30 mars 1950 Décès de Léon Blum à Jouy-en-Josas
Sa famille :
Du côté paternel, est originaire de Westhoffen, localité du canton de Hochfelden (Bas-Rhin) qui fut autrefois un centre juif assez important.
Dans le Dénombrement général des juifs qui sont tolérés en la province d’Alsace en exécution des lettres patentes de Sa Majesté en forme de Règlement du 10 juillet 1784, sous le matricule 4-, figure la famille Baruch Abraham dont le petit-fils prit, en 1808, lorsque les juifs français furent dans l’obligation de prendre un nom propre, le nom de Moïse Blum. Léon Blum en est le descendant.
Du côté maternel, les Picart sont originaires de Ribeauvillé, où on retrouve en 1747 un Picart Salomon, l’un des aïeux de Marie Picart, épouse d’Abraham Blum, père de Léon Blum. Ce dernier vint se fixer à, Paris aux environs de 1848.
Leon Blum est le second fils d’Abraham Blum, né le 22 juillet 1831 à Westhoffen (Bas-Rhin), qui tient un commerce prospère de rubans et soieries, et d’Adèle Marie Alice Picart, née le 7 novembre 1841 à Paris, dans l’ancien 6e arrondissement, tous deux de religion juive. Ils se marient le 4 mars 1869 dans le 1er arrondissement de Paris. Ils habitent au-dessus du magasin au 243, rue Saint-Denis (2e arrondissement), où André Léon Blum naît le 9 avril 1872. Il a un frère aîné, Lucien, né en 1871, et aura trois cadets : Marcel (1874), Georges (1876) et René (1878).
Personnellement agnostique, Leon Blum respectait la religion juive de ses parents, se sentait français et juif, et, par la suite, s’est engagé dans plusieurs mouvements sionistes.
Pour une grande partie de la population juive, Blum était un homme politique comme les autres. Mais une partie de cette population a vu d’un mauvais œil son accession au pouvoir, craignant notamment une poussée de l’antisémitisme.
Blum a très tôt souffert de l’antisémitisme. Il en est victime dès sa jeunesse, en tant que critique littéraire et défenseur de Dreyfus. Pour les antisémites, il incarne le « Juif faible », « efféminé ». En raison de son image de dandy, il fait l’objet de caricatures homophobes parfois « particulièrement obscènes ».
L’antisémitisme le frappe de plus belle dès qu’il est élu à la Chambre des députés et où ses discours commencent à remporter un grand succès.
Il est la cible de nombreuses attaques dans les quotidiens d’extrême droite. Léon Daudet, par exemple, se déchaîne contre cet « hybride ethnique et hermaphrodite » dans L’Action française du 2 septembre 1933.
Léon Blum a écrit
« Je suis né à Paris, le 9 avril 1872, écrira-t-il, Français de parents français. Ma maison natale, 151, rue Saint-Denis, existe encore et chacun peut en voir, en passant, la façade étroite et pauvre… Aussi loin qu’il est possible de remonter clans l’histoire d’une famille plus que modeste, mon ascendance est purement française. Depuis que les juifs français possèdent un état-civil, mes ancêtres paternels ont porté le nom que je porte aujourd’hui. »
Et, l’année de sa mort:
« On s’est demandé souvent s’il y a une race juive. Les savants répondront non. Mais Hitler en a donné une définition incontestable. La race juive comprend les femmes, les enfants, les hommes qu’Hitler avait condamnés à l’extermination totale. »
C’est à l’occasion de l’affaire Dreyfus que Léon Blum se lance réellement en politique. Longtemps convaincu de la culpabilité de Dreyfus, il est sceptique devant les plaidoyers de Bernard Lazare ou de Michel Bréal dont il pense qu’ils cherchent avant tout à défendre sans preuve un coreligionnaire. Finalement, Lucien Herr réussit à le convaincre qu’Alfred Dreyfus a été injustement condamné. Son rôle dans le déroulement de l’affaire est limité. Le devoir de réserve qui le lie en tant que membre du Conseil d’État ne lui permet d’agir qu’en coulisse, en donnant aux avocats de Dreyfus et de Zola des conseils juridiques. Cet engagement provoque sa rupture avec Maurice Barrès, qu’il considérait jusqu’alors comme son maître en littérature et, surtout, sa rencontre en 1897 avec Jean Jaurès, avec qui il se lie d’amitié
Léon Blum participe aux côtés de Jaurès à la fondation de L’Humanité en 1904, journal dans lequel il tient la rubrique littéraire.
En 1905, il adhère à la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO) au moment de sa création.
Ce n’est qu’un peu avant les élections législatives de 1919 que Léon Blum accède au cercle dirigeant de la SFIO. Lors du congrès d’avril 1919, Blum tente de préserver les acquis démocratiques et républicains de Jaurès et d’insuffler aux Socialistes une approche progressive de la révolution dans les domaines sociaux, économiques et politiques. C’est grâce à lui que le Parti socialiste conserve une apparence d’unité lors de ces élections. La droite l’emporte néanmoins. Blum est élu pour la première fois député de la Seine ; il démissionne alors du Conseil d’État.
