Freddy Eytan – Avantage pour Nétanyahou devant des résultats embrouillés

Pour l’heure et avant la publication officielle des résultats plusieurs scénarios sont à l’ordre du jour pour pouvoir former un nouveau gouvernement. Toutefois, le vote sanction contre Nétanyahou a échoué pour la quatrième fois malgré les manifestations de rue, une presse mobilisée et un procès en cours. Le Likoud demeure un grand parti populaire et toutes les tentatives de ses frondeurs et ses adversaires de le déloger du pouvoir n’ont pas réussi. Les militants d’un parti idéologique demeurent contre vents et marées fidèles à leur leader.

En revanche, la défaite du « dauphin », Guidon Saar, est forte humiliante. Celui qui prétendait devenir le prochain Premier ministre, le chouchou des journalistes, entre timidement à la Knesset avec une poignée seulement de députés…Il est donc probable que d’anciens proches collaborateurs de Nétanyahou rentreront enfin au bercail…

Les résultats de ces élections législatives ont prouvé une fois de plus que les instituts de sondages avaient échoué dans leur évaluation, leurs pronostics et projections ne demeurent qu’un échantillon d’opinions éphémères et non une science exacte. La majorité des analystes de la presse a aussi sous-estimé les capacités acrobatiques de Nétanyahou, son acharnement à s’accrocher à la tête du gouvernement, et la volonté de la Droite et des partis religieux de le maintenir au pouvoir.

(Capture d’écran / Twitter officiel)

Certes, les citoyens israéliens ont protesté et râlé mais, en fin de compte, ils ont compris que malgré toutes difficultés, ils sont quand même heureux de vivre dans ce pays. Ils ne veulent pas remettre si facilement les commandes sur un plateau d’argent, à des « blancs-becs » de la politique et à des politiciens tels que Liberman qui relancent dans chaque campagne la zizanie et la haine à l’égard des partis ultraorthodoxes, ashkénazes comme séfarades. D’ailleurs, Liberman est l’un des grands responsables de la crise gouvernementale actuelle surtout pour des raisons purement personnelles. Il est capable de changer d’opinion et d’idéologie, de retourner sa veste, et même de signer un pacte avec le diable pour seulement voir Nétanyahou derrière les barreaux.

Le dirigeant du parti centriste, Yair Lapid, n’a pas non plus augmenté le nombre de ses sièges et demeure chef de l’opposition.

(Capture d’écran / Facebook officiel)

Quant à Benny Gantz, nous devrions saluer sa combativité et sa détermination. Tous les sondages avaient prédit à l’ancien chef d’état-major d’être sous le seuil d’éligibilité. Il obtient enfin huit sièges mais son ambition de devenir Premier ministre n’est pas réalisable, pour l’heure. Dans son ensemble, la Gauche israélienne n’est représentée aujourd’hui que par une dizaine de députés seulement.

Malgré les clivages des opinions et les fortes divisions, nous constatons donc que la majorité écrasante de la population israélienne se place au centre et à droite de l’échiquier politique.

Les résultats des élections ont renforcé les partis ultraorthodoxes et ont fait entré à la Knesset des militants nationalistes d’extrême droite. La Cour suprême a autorisé leurs candidatures comme celles des députés arabes antisionistes qui figurent aussi au sein du parti travailliste. Pourtant, ces derniers véhiculent la haine contre les soldats de Tsahal et glorifient les terroristes. Ils siègeront à la Knesset tout en ignorant le caractère juif de l’Etat et dire qu’une majorité juive est une sorte de racisme et d’apartheid. Cela dépasse l’entendement mais représente un cas unique au sein des démocraties. Israël est la seule démocratie dans le monde où sont représentés au parlement des partis religieux et arabes.

Soulignons qu’en France, Marine le Pen a été légitimement candidate à la présidence de l’Etat bien que son parti est d’extrême droite et raciste. Pourquoi donc deux poids deux mesures concernant Israël d’autant plus qu’il s’agit d’une infime minorité ultrareligieuse qui respecte les lois démocratiques mais interprète à sa manière les lois religieuses tels que le font aussi les islamistes.

Le pourcentage élevé des absentions est marqué surtout au sein de la minorité arabe dont la liste unifiée n’obtient que 6 sièges seulement. Contrairement aux projections, le parti islamiste Raham entre au parlement avec 4 ou 5 sièges. Il pourra peut-être offrir à la majorité parlementaire un « filet de sécurité ».

