Rachid B. Lettre à Didier Lemaire

Didier Lemaire © Bruno Coutier via AFP

Cher Monsieur,

C’est un fils d’immigrés algériens et musulmans qui tient à vous témoigner sa sympathie après le tourbillon de malentendus, mais surtout la haine et les mauvais procédés dont vous avez été et continuez d’être la cible.

Je vous prie d’accepter l’expression de ma solidarité envers votre personne et votre métier si noble de professeur.

Relire Paul Yonnet

Je suis déjà un vieux monsieur (62 ans), un « chibani », et je partage entièrement non pas votre pessimisme, mais votre constat : la France ni l’Europe ne vivent plus dans la continuité historique de leur culture et de leur civilisation. La cause est entendue, comme l’a prophétisé Spengler il y a déjà un siècle. J’étais pourtant jusqu’à il y a quelques années encore lesté d’un vague espoir de sursaut. En 1993, le sociologue Paul Yonnet essuyait une vague d’hostilité de la part des journalistes bien-pensants dont beaucoup sévissent encore aujourd’hui, après la publication de son Voyage au centre du malaise français. Il faut relire ce qu’en disaient alors les Joffrin, Szafran, Ferry, Jean-Paul Enthoven, Robert Maggiori, Colombani, Françoise Giroud, Gérard Leclerc, etc. 

Pour y répondre, il écrivait dans Le Débat : « Les choses sont ce qu’elles sont. Je n’écris pas dans la collection Harlequin, ni pour la Bibliothèque rose. Ce livre est un livre sur la mort et sur l’angoisse. De la première à la dernière page, il parle de la mort, de la dilution. Non pas de la mort individuelle, mais de quelque chose de bien pire, de ce qui rend supportable la mort des individus parce qu’elle lui donne un sens, la certitude d’avoir été un maillon de la continuité collective, ce sentiment de sécurité identitaire minimal et proprement humain qui autorise à œuvrer sans développer d’insupportables angoisses sur l’avenir du groupe. » C’était en 1993.

Un mode de vie étranger qui s’impose

On a prétendu vous faire dire que la ville de Trappes serait en quelque sorte « à feu et à sang ». Je suis bien placé pour savoir, comme « musulman d’apparence » vivant dans une HLM parisienne islamisée, que la violence physique n’est pas nécessaire pour imposer un mode de vie et une culture totalement étrangère à la tradition française. Il y a à peine une semaine, tenant un chien en laisse devant l’ascenseur, mon voisin, père de famille tunisien qui se rend tous les jours à la Grande Mosquée toute proche, fort sympathique au demeurant, m’a supplié de ne pas l’approcher : « Si votre chien me frôle, je vais être obligé de refaire mes ablutions », m’a-t-il dit. 

Je vis en rasant les murs, supportant les insultes de gamins qui me surprennent avec une cigarette en période ramadan, me traitent de kouffar parce que je vis seul, etc. 

Il faut aussi supporter la transformation du paysage en plein Paris : femmes enfoulardées, hommes barbus en kamis, etc. 

La « bande-son » aussi faite de dialectes exotiques auxquels on ne peut s’habituer lorsqu’on est amoureux d’une certaine langue qui constitue la vraie patrie. Il faut finir sa vie en exil.

Croyez bien, s’il vous plaît Monsieur, à mon entier soutien et à ma toute cordiale sympathie.

Rachid B.

Source: Causeur. 29 mars 2021

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5 Comments

  1. Ce témoignage est bouleversant de vérités,les français subissent une vraie pression de  » vous êtes plus chez vous  » je dirais qu’il n’y à pas d’assimilation à la France et sont bien nourrit par le système français, CAF Etc…la charia s’installe tranquillement mais sûrement et le français moyen tendra l’autre joue !
    Le virus pandémique et de passage mais la loi islamique restera pour tous les âges…

  2. Seul un «un fils d’immigrés algériens et musulmans» pouvait dire cela, c’est-à-dire faire juste le constat de la réalité. En effet, toute autre personne aurait été immédiatement taxée de raciste, d’incitateur à la haine raciale, et sûrement fait l’objet d’une fatwa en bonne et due forme, et eu le gouvernement sur le dos avec un procès en bonus…

    • Ô comme vous avez raison, Ingrid !!
      La nuit dernière justement, pleinement éveillé, je me suis mis à penser aux 19 nonnes – évoquées dans l’opéra intitulé « Le dialogue des Carmélites » – guillotinées vers la fin de la révolution française, et j’ai fait un parallèle avec la cruauté morale des islamo-gauchistes qui prêtent main forte à des immigrés intégristes en les encourageant à faire fi de la laïcité et de la culture populaire courante du pays qui les a accueillis.
      Je rappelle qu’un collègue du professeur de Trappe a bien été « guillotiné » récemment par un de ces intégristes qui sèment aujourd’hui la terreur à leur façon.

  3. Comme en termes choisis la scene est eclairée !!!! Les « écrivains » cités nommément continuent à dire des conneries mais la réalité a dépassé la fiction qu’ils ne voulaient pas voir ……. Enfin un amoureux de la France s’exprime …. Heureusement qu’il est fier d’être étranger et musulman autrement il aurait été txé d’être extrême droite et automatiquement condamné et aurait subi une fatwa de l’autorité française elle même car la justice est déjè contaminée

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