M. Xavier Bertrand déclare: « Avec mon équipe, nous sommes les seuls à pouvoir battre les extrêmes et le Front national ».
La formule « avec mon équipe » est de bon augure. Révèle-t-elle une prise de conscience des ravages de la démence narcissique qui empoisonne la vie publique française?
En effet, la France s’en sortira peut-être le jour où sa classe dirigeante sortira du culte de la personnalité stérile et destructeur (« Maréchal, nous voilà »), pour en revenir à l’idée d’un authentique travail d’équipe.
En revanche, il serait désastreux de focaliser l’avenir politique du pays sur la lutte contre « l’extrémisme ». En effet un tel programme qui fut au cœur du chiraquisme n’a plus aucun sens : l’extrémisme, nous l’avons déjà sous une certaine forme. La France subit aujourd’hui de plein fouet ses rigueurs : suspension de fait de la démocratie parlementaire par l’état d’urgence perpétuel, anéantissement des libertés (confinement, couvre-feu, Ausweis, oppression bureaucratique, propagande obsessionnelle).
Il est absurde de vouloir combattre l’avènement d’un extrémisme déjà en vigueur par bien des aspects: certains l’ont rêvé, d’autres l’ont fait. En outre, vouloir s’emparer de l’image mensongère du rempart contre l’extrémisme, le « populisme » ou le « nationalisme » revient à un exercice de mimétisme. Or, les Français préféreront toujours l’original à une copie. Enfin, le mythe du chasseur d’extrémisme a souvent montré toute son hypocrisie: en désignant du doigt l’ennemi extrémiste, on en fait que le hisser dans les sondages et lui servir de tremplin.
Il n’y a qu’une seule question qui vaille. Qu’attendent les Français de la politique? Ils attendent qu’elle en finisse avec le grand spectacle, les coups de menton et de com, les provocations et les postures, la folie mégalomane – à quoi elle se réduit.
Ils attendent qu’elle les sorte concrètement de la crise sanitaire. Ils attendent qu’elle restaure la démocratie pluraliste et les libertés. Ils attendent qu’elle traite de leurs problèmes et de leurs préoccupations: chômage, dette publique, pauvreté, maîtrise des migrations, sécurité. Ils attendent qu’elle leur parle, d’unité nationale, de destin commun, d’un avenir meilleur. Pour l’instant, nous n’en sommes pas là…
© Maxime Tandonnet
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