Bon
Jeudi
Yom Hashoah
Journée du souvenir et d’hommage aux 6 millions de juifs assassinés parce que juifs…
Lecture des noms des déportés jetés dans des trains qui les conduisaient à Auschwitz et vers d’autres camps de la mort…
76000 juifs déportés de France
11400 enfants
2600 sont revenus
Des chiffres…
Un peuple anéanti, foudroyé, brisé…
Nos enfants sont les derniers à avoir côtoyé des rescapés à la voix blanche et au regard vide quand ils parvenaient à mettre en mots ce voyage au bout de l’enfer…
Nous avons entendu ces récits du triage au petit matin blême quand, sortis des wagons à bestiaux, les nazis ne retenant pas leurs chiens cannibales, les déportés étaient conduits vers les chambres à gaz …
Qui a entendu les sanglots de cette grand-mère racontant la main de l’enfant arrachée à sa paume glacée d’un coup de crosse nazi…
Qui a entendu les cris de ce père racontant l’enfant jetée en l’air puis tirée comme un pigeon au ball trap…
Les souvenirs envahissent ma mémoire, mes rescapés à moi sont partis…
Alors cette journée de lecture des noms des suppliciés est là pour nous rappeler que l’humanité déshumanisée peut dépasser en cruauté, en barbarie, en monstruosité les bêtes les plus féroces qui tuent, elles, pour se nourrir…
Des humain tuent pour rien.
Cette journée de lecture des noms nous rappelle à notre devoir de transmission d’un morceau d’Histoire de notre peuple décimé dans une apocalypse meurtrière qui dit l’homme sanguinaire, impitoyable, créature du mal aux mains du diable…
Transmettre…
Raconter.
Car le sang sèche vite en entrant dans l’Histoire…
Cette abomination se lira bientôt dans les livres d’Histoire entre la guerre des tranchées et la guerre d’Algérie…
Et ne sera qu’un chapitre à apprendre par cœur pour des mômes privés quelques minutes d’un jeu vidéo…
Mais nous portons, nous, cette balafre dans nos gènes, un mort à la guerre est un mort de trop, mais 6 millions de morts sans combat, qu’est-ce ?
La communauté juive pleure ses morts…
J’étais tentée de dire ashkénaze, mais il y eut aussi des séfarades.
Et d’autres bien sûr.
Mais comment expliquer que nous soyons parfois construits de traviole si on ne connaît pas ce lambeau de malheur encore accroché à notre âme ?
La guerre c’est le combat de gens qui ne se connaissent pas au profit de gens qui se connaissent mais ne se battent pas…
On a ce tous accroché cet aphorisme au- dessus de notre lit.
Mais un génocide c’est le massacre de gens assassinés sans enjeu, sans bout de terre à défendre, sans autre idéologie que celle d’un monstre assoiffé de sang …
Ne pas oublier de transmettre…
6 millions de parents, de grands parents, de bambins…
Des humains, quoi…
Je vous embrasse
© Michèle Chabelski
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