Dans ce contexte, Nétanyahou semble être le mieux placé pour former une nouvelle coalition de droite avec le parti Bennet et une trentaine de députés membres des différents partis religieux. Toutefois, cette coalition sera fragile et dépendra des caprices des partis charnières.

Seul un changement profond du système proportionnel actuel offrira une stabilité gouvernementale à long terme. Enfin, nous devrions devant les circonstances et la complexité de la gestion des affaires de l’Etat, d’éviter à tout prix d’aller ridiculement aux urnes pour la cinquième fois.

Freddy Eytan                                                                                                             Le CAPE de Jérusalem, jcpa-lecape.org

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9 Comments

  1. Malgré tout le respect dû à M. Eytan, il n’est pas exact de présenter les élections sous cet angle.
    Le Likoud a perdu 6 députés malgré le succès de la lutte contre le Covid et son orchestration, qui a vu les restrictions allégées trois semaines avant les élections.
    Et le rapprochement avec les pays du golf.
    Et l’investissement personnel de M. Nathanyaou dans la campagne.

    Et les partis de gauche , dont MERETZ et Avoda sont sortis renforcés.
    Enfin la coalition de gauche et du centre totalise 57 députés contre 52 à celle de droite.

    Et enfin, selon les derniers analyses des spécialistes, il y aura un 5ème tour.
    Malheureusement.
    Ego des dirigeants de partis et incapacité à faire des concessions pour l’intérêt des israéliens, doubllé d’un système électoral inadapté, en sont la cause

    • Je souligne un fait indiscutable: un dirigeant qui est au pouvoir depuis plus de 12 ans bouche l’horizon politique de ses adversaires et également de son entourage . Lieberman, Lapid, Gantz, Bennett, Sa’ar s’allient pour l’exécuter . Mais on n’est pas au Sénat de Rome : il faut convaincre les électeurs . On s’y reprend à 4 fois et le résultat est le même : le peuple d’ Israël installe toujours en tête le vieux leader ! Alors ? Alors quoi? Un 5 e puis un 6e scrutin ? Faut faire avec ! Ils ne seront pas Premier ministre tant que Netanyahu n’aura pas décidé de prendre sa retraite .

  2. 1. Le député Liberman est une honte absolue pour Israël.
    2. Gideon Saar, un traître absolu au parti qui l’avait hébergé.
    3. Yaïr Lapid, insuffisamment compétent pour le poste auquel il prétend.
    4. Naftali Bennet, peu enthousiasmant pour la majorité laïque du pays.
    5. Benny Gantz, manquant d’expérience en politique.
    6. Mansour Abbas, un opportuniste non fiable.
    7. Benyamin Netanyahou, incontestablement le plus compétent des candidats pour le
    poste de Premier Ministre, mais malheueusement le plus contesté par l’Opinion
    Publique, et ce pour diverses raisons, personnelles ou politiques …

    • Quand on arrive en tête du scrutin 4 fois de suite malgré un véritable bombardement contre lui, quand on réunit un quart des votants dans un scrutin à la proportionnelle intégrale , on est LE vainqueur !

  3. Si j’avais la double nationalité, j’aurais voté Bibi, sans hésiter. Il a fait ses preuves.
    Mais, au moment où en France, certains comme Mme Le Pen, M.Bayrou… rêvent de proportionnelle, ce système électoral est manifestement à changer en Israël. Il est plus que temps.

    • Le meilleur système ne peut être que le scrutin majoritaire pour savoir à qui confier le destin d’une nation avec une dose de proportionnelle pour que toutes les opinions puissent s’exprimer, se faire connaître et proposer des alternatives : checks and balances !

  4. Comme d’habitude vos commentaires cher Freddy sont d’un parfait bon-sens. Bibi se maintient au pouvoir depuis 12 ans de façon parfaitement démocratique et non pas comme un quelconque dictateur. Pas de contestation du scrutin : 12 ans à la tête d’Israel est pour moi un immense compliment quand on dirige un peuple aussi contestataire. Ces 12 ans ont fait d’Israel un pays fort et respecté. Bonne chance à Natanyahou s’il franchit encore cet obstacle.

    • A JL Bensaid

      Bien d’accord avec vous ! 12 ans de pouvoir légal et légitime mais que d’impatiences exacerbées autour de lui ! Il faudra bien un jour limiter la fonction à 2 mandats et venir au scrutin majoritaire avec une dose de proportionnelle . Tout ira alors « besseder ».

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