Yves Sokol. C’était un 18 mars

18 mars 1229 : Frédéric II de Hohenstaufen roi de Jérusalem  

L’Empereur Frédéric II se couronnant Roi de Jérusalem

Le 18 mars 1229, l’empereur d’Allemagne Frédéric II de Hohenstaufen se fait reconnaître roi de Jérusalem, mais cette nomination qui résulte de tractations diplomatiques fumeuses et clôt la sixième « croisade » ne lui vaut aucune reconnaissance des autres souverains chrétiens.

Frédéric II, élevé en Sicile, avait développé une admiration pour l’islam, qui y était encore très présent après trois siècles d’occupation musulmane et malgré la présence normande qui lui succéda pendant deux siècles. Son islamophilie allait plus loin que la politique d’alliance que pratiquaient les rois de Jérusalem, car elle s’appliquait également aux sciences et à la civilisation islamiques; elle masquait également une politique antipapiste et anticléricale  

Pendant que Frédéric s’initiait, trop tôt, aux jeux compliqués et décevants de la politique, il s’instruisait sous la direction du notaire Giovanni di Trajetto et de l’archevêque de Tarente Nicola, dans toutes les sciences qui constituaient le bagage d’une jeune prince et d’un « honnête homme » de ce temps.

Au hasard des événements, il découvrit aussi d’autres sciences dont ses maîtres officiels ne lui parlaient pas. Dans cette Palerme cosmopolite où les cabalistes juifs voisinaient avec les savants arabes et les théologiens chrétiens, il ramassa selon la chance des rencontres toutes les bribes des savoirs épars que poursuivait son insatiable curiosité. Il apprit toutes les langues, il s’intéressa à tous les arts. Il écouta les troubadours provençaux, les chanteurs cathares réfugiés en Sicile, et les poètes sarrasins.  

Frédéric II fut traité d’antéchrist, de matérialiste, d’athée par ses adversaires. Il semble bien, selon divers témoignages, avoir manifesté quelque scepticisme en matière religieuse et une sympathie certaine envers l’islam.

Par contre, il persécuta cruellement les hérétiques chrétiens, d’autant plus que c’était là le seul domaine où il pouvait s’accorder sans dommage avec la papauté. La sixième croisade, de 1228 à 1229, est une expédition organisée par l’empereur romain germanique Frédéric II pour reconquérir les territoires du royaume de Jérusalem perdus depuis la conquête par Saladin, ainsi que sa capitale.

Elle a été un demi-succès temporaire pour les croisés, mais ses objectifs sont atteints par la diplomatie d’un empereur excommunié plutôt que par les combats, au grand scandale de la chrétienté.

En effet cela signifiait qu’un empereur jugé hérétique allait conduire la sixième croisade. Cette méthode a créé un précédent qui influence les croisades suivantes.

L’intervention de Frédéric II a cependant été désastreuse pour les institutions du royaume de Jérusalem qui, se retrouvant sans roi, Frédéric abandonnant Jérusalem après trois jours, manque désormais d’un pouvoir central et se retrouve en proie à l’anarchie, les différentes factions (les barons, les ordres de chevalerie, les compagnies maritimes commerciales) ayant chacune sa propre politique sans qu’un souverain puisse arbitrer leurs querelles. «Nul ne subira de violence pour la raison qu’il est juif ou sarrasin.»

Ainsi en disposent les constitutions de Melfi, édictées en 1231 par Frédéric II de Hohenstaufen, l’un des personnages les plus originaux et les plus contrastés de son siècle. Si elles conservent une bonne part d’inégalités – le sang d’un juif ou d’un sarrasin y vaut la moitié de celui d’un chrétien – les constitutions de Melfi sont la première tentative, au Moyen Age, de substituer un Etat laïque, organisé sur la loi et fondé sur un corps de fonctionnaires, à l’instabilité des allégeances féodales.

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1 Comment

  1. David Lisnard devrait se présenter aux prochaines élections puis briguer la présidentielle. Ces projets et ses idées sont d’une intelligence et d’une lucidité qui ne sont pas courantes.

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