L’élection au poste de Grand rabbin de France se déroulera le 6 juin prochain.
3 candidatures ont été révélées. Haim Korsia actuel Grand rabbin de France, Mikael Journo, rabbin de la communauté de chasseloup Laubat et Laurent Chalom Berros, rabbin de la communauté de Sarcelles.
Tribune Juive publiera les entretiens respectifs des 3 candidats.
Voici l’entretien que le Rabbin Mickael Journo a réservé a Sylvie Bensaid.
Tribune Juive : Mikael Journo vous êtes rabbin de la communauté de Chasseloup- Laubat à Paris et aumônier général israélite des Hôpitaux de France, secrétaire général de l’association des Rabbins français… Parlez-nous de votre parcours ?
Mikael Journo : La vocation de rabbin s’est très tôt imposée à moi. Dès l’obtention de mon diplôme, j’ai souhaité exercé au sein de communautés de différentes tailles, en province, en banlieue, puis à Paris. Au contact de ces fidèles, j’ai appris mon métier avec humilité.
Pendant dix ans, j’ai également été conseiller du grand rabbin de Paris et secrétaire général des rabbins français, ce qui m’a permis d’intégrer et de comprendre la gestion des dossiers et d’y côtoyer l’ensemble des acteurs qui composent la Communauté.
Je me considère comme un Rabbin de terrain. Je m’épanouis dans le service des autres. Mais comme mes parents enseignants, j’ai le goût de la transmission et de l’apprentissage. Comprendre le monde au tamis de la Thora et questionner le rapport du judaïsme à l’humanité, qui est d’ailleurs le sujet de mon livre, qui vient de paraitre.
Tribune Juive : On vous suit très régulièrement sur les réseaux sociaux, vous êtes très actif et dynamique ouvert sur la société.
Mikael Journo : Je suis un Rabbin qui cherche à se connecter à ses fidèles par tous les moyens, y compris ceux que nous offre la société moderne. J’ai compris tôt l’importance de ces nouveaux modes de communication. Au tout début des chaînes Youtube, j’ai fait partie des premiers rabbins à enregistrer des commentaires de pensée juive pour enseigner et transmettre le judaïsme avec une forme moderne et nouvelle. C’est cela la force d’un rabbin : pouvoir lire le matin des textes anciens dans un parchemin et quelques heures plus tard transmettre des apprentissages online ! On le voit aussi à Pessah : la thora s’adresse à tous les enfants d’Israël, absolument tout le monde est invité à notre table . Il faut retrouver ces fondamentaux de l’amour de l’autre et du prochain, je suis amoureux de mon peuple , y compris de ceux qui ne sont pas comme moi. C’est ce que j’appelle dans mon programme « le judaïsme du cœur ».
Tribune Juive : Pourquoi briquez-vous le poste de Grand Rabbin de France ?
Mikael Journo : Parce que notre communauté a besoin d’un nouveau souffle. Elle a besoin d’un judaïsme d’actions. Elle a besoin que l’on se soucie d’elle et pas seulement de sa réprésentation. Le Covid a amplifié les inégalités, l’isolement, la violence, et cela a forcément des répercussions sur nous. Je l’ai constaté chaque jour lors des heures que j’ai passé aux côtés des rabbins, des présidents, des administrateurs que j’ai pu cotoyer, et à qui je tiens à rendre hommage pour leur implication. Notre Communauté a également besoin que l’on arrête de se cacher derrière le sacré des textes pour ne pas confronter le judaïsme aux questions que nous pose la société moderne : la place des femmes dans les synagogues, l’écologie, la place des enfants. Je veux que l’on retrouve un judaïsme du quotidien.
Tribune Juive : Seriez-vous un Grand rabbin représentatif de la communauté dans toutes ses sensibilités ?
Mikael Journo : Bien entendu ! Le Grand Rabbin de France est le représentant du judaïsme français auprès des pouvoirs publics, de la société française, mais il l’est d’abord des juifs de toutes les sensibilités. A cette fonction, je ne rejetterai personne : qu’il soit libéral, orthodoxe, traditionnel, loubavitch ou autre. Mon rôle sera d’inclure et certainement pas d’exclure. Je m’adresserai à toutes les obédiences, à toutes les mouvances du judaïsme. C’est ça aussi la richesse du judaïsme : chacun agit de façon différente et la vocation d’ouverture de main tendu à l’autre doit primer et je m’y attellerai chaque fois que j’en aurais l’occasion.
Tribune Juive : Etes-vous prêt à porter la voix du judaïsme français dans la période difficile que nous traversons ?
Mikael Journo : C’est aujourd’hui plus que jamais que les juifs de France ont besoin que leur Grand Rabbin s’adresse à eux. Qu’il représente une main tendue. Qu’il exprime un message clair. L’an passé, face à la situation sanitaire, nous avons parfois été confus. Nous nous sommes trop souvent crus au-dessus des lois. Dès mars dernier, j’ai appelé la communauté à la plus grande vigilance et adressé un courrier aux présidents et rabbins de communauté pour leur faire part de la gravité de la situation sanitaire. L’urgence était de tout mettre en œuvre pour sauver la vie des gens et ça n’a pas changé. Pour ça, tous les moyens sont bons. Depuis toujours, le judaïsme se transmet par la parole. Rien n’est figé. Pas même l’avenir, si vous voyez ce que je veux dire…
Sylvie Bensaid
Poster un Commentaire