Merci à Romain Tancredi de nous avoir rappelé ce petit bijou…
“Je viens de m’en rendre compte en mettant en route ma lessive du jour : j’ai séparé le blanc des couleurs ! Affligeant ! Et dire que j’agis ainsi depuis des années ! Et circonstance aggravante, avec une lessive qui lave plus blanc que blanc ! C’est pathétique… Comme monsieur Jourdain dans un autre domaine, j’étais raciste sans le savoir !
Du coup, je suis d’une humeur noire. Ça ne va pas arranger les choses…
Oh, je savais que je n’étais pas blanc comme neige. J’ai connu des périodes noires. Dans un précédent emploi, on m’avait donné carte blanche. Résultat, j’ai monté une caisse noire ! Quelques temps plus tard, alors que j’étais déjà connu comme le loup blanc, j’ai travaillé au noir. Découvert, j’ai essayé de montrer patte blanche, mais j’ai été placé sur liste noire. Et comme disait le chanteur, noir c’est noir, il n’y a plus d’espoir !
Alors que faire ? Pour sûr, j’avais mangé mon pain blanc. Je dirais bien que j’ai pleuré à l’arme blanche, mais ça serait de l’humour noir. Alors, dans la glace, je me suis regardé dans le blanc des yeux. Pas question de me retrouver dans une misère noire ! L’avenir restait une page blanche. Inutile de voir tout en noir ! Je pouvais sortir blanchi de tout ce sombre passé. Finis les noirs projets ! Je serais désormais plus blanc que neige ! Finie la série noire !
Et patatras ! Voilà que je me découvre raciste ! Mais c’était cousu de fil blanc. Je dois être la bête noire de quelqu’un, c’est sûr. Tout de même, ce sera un jour à marquer d’une pierre blanche ! Bon, je ne vais pas tout peindre en noir. D’autant que c’est bientôt la semaine du blanc. Inutile de broyer du noir… Ni de me faire des cheveux blancs…
Allez, je vais me servir un petit noir. Et puis non, plutôt un petit blanc. Avec un morceau de chocolat noir. Et un peu de fromage blanc. Ça me remontera.
Tiens ! Il commence à faire nuit noire ! Je vais regarder un vieux film. En noir et blanc. Chouette, c’est une version originale, sous-titrée ! Si, si, c’est écrit dans le programme ! Noir sur blanc.”
© Raymond Devos
Irremplacable Raymond Devos!Merci de republier ce petit chef-d’oeuvre -intemporel.
Intemporel en effet, Annie, mot exquis pour qualifier ce “petit” chef-d’oeuvre.
Chef-d’oeuvre, en fait, bien plus grand qu’on n’oserait l’admettre.
Le moins que l’on puisse dire se GRAND Monsieur est un CAS et de plus TOUT ce qu’il a écrit et dit ne sont que des vérité Le pays est petit mais l’esprit est grand et je suis content aussi d’avoir des racines BELGES
Irremplaçable ! D’un certain coté il me fait penser à Arseneca, qui cherche à hacker la réalité pour remplacer par des systemes poétiques
https://WWW.arseneca.com