Flambeaux de la mémoire Yom Hashoah 2021
Chaque année, six rescapés de la Shoah sont sélectionnés par Yad Vashem pour allumer six flambeaux, en mémoire des six millions de Juifs assassinés pendant la Shoah. Leurs histoires personnelles font écho au thème central choisi par Yad Vashem pour cette Journée du souvenir. Leurs parcours individuels seront retracés par le biais de 6 courts métrages, diffusés pendant la cérémonie.
Shmuel Naar
Shmuel Naar naît en 1924 en Grèce, dans une famille nombreuse. Au printemps 1941, les Allemands occupent Thessalonique. Son père, brutalement battu, décède des suites de ses blessures. Début 1942, les Juifs de la ville sont confinés dans le ghetto du Baron Hirsch et en mars 1943, déportés, principalement à Auschwitz. Shmuel est violemment séparé de sa mère. Lorsqu’il demande aux anciens du camp où sont ses proches, on lui montre la fumée des crématoires. En janvier 1945, il est contraint à une marche de la mort, sous la pluie et la neige, vêtu d’une seule chemise. Au camp de Bergen-Belsen, l’attendent la faim et les corps entassés des morts du typhus, jusqu’à la libération en avril 1945 par l’armée britannique. De retour en Grèce, il découvre que toute sa famille a été assassinée pendant la Shoah. En novembre 1945, le navire d’immigrants illégaux Berl Katzenelson pour Eretz Israël sur lequel il a embarqué est intercepté par les Britanniques. Pour éviter les camps de détention, Shmuel saute dans l’eau glacée et nage jusqu’au rivage. Il combattra en tant que soldat Givati lors de la guerre d’indépendance puis dans toutes les guerres d’Israël jusqu’à celle de Kippour, comme médecin militaire. Shmuel et Miriam ont 3 enfants, 10 petits-enfants et 11 arrière-petits-enfants.
Zehava Gealel
Zehava Gealel naît en 1935 à La Haye, aux Pays-Bas, la cadette des trois enfants de Jocheved et Zeev Stahl. La famille possède un magasin de produits laitiers casher. En 1942, 2 ans après la conquête des Pays-Bas, Zeev affirme que ses enfants ont une maladie contagieuse. Comprenant la situation, le médecin confirme les faits aux Allemands. Les enfants et Jocheved échappent à la déportation, mais Zeev est assassiné à Auschwitz. Fin 1942, Zehava et sa famille sont envoyés au camp de Westerbork, puis en mai 1943, à celui d’Amersfoort. En avril 1944, ils sont transférés au camp de concentration de Ravensbrück en Allemagne. « La peur était si grande qu’aucun enfant ne pleurait, même dans les conditions les plus difficiles », raconte Zehava. Alors que Jocheved est envoyée aux travaux forcés, elle s’occupe de son petit frère Josi, 3 ans. A l’hiver 1944-1945, ils sont conduits au camp de concentration de Bergen-Belsen. Zehava et sa mère ramassent et à empilent des cadavres pour une tranche de pain supplémentaire. Ils survivront malgré la maladie et la famine, jusqu’à la libération en avril 1945. En mars 1948, Zehava immigre en Eretz Israël, devient infirmière, travaillent pour plusieurs hôpitaux et auprès du président israélien Yitzhak Ben-Zvi. Marié à Abraham, elle a perdu 2 de ses 3 enfants : David pendant son service de réserve et Zeev d’une crise cardiaque.
Yossi Chen
Yossi Chen naît en 1936 à Łachwa, Pologne (Biélorussie actuelle), fils aîné de Dov Berl et Chaya Sara Chinitz. La veille de Pessah 1942, les Juifs sont enfermés dans le ghetto de la ville, sous occupation allemande depuis juillet 1941. Beaucoup y meurent de faim, surpopulation, épidémies, dont la grand-mère de Yossi. Dès août 1942, les jeunes apprennent la liquidation des ghettos voisins et organisent leur résistance avec le soutien du Judenrat [conseil juif du ghetto]. Quand les Allemands rassemblent la population, un soulèvement éclate ; le Judenrat encourage les Juifs à fuir vers les forêts, mais la majorité est abattue. Au milieu du tumulte, Yossi, 6 ans, s’enfuit dans les bois. Sa mère et son frère cadet, Moshe, sont assassinés. Le lendemain, il retrouve son père. Alors qu’ils tentent de rejoindre les partisans, son oncle est tué par balle : le pire moment dont Yossi se souvient. Fin 1943, les Allemands et leurs collaborateurs lancent une chasse à l’homme contre les partisans. Yossi et son père se déplacent à pied, en traîneaux, affamés et gelés, chaussés de sangles en peau de vache. Yossi tombe malade, mais survit. En juillet 1944, l’Armée rouge libère la zone. Après un séjour dans un camp de personnes déplacées, Yossi et son père embarquent sur l’Exodus. Ils rallieront finalement Israël en août 1948. Yossi s’illustrera dans le Renseignement de Tsahal et le Mossad. Marié à Nechama, il a 3 filles et 9 petits-enfants.
