Extrait de la semaine
La semaine dernière nous avons parlé de la place qu’occupe Jérusalem dans l’âme juive et évoqué le dénigrement de ce lien par des institutions telles que l’UNESCO. Nous vous laissons juges de ce qui motive ce dénigrement dans le chapitre qui suit.
L’antisémitisme
L’antisémitisme a longtemps été perçu comme inexplicable ou aberrant. Alors que les symptômes qu’il présente permettent d’en établir un diagnostic précis. Ou plutôt, un bilan clinique. Car l’antisémitisme est une maladie.
1. Freud le considère primordialement comme une affection mentale de caractère obsessionnel. L’antisémite opère une fixation sur le Juif, lui consacrant une attention excessive. Dont l’une des manifestations les plus récentes est l’intérêt disproportionné des médias pour le sujet israélo-palestinien par rapport à d’autres crises et conflits de par le monde, selon le fameux adage : Jews is news.
2. A ce comportement névrotique, Freud ajoute l’acte psychique par lequel la société opère une projection de sa propre culpabilité, et de sa libido, sur les Juifs. Prolongement du syndrome du peuple ‘déicide’, le transfert actuel résulte d’un certain Malaise dans la civilisation (sic). Il émane de sentiments post-traumatiques tels ceux advenus bien après Freud, dans l’après-coup de la Shoah et de l’ère colonialiste, auxquels l’Europe a réagi par un processus usuel de refoulement.
3. Dans ses Réflexions sur la question juive, Sartre rejoint l’analyse freudienne en insistant sur le fait que, dans sa dimension libidineuse, l’antisémitisme exprime avant tout une haine de soi ou auto-détestation plutôt que la haine de l’autre qui caractérise le racisme classique. Il est à noter que les Juifs ne sont pas exempts de ce trouble de l’auto-détestation qui, dans le cas du ‘Juif honteux’, s’accompagne de complexes de nature œdipienne.
4. Que l’antisémitisme soit classé à part des autres formes de racisme constitue une discrimination en soi. C’est un journaliste allemand, Wilhelm Marr, qui inventa le terme ‘Antisemitismus’ en 1879, lors de la fondation d’une « ligue antisémite » annonciatrice du nazisme. L’emploi de ce mot nouveau indique un tournant dans l’histoire de la judéophobie (terme plus récent encore). L’antijudaïsme traditionnel, qui était essentiellement de caractère culturel et religieux, va dès lors s’enrichir de fondements pseudo-scientifiques sous-tendant une doctrine raciale, ainsi que de connotations socio-politiques inédites.
5. Avec la publication des Protocoles des sages de Sion (1903), le grand classique de la littérature antisémite ‘divulguant’ l’existence d’une conspiration des Juifs pour s’emparer du globe, le Juif s’avère puissant, expansionniste, ‘dominateur’ (dira le général De Gaulle en 1967). Ce qui distingue l’antisémitisme du racisme courant, c’est que le Juif soit dépeint comme ‘supérieur’, ‘malin’, ‘intelligent’, alors que le Noir et l’Arabe, même si considérés comme dangereux eux aussi, se voient classés comme ‘inférieurs’ ou ‘primitifs’.
6. La nouvelle terminologie qui voit le jour abandonne le lexique religieux. Elle innove. Mais le but reste le même : diaboliser l’autre pour s’innocenter soi-même. Se décharger du poids du pêché. Se soulager d’une mauvaise conscience endémique. C’est la raison pour laquelle le Juif est ‘mis à toutes les sauces’. Tour à tour bolchévique, impérialiste, anarchiste, capitaliste, franc-maçon, révisionniste, il endosse la hantise du moment.
7. Les mesures prises contre les Juifs ont également évolué avec le temps, du moins en Europe. Le ghetto, le numerus clausus, les interdictions et sanctions de toutes sortes sont tombés petit à petit en désuétude. La haine du Juif s’est modernisée. De nos jours, elle se manifeste principalement à travers les médias et les réseaux sociaux. Et, afin d’échapper à toute pénalité judiciaire ou morale, elle porte de nouveaux noms et prend de nouvelles formes. Plus personne, ou presque, n’est aujourd’hui ouvertement ‘antisémite’. L’antisémitisme traditionnel est démodé. Il fait ringard.
