Michèle Chabelski. C’est quand le bonheur

Bon Mercredi

   Un désert ce matin…

     Un palmier rabougri

     Un chameau malingre

     Une grappe de neurones desséchés

   Du sable et des cailloux…

     Un reg dans la calebasse…

   L’oasis est encore distante, les chameliers traînent leurs babouches dans ma tête, en suçant des dattes sucrées, on entend au loin l’appel du muezzin …

  Le Sahara dans le crâne, ce matin…

   L’absence de stimulation intellectuelle conduit à s’observer le nombril au microscope, oupsss…

   Un neurone s’est détaché de la grappe et cogne aux parois du crâne, il tambourine, tempête, help !!

  Donnez-moi madame s’il vous plaît du gazolin pour mon shopper

  Chantait William Sheller

Donnez-moi des graines d’orge, d’avoine ou de chanvre… comme à un piaf affamé…

   Donnez-moi un film, une expo, une pièce…

   Ouvrez-moi les pages d’un glossaire où ne figurent pas que les mots vaccins, tests et hôpital…

  Montrez-moi des nez, des bouches, des sourires…

  Donnez-moi des espaces de bousculade qui ne me mettent pas en danger…

  Donnez-moi des restos, des cafés, des garçons revêches et des erreurs d’addition…

   Donnez-moi des steaks trop cuits, des poissons trop crus et des notes trop salées…

  Donnez-moi des écoles, des facs, des concours qui tordent le ventre et des diplômes qui gonflent le cœur…

  Donnez-moi des verres partagés, des assiettes humées je peux goûter ?

   Donnez-moi des humains dont je ne guette pas l’état sanitaire en entendant une quinte de toux…

   Donnez-moi des plages, des piques niques, des rires, des étreintes, des peaux, des odeurs, du soleil, du rosé glacé et des pizzas brûlantes…

    Comme on envoie une cacahuète à une bestiole encagée, ma mémoire m’envoie des images de discussions enflammées, de ragots acides, d’œillades complices, de rires explosifs, de musique enchantée, de …

   De vie, quoi…

   Laissez le sable et les chameaux regagner leurs pénates, moi je veux du bruit, des pétarades, du macadam, des bagnoles, des lumières, des boutiques, des avions …

   La vie, quoi…

    Que cette journée signe la patience qui s’émousse parfois aux aspérités du vide…

   Je vous embrasse

© Michèle Chabelski

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