Halina Friedman
Halina Friedman naît à Lodz en 1933, fille unique de Wolf et Anna Herling, marchands prospères. Quand les Allemands envahissent la Pologne, Anna coud une somme d’argent dans la robe de sa fille et la famille part à Varsovie. Ils se retrouvent dans le ghetto, avec la sœur d’Anna. Halina se souvient encore des cadavres allongés sur le sol. Un jour, pendant la grande Aktion de l’été 1942, les enfants sont transportés à proximité et abattus par mitrailleuse. Halina tombe, sans être blessée, parmi des dizaines d’enfants morts, sentant qu’elle ne doit pas bouger. La nuit tombée, elle rentre chez elle. A la veille de Pessah 1943, éclate le soulèvement du ghetto de Varsovie. Grâce à un jeune Polonais Jerzy Koźmiński qui a soudoyé un SS, la famille sort du ghetto deux par deux, dans le coffre d’une voiture. Les deux derniers à partir, Anna et Wolf, sont dénoncés et arrêtés. Wolf s’échappe, mais Anna meurt à Auschwitz. Pendant 18 mois, Halina et ses proches sont cachés chez Jerzy et sa belle-mère, en proie à la faim et aux bombardements. La ville sera libérée en janvier 1945 par l’Armée rouge. En 1950, Halina immigre en Israël et s’illustre dans l’humanitaire et l’aide aux soldats handicapés de Tsahal. Avec son mari Abraham rescapé de la Shoah, elle a eu 3 enfants, 7 petits-enfants et 5 arrière-petits-enfants.
Sara Fishman
Sara Fishman (née Berkovich) voit le jour en 1927 en Tchécoslovaquie (Ukraine actuelle), dans une famille hassidique de 10 personnes. En avril 1944, les premiers ghettos sont établis. Son père l’envoie avec ses deux sœurs aînées, Hinda et Rivka, chez des parents en Hongrie. Arrêtées, elles passent par les ghettos de Halmi et de Nagyszőllős, avant d’être déportées à Auschwitz. Elles y retrouvent leur sœur cadette Pnina. Hinda, malade, est transportée à l’infirmerie. Elle n’en reviendra pas. Au cours d’une sélection, Sara est envoyée en travaux forcés à l’extérieur d’Auschwitz, dans une usine d’armement d’une mine de sel de Bendorf, puis transférée à Bergen-Belsen. Trois mois plus tard, elle est jetée dans un wagon pour un voyage de 3 semaines sans destination. Parfois, les gardes font descendre certaines femmes, on entend des coups deux, et le train repart. Enfin, le convoi s’arrête dans une zone boisée. Leurs gardes allemands ont disparu : les prisonniers sont libres. Sara part en Suède en réhabilitation, pendant six mois. Elle apprend que Pnina et Rivka ont survécu à Auschwitz et rentre en Tchécoslovaquie. Elles sont les trois seules survivantes de la famille. Sara se forme au maniement des armes. Début 1949, elle immigre en Israël, sert dans l’armée israélienne pendant la guerre d’indépendance, puis crée une prospère entreprise de tricot. Avec son mari Yoël, elle a eu 2 enfants, 5 petits-enfants et 5 arrière-petits-enfants.
Manya Bigunov
Manya Bigunov naît en 1927 à Teplyk en Ukraine, benjamine des trois enfants de Nahum et Frima. En juillet 1941, la ville est occupée par les Allemands. Manya et sa mère, comme d’autres habitants, sont réquisitionnées pour les travaux forcés. Le 27 mai 1942, avec d’autres travailleurs, elles sont arrêtées et chargées dans des camions. Poussée contre un muret, Manya reste inconsciente sur le sol pendant que les camions se dirigent vers la forêt voisine, où tous les passagers sont abattus, dont Frima. Après avoir repris connaissance, Manya passe par différents camps de travail avant de s’échapper et de rentrer à Teplyk. En septembre 1942, elle arrive au ghetto de Bershad en Transnistrie, soumise à la faim, au froid, au typhus. En 1943, son père la rejoint, mais meurt de maladie en février 1944, trois semaines avant l’arrivée de l’Armée rouge. Après la libération, Manya retrouve son frère et sa sœur à Teplyk et épouse Naftoli Bigun, un soldat de l’Armée rouge, qui meurt en 1961 à 39 ans. En 1992, elle immigre en Israël avec sa fille et ses deux petites-filles. Elle a œuvré sa vie durant à préserver la mémoire des Juifs de Teplyk assassinés dans la Shoah.
Source: yadvashem.org
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