France info: « Faut-il supprimer les chiffres romains pour simplifier la lecture des dates? C’est en tout cas la mesure prise par plusieurs grands musées. C’est le cas au musée Carnavalet, à Paris. Un choix assumé par la direction. « Ça va avoir un intérêt, notamment pour les publics en situation de handicap psychique et mental. (…) Ça va aussi avoir un intérêt pour les publics étrangers, qui ne sont pas tous familiers des chiffres romains », explique Noémie Giard, cheffe du service des publics de l’établissement. »
De grands musées français auraient l’intention de supprimer les chiffres romains pour faciliter la lecture des dates. En entendant cette information, je n’y ai pas cru tant elle m’a paru loufoque. Et pourtant… Cela semble être confirmé. Il ne sera plus question par exemple du XVIIIème siècle mais de dix-huitième ou 18ème siècle. L’appauvrissement du langage est évident: on ne lit pas XVIIIème comme dix-huitième ou 18ème. Les chiffres romains apportent une noblesse, une sacralité, un prestige, une émotion qui témoignent du respect pour une époque et l’œuvre qui s’y attache. Leur disparition est de l’ordre de la banalisation. Faciliter la compréhension? On est dans la logique du nivellement par le bas, du renoncement à l’effort. Faute d’avoir le courage d’enseigner et d’apprendre, il suffit d’effacer, de supprimer, d’annihiler la (supposée) difficulté. Cette proposition ruisselle de mépris en présupposant l’incapacité de certains à lire les chiffres romains ou à vouloir les comprendre. Elle procède de l’idéologie de la table rase à l’image de la négation des œuvres littéraire et de l’histoire. Comme on déboulonne les statues, comme on s’offusque de la célébration de Napoléon, comme on élimine le latin et les auteurs classiques de l’enseignement, les chiffres romains, qui ancrent la personne dans une civilisation doivent à leur tour disparaître. L’objectif sous jacent à cette manœuvre parmi tant d’autres est d’accélérer l’émergence d’un homme privé des repères de la culture et de l’esprit et ainsi aisément manipulable. Déjà, nous n’en sommes pas loin.
© Maxime Tandonnet
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