Bon
Dimanche
Quand le lait bout et menace de déborder, on baisse le feu, au besoin on l’éteint et on parvient ainsi souvent à éviter la catastrophe.
Mais quand il n’y a pas de bouton pour éteindre le feu, eh bien, le lait affleure au bord de la casserole et le danger reste constant.
Si en outre un souffle mauvais se penche sur les bouillons, la chance d’apaisement est immédiatement balayée…
Je crois à la vertu de la raison.
Je m’incline devant les élans du cœur.
Je ne vois aucune incompatibilité entre les deux, juste parfois une préséance de l’une sur l’autre…
Et quand quelqu’un remonte les bretelles tombantes de ma capacité à réfléchir, ça accélère la fois ma raison et mon émotion.
Je m’explique.
Une majorité de gens sensés et sensibles ont été affectés par le dernier espoir d’un procès pour l’assassin de Sarah Halimi.
Cet espoir était certes mince, mais il est aujourd’hui balayé.
Et l’émotion dit, c’est révoltant, écœurant, inquiétant, la famille de Sarah Halimi, penchée sur sa douleur sera privée des réponses espérées à toutes ses questions et nous nous insurgeons contre une justice qui refuse de juger…
Puis la raison prend le pas en induisant une peur qui est loin d’être irrationnelle dans une société qui absout un meurtrier de sa forfaiture sous un prétexte fallacieux…
Et ce meurtrier, déclaré guéri de ses bouffées délirantes, retrouvera la liberté et la possibilité de récidiver…
La raison ajoute encore que dans un état de droit, la justice n’est pas une variable d’ajustement, mais le socle d’une société en bonne santé…
Et que les ratés de cette justice amènent les citoyens à s’interroger sur l’origine de ses égarements…
Et que de nombreux paramètres dans cette affaire questionnent l’esprit de ceux qui ne peuvent se contenter des versions officielles, qui sont un crachat à la raison…
Et la justice n’est pas faite pour débiter mensonges et escobarderies à des citoyens pour qui l’antisémitisme est un délit, et même parfois un crime…
Tout ça pour dire qu’une dame qui accuse l’ensemble des révoltés de parano aiguë, de méconnaissance du dossier, d’agitation délétère, de crispation contagieuse, de délire inexplicable, d’aveuglement incompréhensible, outrage déraisonnablement les Français sapés par les errements judiciaires…
Je réponds à cette dame qui accumule affirmations fumeuses et approximations infondées que son attitude est une offense à l’intelligence de ceux qui essaient de voir derrière les apparences et de comprendre la raison des agissements de certains.
La scission qu’elle essaie d’introduire entre émotion et raison, son découragement apparent devant la houle provoquée par cette affaire, m’interrogent à mon tour.
Nous sommes encore en démocratie et personne ne songe à lui parasiter cette liberté d’expression qui nous est si chère à tous, je cherche juste à comprendre pourquoi quelqu’un s’oppose aux évidences qui touchent le cœur et l’esprit avec l’objectif de réveiller des consciences endommagées par l’émotion…
Pourquoi désolidariser l’émotion de la raison ?
Encore un post sur Sarah Halimi, me direz- vous…
Seul le temps baissera le feu sous le lait qui déborde, mais la cicatrice restera à jamais sanguinolente…
Et je réclame le droit à l’émotion.
Que cette journée signe enfin le début d’un printemps aux effluves de jonquilles d’or…
Je vous embrasse
Voici le texte initial
Aline Le Bail Kremer (repris par Evelyn Askolovitch, semble-t-il)
« Je pense souvent à Sarah Halimi. Son calvaire. Son procès qui n’aura pas lieu. Les cours de justice sont des poissons froids techniques. C’est douloureux, parfois. (Souvent). Et même injuste. Le moindre doute bénéficiera à la défense. Ainsi que la justice ne peut, en l’état du droit, juger un tel prévenu. Faudrait-il que cela change ? Je n’ai absolument pas les compétences suffisantes pour répondre avec certitude à cette question, au-delà d’un simple avis dont tout le monde se fout. L’arrêté de la Cour de cassation est violent à recevoir pour la famille de Madame Sarah Halimi, en premier lieu. Et avant tout. Ça, j’en suis certaine. Et on se doit de les entourer. Pour ce qui est en revanche de l’avalanche et surenchère de posts, intervention de plateaux, textes, tweets et retweets hurlant au permis officiel de tuer des Juifs en France, à l’impunité des crimes antisémites dans ce pays, les raccourcis débiles sur prise de drogue et licence d’assassiner, les comparaisons lapidaires avec Nuremberg, les blagues douteuses sur nazis et cannabis, les renvois à un dossier du meurtre d’un chien, les grandes envolées sur le déni et/ou la complicité des autorités de ce pays face et avec les islamistes, les flics qui laisseraient faire les terroristes volontairement, les appels à jeter au feu les psychiatres, etc., deviennent tout simplement écœurants. Sommes-nous sérieux ? Si nous pensons sincèrement qu’un permis de tuer les Juifs vient d’être accordé dans un pays qui serait à la botte de l’idéologie terroriste, qu’est-ce qu’on fout encore tous sur twitter et Facebook, derrière micros, caméras, claviers lisses et habituels ? Oui, il y a de l’antisémitisme, des antisémites, des islamistes en France. Beaucoup trop. Et nous devons le et les combattre sans relâche, cela tue. Mais non, l’Etat en France (en vigueur, et à ce stade) n’est pas antisémite (même s’il y en a sûrement dedans), ni soutien des terroristes. Et l’institution judiciaire non plus (même s’il y en a sûrement aussi dedans, de l’antisémitisme). Mais non encore, l’arrêt de la Cour de cassation ne dit pas qu’un joint excuse le meurtre d’une femme juive. Non, le meurtrier n’est pas libre, mais bouclé pour des années dans une unité d’HP ultra sécurisée qui ne ressemble pas du tout, mais alors pas du tout, à un lieu de villégiature. Non, la Cour de cassation n’est pas un repère d’« islamogauchistes ». Et non et non, nous ne sommes pas en 42. Ce n’est pas vrai. Les Anielewicz et Peshmerga de salons digitaux sont affligeants. Et n’aident absolument personne. Désolée mais la mémoire de Sarah Halimi, et ses proches, méritent mieux. »
© Michèle Chabelski
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