C’est le dirigeant communiste Maurice Thorez qui, par des articles dans L’Humanité, appelle à la formation d’un large « Front populaire » (citant Eugen Fried, représentant de l’Internationale communiste en France), après que l’ancien chef communiste et futur collaborationniste Jacques Doriot l’ait lui aussi proposé deux années auparavant (le projet avait alors été rejeté par Moscou et Doriot exclu du PCF). Thorez présente d’ailleurs son projet quelques semaines plus tard devant la Chambre des députés. Il propose aussi d’associer à ce Front populaire les radicaux, qui étaient à l’époque liés à la droite et le parti le mieux représenté à la Chambre. Blum fut conseillé par Georges Boris
Une vague d’antisémitisme d’une très grande ampleur se manifeste déjà durant les mois qui précèdent l’arrivée de Blum au pouvoir. Celui-ci est haï et injurié comme rarement dans une vie politique française, pourtant de tous temps agitée. Charles Maurras appelle au meurtre et écrit dans L’Action française du 9 avril 1935 que Blum est « un monstre de la République démocratique… Détritus humain à traiter comme tel… un homme à fusiller, mais dans le dos »
Léon Blum condamne l’attitude du PCF face au pacte germano-soviétique, attitude qui provoque le départ d’un certain nombre de communistes qui se tournent vers la SFIO, avec l’aval de Léon Blum, mais contre l’avis d’autres socialistes. Blum se met aussi à dos une partie des socialistes en particulier Paul Faure à cause de ses positions non pacifistes.
Il est traduit devant la Cour suprême de justice (cour spécialement créée par le régime de Vichy) lors du procès de Riom mais sa défense, et celle de Daladier, est si efficace et si courageuse que le procès est suspendu sine die. Au-delà de Blum ou Daladier, ce sont les présidents du Conseil et les membres du Front populaire qui sont visés. Vichy leur reproche notamment d’être responsables de la défaite en ayant empêché le réarmement de la France par la mise en place de réformes sociales. Blum démontre avec brio que le réarmement n’a jamais été aussi intense que sous le Front populaire, au contraire des gouvernements l’ayant précédé, dont un qui eut pour ministre de la Guerre le maréchal Pétain.
Blum est transféré au fort du Portalet dans les Pyrénées, puis encore transféré par les Allemands en tant qu’otage d’État au camp de concentration nazi de Buchenwald le 31 mars 1943, dans des maisons hors de l’enceinte du camp, avec d’autres personnalités politiques, notamment Georges Mandel. Ses conditions de détention ne sont pas celles du camp voisin, et il peut épouser Jeanne Levylier (1899-1982), qui l’y a rejoint volontairement après autorisation de Pierre Laval
Léon Blum a été, tout au long de sa vie politique un sympathisant avoué du sionisme modéré et plus tard solidaire d’Israël, n’y voyant « aucun heurt possible dans sa triple qualité de Socialiste, de Français et de Juif ». Léon Blum lui-même a prononcé cet acte de foi : « Juif français, né en France d’une longue suite d’aïeux français, ne parlant que la langue de mon pays, nourri principalement de sa culture, m’étant refusé à le quitter à l’heure même où j’y courais le plus de dangers, je participe cependant à l’effort admirable miraculeusement transporté du plan du rêve au plan de la réalité historique, qui assure désormais une patrie digne, également libre à tous les Juifs qui n’ont pas eu comme moi la bonne fortune de la trouver dans leur pays natal […]. Je m’en suis toujours senti fier et j’en suis plus que jamais solidaire. »
Dès 1919, il intervient pour infléchir la position diplomatique française sur le « Foyer national juif » autorisé en Palestine par les autorités anglaises67. En 1928, en coopération avec de grands dirigeants inspirés comme Arthur Rubinstein et Edouard Bernstein, il a créé le « Comité socialiste pour la Palestine »
En 1929, il entre à l’Agence juive pour la Palestine, comme représentant de la gauche non-sioniste et exalte, devant le congrès de Zurich de cette organisation, l’esprit de peuple juif.
En hommage à sa contribution à la cause sioniste, un kibboutz de Galilée fondé en 1943, est baptisé « Kfar Blum » (le village de Blum).
Dès avant la Seconde Guerre mondiale, il avait exprimé sa fierté « en tant que Français, socialiste et Juif » que son nom soit associé à ce kibboutz.
Après 1945, il est, dans ses fonctions politiques et gouvernementales, un artisan actif de la reconnaissance d’Israël sur le plan international.
Proche de Chaim Weizmann, premier président d’Israël, il participe à la construction de l’étroite alliance diplomatique, économique, militaire et technologique qui unit la France de la IVe République et l’État israélien.
Léon Blum, 1er février 1950, dans une lettre adressée à Guy de Rothschild pour la réunion inaugurale du Fonds National Juif Unifié:
Juif français, né en France d’une longue suite d’aïeux français, ne parlant que la langue de mon pays, nourri principalement de sa culture, m’étant refusé à le quitter à l’heure où j’y courais le plus de dangers, je participe de toute mon âme à l’effort admirable miraculeusement transporté du plan du rêve au plan de la réalité historique qui assure désormais une patrie digne, égale et libre à tous les juifs qui n’ont pas eu, comme moi, la bonne fortune de la trouver dans leur pays natal.
J’ai suivi cet effort depuis que le président Weizmann me l’a fait comprendre.
Je m’en suis toujours senti et je m’en sens plus que jamais solidaire.
© Yves Sokol
Poster un Commentaire