L’honneur perdu de la justice

Pas coupable et même pas responsable, l’homme qui a tué Sarah Halimi, sa voisine, une sexagénaire de confession juive, dans la nuit du 3 au 4 avril 2017, à Belleville ? Pendant une quarantaine de minutes, Kobili Traoré, familier de la tristement célèbre mosquée Omar de la rue Jean-Pierre Timbaud, repaire d’islamistes radicaux, a roué de coups sa voisine en récitant les versets du Coran. Puis après ce supplice, il l’a jetée du troisième étage en criant plus d’une dizaine de fois : « Allah Akbar ».

Mais ce n’était pas sa faute, que voulez-vous : le pauvre chat était atteint d’une « bouffée délirante aigüe », il avait abusé du cannabis, encore que le taux de THC, principe actif de cette drogue, relevé dans son sang, fût modéré. Après que Daniel Zagury, monument national de l’expertise psychiatrique, eut écarté l’abolition (mais pas l’altération) du discernement du condamné, l’instruction n’a consisté, sans mener de véritable enquête, qu’à contredire ce premier diagnostic, comme pour faire valoir l’irresponsabilité pénale du meurtrier. Il n’a même pas été procédé à une reconstitution des faits, sans doute pour ne pas le traumatiser !

S’agit-il d’un permis de tuer les juifs sans risque judiciaire ou d’une exonération systématique des islamistes (à ne pas confondre avec les musulmans) qui, pour une fraction de la gauche, sont toujours dans la camp du Bien ? C’est la question que pose, hélas, la décision de la plus haute autorité d’une justice en déroute. Rien ne tient dans ce dossier, à commencer par la capacité de l’assassin à réciter des versets du Coran alors qu’il avait soi-disant perdu … la tête.

La loi stipule que « n’est pas pénalement responsable » la personne qui, au moment de son crime, est atteinte d’un trouble psychique ou neuro-psychique ? En déclarant que Kobili Traoré est aussi innocent que l’agneau qui vient de naître, la Cour de cassation ouvre la voie à une jurisprudence qui permettra à ceux qui auront tué, sous l’emprise de l’alcool ou de substances, de demander la relaxe sous prétexte qu’ils étaient « victimes » d’une bouffée délirante aigüe.

M. Macron avait émis le souhait que l’assassin de Sarah Halimi soit jugé. La Cour de cassation vient de lui faire un bras d’honneur. Mais, à cette occasion, n’a-t-elle pas perdu son honneur ?

Extrait de l’éditorial de Franz-Olivier Giesbert. Le Point.

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