Les dossiers « noirs » s’accumulent, ces derniers temps, autour de l’École française originale de Sciences-politiques, née à l’issue de la crise de 1870 et depuis, devenue un Bastion du débat laïc ou républicain. On ne peut minorer le fait qu’elle est le tremplin vers l’ensemble des Grandes Écoles à vocation de direction du pays, de l’ENA à l’Administration Sanitaire et Sociale ou aux journalistes qui seront les leaders d’opinion de demain. Elle offre donc un panorama sur le devenir du pays aux mains de ses « élites », tout en innovant dans sa volonté d’ouverture à l’étranger et à l’égalité des chances.
Or, ce pilier de la République est plutôt devenu l’objet du « scandale » dans son acception plurielle, qu’on en juge :
— Summum dans l’indice de décadence civilisationnelle, sa direction a été accusée de pédophilie dans un ouvrage familial dénonciateur. Elle doit intégralement être changée, comme purifiée de tout soupçon. Or, les Mandarins veillent pour ne point perdre leurs prérogatives ;
— Sont venues s’ajouter des accusations répétées de viol contre des étudiantes, cette arène de l’excellence marquée du quolibet de « sciences-porcs » comme le signe de Caïn au milieu du fronton. Il semblerait alors que la nomination d’une femme « quelle qu’elle soit » devienne absolument nécessaire pour gommer ou, au moins maquiller superficiellement l’outrage ;
— On y a vu s’imposer l’écriture inclusive controversée, pour l’obtention d’un demi-point supplémentaire aux examens, alors qu’elle s’oppose aux règles de grammaire admises et frise l’aberration ;
— Des groupes « racisés », certes encore minoritaires, et donc optant pour une relative discrétion tactique, creusent leur sillon en imposant leur sens du « débat » en milieu fermé et exclusif. Ils ne craignent pas de dénoncer comme impérialiste et donc « raciste » par définition, tout ce qui se passe en dehors de leur imprimatur sectaire, totalitaire, par emprise sur leurs membres et leur environnement.
— C’est alors que le conseil des étudiants de l’IEP de Strasbourg se ravise devant l’enjeu fort de nommer un amphithéâtre au nom du martyr des enseignants anti-djihad, Samuel Paty, pour faire la part belle à l’avocate Gisèle Halimi, qui avait, certes, un certain sens de la Justice, mais a joué les porteuses de valise décoloniales, avant de prendre fait et cause pour le terrorisme palestinien façon Jean-Sol Parte. Là encore, dira-t-on, il n’y a pas « de fumée sans feu » dans le jeu des associations d’idées (à la sauce islamo-gauchiste) et des bonnes causes qui vont si bien ensemble, et droit au cœur des « élites » ;
— Puis c’est le temps de se fabriquer une succession clés-en-main, après la révélation des forfaitures d’Olivier Duhamel. Par déduction des points précédents, on comprend (mais un peu tard) que, très vraisemblablement, les caractéristiques du favori (ou de la) seront féminines, à gauche, et plutôt en empathie avec les « causes » des damnés de la terre, dont, en pôle-position « l’Islam, parangon des opprimés et des « colonisés », même si les Barbaresques (razzias, piraterie esclavagiste) ne sont « teintes que fort tard dans l’histoire et qu’il fallût la campagne française en Algérie (entre autres) pour commencer d’y mettre un terme… Sort alors de la grande roue de la fortune le nom de la politiste Nonna Mayer, très en vogue sur les thèmes de « l’islamophobie », des luttes de genre et de race… et non le bien plus tempéré Pascal Perrineau, par exemple.
L’affaire assez « spectaculaire » des tags antisémites et pro-islamistes peints sur les murs d’entrée durant la nuit du 12 au 13 avril est grave : « Mort à Israël », « École de Khouffars » (mécréants, infidèles) et ces vains slogans viennent comme rafraîchir tous ces enjeux qui se trament derrière la façade.
Chez les extrémistes de tous bords, « Israël » (ou les Juifs) représente l’élite par excellence (le « peuple élu » tant de fois maudit pour ce titre), mais aussi l’influence « tentaculaire » d’un sinistre « lobby » manipulant les hommes de pouvoir pour les faire incliner en son sens, au nom d’une infime minorité. Quant aux « infidèles », le message est assez transparent, à une époque où la France dit s’opposer au « Séparatisme » dont la version la plus radicale s’appelle « Islam politique », ennemi par excellence de l’école qui dit en fonder « les sciences ».
C’est ainsi que l’on apprend que renoncer au défi de désigner « Samuel Paty » un seul au moins des nombreux amphithéâtres de Capitale et provinces accueillant des antennes décentralisées, se paie au moins deux fois, et n’exonère pas d’être stigmatisé par l’épithète de « Khouffars ».
Ironie encore, d’avoir fait la courte échelle aux ressortissants des banlieues défavorisées (en 2001) pour devenir le lit de Procuste (qui coupait les membres trop grands des voyageurs) des causes minoritaires, au risque de flirter dans le sectarisme ou l’islamisme…
Sciences-po devient ainsi le haut-lieu ou « symbolisateur nodal » de tous les malaises actuels de la Francitude, au bord de l’effondrement ou d’entrée en dhimmitude, qui ne ressent pas le courage de se relever face à l’adversité, après l’horrible meurtre de l’enseignant Samuel Paty.
Car c’est tout l’univers de la transmission des valeurs qui, ce jour-là, a été menacé et pris à la gorge. Ni les amphithéâtres, ni les collèges et lycées ne se sont emparés de cette ligne vitale… MB♦
Marc Brzustowski
Source: M@batim Regards juifs de Versailles 13 avril 2021
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