Raphaël Nisand. Pessah 5781 le covid à la fois Matsa et Maror

En cette année terrible, à l’approche de Pessah l’épidémie nous ramène aux fondamentaux. La vie humaine apparaît fragile, friable comme une matsa et les millions de morts causés par le virus de par le monde transforment notre vie en maror, l’herbe un peu amère qui symbolise sur le plateau du séder l’esclavage ou plus précisément la difficulté pour les hébreux de vivre en Egypte.

Pourtant ce Pessah malgré les confinements, les deuils et les difficultés du moment, l’espoir de la liberté apparait comme une flamme fragile, encore un peu chancelante mais bien réelle.

En Israël Pessah sera presque synonyme de liberté totale. Les familles pourront se réunir en toute sécurité jusqu’à 20 personnes et 50 personnes pourront se voir en extérieur.

Israël apparait aux yeux des pays développés comme un exemple à suivre. Tout a concouru à ce succès quasi miraculeux. Il y a eu tout d’abord l’obsession des autorités à commander au plus vite et le plus massivement possible des vaccins pour tous, sans regarder à la dépense. Il y a eu aussi cette organisation centrée autour des 4 principales assurances de santé qui ont mobilisé leurs assurés. Le peuple israélien s’est montré d’une solidarité sans faille pour que la vaccination se déroule 24h24 et touche le plus de monde possible. C’était le prix de la liberté.

Dans le même temps un confinement strict et exigeant a empêché les gens de tomber malade le temps que la vaccination fasse son effet. Plus de 50 % des israéliens sont doublement vaccinés à ce jour et compte tenu des gens qui ont été malades et ont des anticorps, le seuil de l’immunité collective semble atteint. Le pays est en fête , restaurants et plages ouverts, les écoles rouvrent et, s’il reste quelques cas tragiques de gens non vaccinés qui meurent encore, les contaminations sont au plus bas. Après le maror comme sur le plateau de séder c’est le harrosset, la gourmandise sucrée de la liberté retrouvée qui dominera en Israël .

En Europe nous n’en sommes pas là. Les prochaines semaines seront encore faites de confinements, de restrictions et de crainte de la maladie. Alors que les Etats-Unis vaccinent 2 millions et demi de personnes par jour et auront fini leur campagne en mai, l’Union Européenne semble en proie à des maux profonds. L’approvisionnement incertain en vaccins, les fausses manœuvres sur Astrazeneca et un chacun pour soi inavoué et maladroit nuisent à l’efficacité de la lutte contre le covid en Europe. Il faudra bien après la crise faire l’analyse de ce qui marche mais aussi des couacs et en tirer toutes les leçons.

Les israéliens sont au courant de tout cela et ils vont mardi voter pour une nouvelle Knesset. La campagne vaccinale réussie et la liberté retrouvée pèseront-ils dans la balance ? Nul ne le sait mais ce qui est sûr c’est qu’à peu près chaque israélien comme l’a dit le premier ministre , pourra répondre à la fameuse question de manichtana « en quoi cette nuit est-elle différente de toutes les autres ? ». Cette nuit je suis vacciné.

Hag Pessah Vessameah !

Raphaël Nisand
Chroniqueur sur Radio Judaïca

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