Bon
Samedi
Premier Seder
Tout est lavé, astiqué, parfumé…
Tout est bouilli, rôti, mijoté…
On a mélangé les traditions, les plats, les cultures…
On ne sera pas très nombreux autour des tables élégamment dressées, le plateau lourd de symboles trône au centre, les livres de prières, la Hagada, somnolent près des assiettes…
On est heureux, on pense aux aînés disparus dans l’année, on évoque les malades, les absents provisoires qui seront de retour, c’est sûr, l’année prochaine quand tout cet infernal barnum sera terminé…
On est heureux, on pense aux enfants qu’on n’approchera pas de trop près, aux masques qu’on gardera cérémonieusement quelque temps, puis qu’on arrachera en disant zut on est juste entre nous…
Ils ont marché 40 ans, on peine depuis un an…
Le pharaon et ses troupes ont vu la mer se refermer sur eux, les litres de vaccins qui seront, on l’espère, injectés formeront cet infranchissable océan qui narguera l’ennemi resté à quai…
On croquera cette fade galette qui sera mêlée à mille recettes sorties tout droit de l’imagination foisonnante d’inventives maîtresses de maison…
On écoutera, affamé, l’histoire de ce peuple qui a brisé ses chaînes, souffert mille morts quarante ans et enfin gagné la Terre Promise, avec l’aide de dieu, pourvoyeur de la manne céleste qui a envoyé chaque soir la nourriture nécessaire à la survie de son peuple…
Une sorte de Deliveroo avant l’heure…
Et on verra enfin le lecteur refermer la dernière page du livre sacré, les plats apparaîtront sur la table de fête, on commentera le foot, le rugby, les embardées gouvernementales, le confinement extérieur, à ne pas confondre avec l’absence de confinement, puisque les boutiques de fringues sont fermées, les médecins qui crient grâce , les variants à qui on avait demandé d’épargner la France, un peu comme le nuage de Tchernobyl, et ce médecin franco marocain installé aux Etats Unis qui promet un vaccin génocidaire de virus pour la fin de l’année..
Puis on se séparera, épuisés, couvre- feu, hein ?
Il est quelle heure ?
Seder de Pessah, ça marche si on se fait arrêter par des policiers ?
Y a rien sur les attestations ?
Tant pis, je dirai que je reviens de chez ma mémé malade…
Vu mon âge, ils croiront volontiers à l’état de délabrement inquiétant de ma mémé en déroute sanitaire…
Et puis on recommencera peut-être demain, puisque contrairement au Réveillon, ou au 14 juillet, nous, on fête deux fois la sortie d’Egypte…
Que cette soirée de fête signe la chaleur, la tendresse, les rires, la communion religieuse ou simplement traditionaliste qui nous unit et nous rend à ce statut d’humanité paisible dont on rêve dans les convulsions d’un monde qui chavire…
Hag Pessah Sameah
A git yontef
Un excellent week-end à mes amis chrétiens avec qui nous fêterons bientôt les Pâques…
Et à mes amis musulmans qui se préparent au Ramadan…
Je vous embrasse
© Michèle Chabelski
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