune Juive

Sarah Cattan. Sarah Halimi: le compte n’y est pas

Depuis la nuit funeste du 3 au 4 avril 2017 qui vit Sarah Halimi sortie de son lit, lynchée au rythme de sourates par un barbare qui pour finir la jeta hors la fenêtre sous les regards pétrifiés de voisins éveillés par les cris de souffrance mais encore sous celui de Forces de l’ordre arrivées promptement mais restées en faction jusqu’à voir tomber à leurs pieds ce pauvre corps encore vivant,

Depuis cette date donc, quelque chose a bougé:

Voilà que les media silencieux organisent des plateaux et des directs sur ce qui aujourd’hui s’appelle L’Affaire Sarah Halimi. Voilà que les avocats des Parties civiles sont conviés. Et pas seulement dans la presse communautaire. Voilà que la France met un visage sur le fils et le frère de Sarah. Voilà qu’on ne parle plus d’une vieille femme mais d’un Docteur. Voilà que grâce à la ferveur d’un jeune homme et de ses amis[1] un Grand Rassemblement a été organisé à Paris mais encore partout en France comme à l’étranger, ralliant jusqu’aux représentants du CRIF et du Consistoire demeurés jusqu’alors d’une prudence et d’une frilosité confinant à la lâcheté, Pour demander Justice après l’Arrêt inique rendu par les dix magistrats de la Cour de Cassation qui choisirent de ne surtout prendre aucun risque et qui, sans audace ni courage, se cantonnèrent à Dire la Loi derrière laquelle ils s’abritèrent, confirmant l’Abolition du discernement du barbare Kobili Traoré. Voilà que le PR, suivi de son Garde des sceaux, tous deux fustigés par Le Conseil de la magistrature qui s’insurgea contre la mise en cause de la justice empêchée de juger, à l’abri des pressions, en toute indépendance et en toute impartialité, ressemblent à s’y méprendre aux notables des Lettres de mon Moulin. Voilà encore qu’il nous est donné à espérer qu’une Rue porte un jour le nom de Sarah Halimi, et, mieux, que l’article 122-1 qui ne manquera pas d’être révisé porte le nom de … Loi Sarah Halimi.

Le compte n’y est pas

Alors que chacun glose sur les notions d’abolition et d’altération, que des savants nous expliquent ad nauseam la complexité de la Bouffée délirante, qu’il nous est rappelé avec condescendance qu’un Etat civilisé ne juge pas ses fous, – et j’en passe- , L’essentiel reste occulté, la chape de plomb toujours solidement en place, et chacun feint d’oublier les manquements d’une instruction abracadabrantesque, celle menée par la Juge Anne Ihuellou qui nous parut dès sa prise en main de L’Affaire avoir pour Traoré … les yeux de Chimène.

Ça va être beaucoup plus compliqué que vous ne semblez le croire, avait-elle dit en guise d’accueil lorsqu’elle reçut une première fois la famille.

La Dame mit beaucoup d’efforts pour faire accroire d’emblée que notre tueur était de constitution psychologique fragile et sut convaincre qu’une reconstitution, inutile à ses yeux puisque l’individu reconnaissait son forfait, pourrait fragiliser un peu plus encore celui que sa famille appelait Bébé et que ses amis des réseaux sociaux connaissaient sous le nom de Fofana – de triste mémoire chef du gang des Barbares qui mit à mort Ilan Halimi.

Ce faisant, la Juge fit que jamais nul ne saura où résida le dysfonctionnement – le mot est faible- des brigades de police accourues et restées spectatrices. En attente d’un ordre qui ne vint jamais, nous est-il répété.

La même alla jusqu’à refuser la requalification du meurtre en assassinat. Pourquoi diable se serait-elle gênée, puisque peu s’en offusquèrent à l’époque, et alors que seule une reconstitution aurait permis de démontrer la stratégie mise à l’œuvre par Traoré.

Elle alla encore, malgré un rapport d’autopsie éloquent, refuser d’acter la barbarie à l’œuvre.

Elle mit fort longtemps, et montra bien de la mauvaise grâce à le faire, à acter la circonstance aggravante pour antisémitisme.

Elle fit preuve d’un zèle qui surprit même les avocats de la défense en demandant, seule, une deuxième, puis une troisième expertise, lesquelles furent menées si longtemps après la nuit de la mise à mort.

Elle eut toutefois la délicatesse d’acter que la famille Diarra, dont l’appartement fut le lieu de passage du tueur, avait été séquestrée et que cela méritait sans doute réparation.

Un témoin qui , la peur au ventre, déposa au commissariat le matin du 4 avril s’étonne encore de n’avoir jamais été entendu.

S’ils étaient doués de parole, la Mosquée Omar, le portable et le PC de Traoré diraient leur étonnement béat ressenti à n’avoir jamais été investigués. La Page Facebook de Fofana Boubacar alias Bébé esquisserait un sourire narquois.

Alors que les experts viennent aujourd’hui plaider leur cause dans la presse et que Bensussan, arguant de son exigence éthique et déontologique ( sic ), s’offusque qu’on ait pu le qualifier de Diafoirius, Madame Anne Ihuellou n’a rien à dire ou faire : la Dame, de par son statut, n’a aucun compte à nous rendre.

Mais Nous, Nous pouvons et devons nous étonner que devant de tels manquements éclatants, aucune Instance supérieure n’ait cru bon d’interroger les méthodes Anne Ihuellou.


[1] Jonathan Behar. Fondateur du Groupe Run 4 Sarah Halimi et du Groupe Agissons pour Sarah Halimi

Quitter la version mobile