8. Mais surtout, il est puni par la loi. Les efforts juridiques entrepris pour en contrecarrer les méfaits et en interdire toute forme d’expression se font de plus en plus sévères et efficaces. Le racisme et l’antisémitisme n’ont jamais été autant combattus que depuis le début du XXIe siècle. Les pays européens, qui sont à la tête de ce combat, mènent également des campagnes civiques et éducatives afin d’endiguer toute recrudescence de la ‘bête immonde’. Qui pointe à nouveau le nez.
9. Dans les années qui suivirent la Shoah, un silence trompeur donna l’espoir que ‘cela ne se produirait plus jamais’. Or depuis quelques années, la Shoah ne cesse d’être banalisée, minimisée, voire niée. Alors que, dans le même temps, une importation cynique et concertée du problème israélo-palestinien, tout en propageant les tensions dont il est porteur plutôt que de chercher à les apaiser, déverse sa bile sur Israël et s’efforce d’en faire le ‘Juif’ des nations. A cela s’ajoute une conjoncture économique pour le moins instable, dont on sait qu’elle s’accompagne infailliblement de poussées de racisme, d’antisémitisme, et de la montée des extrémismes. Partis ultranationalistes et mouvements islamistes radicaux jouissent d’un soutien croissant qui n’est pas sans inquiéter les tenants de la démocratie. Et pour cause, l’antisémitisme est un dangereux outil politique et de propagande qui a fait ses preuves.
10. De tous temps, il s’est trouvé des hommes et des femmes pour prendre la défense des victimes de l’antisémitisme, voire les protéger au péril de leur propre vie. S’ils l’ont fait, ce n’est pas uniquement par compassion. Mais afin de préserver leur propre dignité.
Aujourd’hui, force est de constater que la menace demeure. Mais aussi que nombre de pays se dotent des moyens de l’affronter. Et offrent à leurs ressortissants une panoplie d’outils juridiques, médiatiques, pédagogiques, techniques, pour les aider à la combattre.
A nous d’en faire bon usage ! C’est ce que vous découvrirez dans les prochains épisodes consacrés aux menaces actuelles et surtout à comment y faire face. Inclus au niveau personnel.
© Raphaël Jerusalmy
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Diplômé de l’Ecole Normale Supérieure, Raphaël Jerusalmy a fait carrière au sein des services de renseignements militaires israéliens avant de mener des actions humanitaires puis de devenir Marchand de Livres anciens à Tel-Aviv. Il est aujourd’hui écrivain, auteur de plusieurs romans publiés chez Acte Sud. Il est également expert sur la chaîne de télévision i24news.
« Le racisme et l’antisémitisme n’ont jamais été autant combattus que depuis le début du vingt et unième siècle. » C’est précisément tout l’inverse : le fait que le racisme anti-blancs soit tabou annihile cette assertion. Le nouvel antisémitisme n’est pas vraiment nommé non plus. Les activistes racistes et antisémites comme les antisémites deviennent même des stars médiatiquesn. Il est évident que l’on vit le siècle du « racisme mondialisé, de la haine sans frontières » (la formule n’est pas de moi mais elle est trop juste pour ne pas la citer).
les activistes racistes et antisémites comme les indigénistes
L’antisémitisme n’est pas une fatalité.
Après avoir lu consciencieusement le livre bleu de Raphaël Jérusalmy, un être doué de bon sens félicitera l’auteur pour sa justesse de vue et ses explications claires.
Rappelons-nous la devise énoncée par Theodor Herzl au Congrès juif mondial de son époque évoquant un Etat Juif : « si vous le voulez, ce n’est point une légende ».
En hébreu : « imm tirtsou, ein zou agada ».
De même, l’antisémitisme n’est pas une fatalité. Il sera vaincu par l’image qu’Israël et le peuple juif sauront donner d’eux-même.