Affaire Sarah HALIMI toujours. Elle concerne tout le pays, au-delà des juifs et, avec le tragique attentat de Rambouillet elle constitue l’essentiel de l’actualité. Chacun y va de sa posture.
Le Président de la République et le Ministre de la justice préparent une loi de circonstance, une de plus, suite à la juste émotion causée par le déni de justice.
Le Conseil supérieur de la Magistrature et les hauts magistrats sont dans leur rôle corporatiste et défendent le bien fondé de la décision de clôture du dossier par la Chambre Criminelle de la Cour de Cassation quoi qu’il en coûte.

Les Juifs français sont légitimistes et même choqués, ils ont du mal à contester une décision de justice, l’inertie des forces de police au moment des faits et les nombreuses fautes commises dans cette affaire.
La contestation même pacifique ne fait que moyennement recette. Tel responsable politique parle de « l’émotion de la communauté juive » et il faut aller à Paris pour voir aux côtés des manifestants la Présidente de la région Valérie PECRESSE et la maire de Paris Anne HIDALGO.
A Strasbourg s’il n’y avait pas de parlementaire national la présence de la Députée européenne Anne SANDER et de plusieurs élus strasbourgeois malheureusement surtout de l’opposition, les manifestants se recrutaient comme ailleurs également hors de la communauté juive.
En France la messe judiciaire est dite. Seul un procès en révision dont on voit mal les ressorts juridiques possibles pourrait modifier la donne.
La nouvelle loi promise, nécessairement non rétroactive ne changera rien à l’affaire Sarah HALIMI.
Alors que faire ? Deux hommes- courage, deux avocats Maître Gilles William GOLDNADEL et Maître Francis SZPINER ténors du Barreau de Paris et avocats de la famille HALIMI ont décidé de ne pas en rester là et puisque la sœur de Sarah HALIMI est israélienne, plainte va être déposée devant une juridiction israélienne de ce fait compétente.
J’ai entendu de nombreuses personnes s’émouvoir de la saisine de la justice israélienne pour un dossier qui aurait déjà été jugé en France. Tout le problème c’est que ce dossier n’a pas été jugé en France et qu’une fois de plus , quoi qu’on en dise, la justice française a décidé de botter en touche.
Chacun comprend qu’il y a des chances que l’assassin antisémite soit condamné en Israël . Chacun comprend aussi que toute condamnation israélienne rendra les jours de l’assassin beaucoup moins tranquilles.
Le monsieur en question craindra toute sa vie de connaitre le sort de sa victime. Même l’ambassadeur de France en Israël Eric DANON est venu à la manifestation de Tel Aviv et a reconnu dans sa prise de parole, je le cite « nous avons évoqué d’éventuelles prolongations juridiques devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme et devant la justice israélienne ».
Donc même pour l’ambassadeur de France il est légitime que la justice israélienne soit saisie. L’ambassadeur a encore dit devant les manifestants « comment se fait-il que ces drames se multiplient en France ? Pour qu’il n’en soit plus ainsi nous continuerons d’en débattre tous ensemble ».
Les avocats de la famille HALIMI ont donc précédé la volonté de l’ambassadeur de France en portant l’affaire au seul endroit où elle peut à présent être dénouée, Israël.
Au final cette affaire, c’est l’assassinat atroce d’une paisible retraitée juive par quelqu’un reconnu antisémite par la justice française mais déclare irresponsable par cette même justice et c’est aussi l’illustration pour ceux qui en auraient encore besoin de l’utilité vitale d’Israël pour que justice soit rendue aux juifs dans le monde entier.
Cette évidence, inaugurée avec le procès EICHMANN reprend malheureusement toute sa force en raison de l’échec de la justice française.
Raphaël Nisand Chroniqueur sur Radio Judaïca