Ci-dessous, mon dernier papier pour Figaro Vox écrit à chaud après l’annonce du troisième confinement touchant les régions parisienne et Haut-de-France.
En résumé, mon écœurement est indescriptible. Les décisions n’ont pas vocation à avoir le moindre impact sur l’épidémie. En quoi le fait de remplir un laisser-passez bureaucratique pour sortir de chez soi ferait-il reculer le virus? La logique de l’Etat policier atteint un niveau terrifiant: s’il l’on comprend bien, il faudra un Ausweis pour quitter son domicile avant 19 H (statut confinement) et un autre après 19H (couvre-feu). Et les forces de l’ordre mobilisées pour contrôler l’Ausweis de 14 millions de Français? Kafka en personne ne l’aurait pas imaginé… Toutes les études montrent que le virus s’attrape en milieu confiné et quasiment jamais dehors. Assigner les Français à résidence, comme des criminels, ne pourra donc qu’aggraver le mal. De même rien ne prouve que la contamination intervient dans les commerces. Or, de nouveau, il est décidé « d’interdire les commerces non essentiels ». En quoi la puissance publique a-t-elle une légitimité pour proclamer que se vêtir, par exemple, n’est pas essentiel? Et pour interdire à des professionnels de travailler? Grotesque. Les commerçants après les restaurateurs et les gens de la culture, sont traités en boucs émissaires de la crise: leur persécution avérée est censée témoigner de la fermeté du pouvoir. Tout cela procède de la même logique: masquer les fautes et les échecs (sur les masques, le nombre des lits en réanimation ou sur la vaccination), par une manifestation aveugle d’autoritarisme frappant la vie quotidienne de millions de Français avec 2022 en ligne de mire. Le nombre de morts attribuée par les statistiques à la covid 19 est en nette diminution. Mais dans un but d’affichage et pour satisfaire les supposés « médecins » de plateau, il faut plus que jamais cogner, saccager les libertés, ruiner la vie de millions de personnes (commerçants, restaurateurs, gens de la culture, etc.), accabler le pays de dettes et ravager l’économie française. Et comment expliquer la résignation peureuse du pays? L’absence de tout signe de solidarité envers les catégories martyrisées? La honteuse servilité des médias (à l’exception des courageux éditoriaux du Figaro et quelques autres). Le lâche silence de la classe politique dans son ensemble? Tout ceci est juste lamentable.
Maxime Tandonnet
Les conséquences politiques du troisième confinement touchant une partie de la France, annoncé par M. Jean Castex pourraient être considérables. Un mois et demi auparavant M. Emmanuel Macron déclarait : « le 29 janvier, j’ai décidé de ne pas reconfiner pour deux raisons : le coût du confinement qu’il soit social, économique ou éducatif, et l’incertitude sur le modèle […] Le choix que j’ai fait était donc raisonnable et s’est avéré positif. Il n’y a pas eu de flambée des cas. On a eu raison de ne pas reconfiner ». La décision de reconfinement partiel, intervenue le 18 mars, quelles qu’en soient les justifications, ne manquera pas d’être interprétée par l’opinion comme une volte-face. Elle ne peut que confirmer la conviction de 81% des Français selon laquelle « le gouvernement ne sait pas où il va » (sondage Odoxa 4 février pour le Figaro et France info).
L’attitude des autorités gouvernementale ne peut se comprendre qu’à travers la variable politique et électoraliste qui domine toute autre considération dans ce dossier, et en particulier les échéances de 2022.
De fait, le nombre de victimes mortelles du virus continue de diminuer : 267 en moyenne hebdomadaire soit environ quatre fois moins que l’an dernier à la même époque. Or cette variable plutôt rassurante est généralement occultée dans les discours officiels comme s’il fallait maintenir la pression de la peur. Le nombre de cas est lui en augmentation : avec 346 012 en une semaine, la France bat les records en Europe devant l’Italie (307 592), l’Allemagne (154 952) et Royaume-Uni (79 524). Que la France enregistre les moins bons résultats en termes de contamination est évidemment une nouvelle préoccupante sur le plan de l’image.
« Le virus est maître des horloges » aurait déclaré le président Macron. Mais au-delà de ce constat d’impuissance, le pouvoir politique doit impérativement montrer, à un an des élections, qu’il s’efforce de tenir le gouvernail du pays. Produire des contraintes bureaucratiques telles que l’obligation de justifier chaque sortie de son domicile par un laisser-passer ou obliger certains commerces (plutôt que d’autres) à fermer, ne changera pas grand-chose à la circulation du virus. En effet, toutes les études soulignent qu’il se propage dans des lieux clos et notamment à l’occasion des repas ou réunions amicales et familiales. Cependant, soumettre le corps social à des restrictions et des interdits supplémentaires se présente comme une manifestation d’autorité et de volonté dans la lutte contre le virus.
L’autre caractéristique du traitement politique de cette crise sanitaire est le découplage entre la parole présidentielle d’une part et celle du Premier ministre et du Gouvernement d’autre part. Le chef de l’Etat se positionne dans un rôle de protecteur de la vie quotidienne des Français. Il avait revendiqué haut et fort la décision de ne pas reconfiner en janvier dernier. Et même quelques heures avant l’annonce du troisième reconfinement, il aurait déclaré, selon France bleue : « La vie dans cette région (Ile-de-France) est un peu différente et […] le confinement le week-end est une mesure compliquée à prendre. » Or, la décision finalement prise ne se limitera pas au week-end mais touchera une partie de la population française pendant au moins quatre semaines. Jusqu’à présent, ce partage des rôles a plutôt bien fonctionné : la cote de confiance présidentielle était stabilisée autour de 40% et paraissait peu affectée par les critiques envers le pilotage gouvernemental de la crise sanitaire. Mais dès lors que le conseil de défense présidé par le chef de l’Etat à l’Elysée concentre les pouvoirs de crise, combien de temps cette fiction peut-elle perdurer ?
Ce troisième confinement qui frappe une partie du pays risque bien au contraire d’achever de détruire ce qui restait de la confiance des Français envers leur classe dirigeante dans son ensemble et d’attiser les interrogations de toute une nation face à la manière dont la puissance publique assume sa mission. Trois confinements et des mois de couvre-feu pour couvrir ses lacunes en matière de vaccination et de nombre de places en réanimation ? Les conséquences en sont dramatiques : exaspération de l’opinion, dévastation de l’économie française (coût de 160 milliards € selon un rapport de la Cour des Comptes), rupture avec une société de liberté, suspension de la démocratie parlementaire par la prolongation indéfinie de l’état d’urgence, ruine matérielle, morale et psychologique de nombreuses catégories de personnes (restaurateurs, gens de la culture et du sport, commerçants, étudiants). Il est inévitable que la question de la responsabilité politique des choix ainsi effectués se pose à un moment ou à un autre. Mais dans quelles conditions ? Avec quelles conséquences ? Rarement l’incertitude n’aura été aussi absolue.
Poster un Commentaire