L’annulation d’une visite du prince héritier jordanien à la mosquée Al-Aqsa, sur le Mont du Temple de Jérusalem, a provoqué une nouvelle crise inutile avec le Royaume hachémite.
Sans attendre des explications, la Jordanie se revanche et empêche l’avion du Premier ministre Nétanyahou de survoler son espace aérien pour se rendre aux Emirats arabes unis. Comment expliquer cette décision inopinée de la part d’un pays voisin ? N’est-il pas surprenant d’annuler un vol officiel et historique destiné à renforcer les liens d’amitiés avec un autre royaume arabe ? Pourquoi cet acte irréfléchi ?
La visite du prince jordanien à Jérusalem a été planifiée sur tous les plans et particulièrement sur les dispositifs de sécurité.
L’aspect sécuritaire est une priorité absolue qu’Israël respecte scrupuleusement. Il va de soi que chaque voyage d’une personnalité étrangère dans notre pays est assuré par les services israéliens et particulièrement à Jérusalem, dans notre propre capitale. Donc, tant qu’il n’existera pas d’accord signé entre toutes les parties concernant le statut définitif de Jérusalem-Est, celui du Mont du Temple, nous serons les seuls souverains sur tout le territoire de la Ville Sainte.
Ce n’est pas la première fois que les aspects sécuritaires et les questions de souveraineté provoquent des crises et des malentendus inutiles. On se souvient de la visite scandaleuse de Jacques Chirac en octobre 1996 dans la vielle ville. Comment aussi oublier que le premier roi du Royaume Hachémite, Abdellah 1er, a été assassiné le 20 juillet 1951, devant la mosquée al-Aqsa par un Islamiste envoyé par le Grand mufti de Jérusalem, Hadj Amin al-Husseini.
Depuis la guerre des Six Jours de 1967, le Mont du Temple, où se trouve la mosquée Al-Aqsa, est administré par le Waqf, organisme de culte musulman dépendant de la Jordanie. Israël a toujours respecté les lieux saints musulmans comme les chrétiens, et ici chaque religion exerce librement ses traditions et prières. Toutefois, l’Etat Juif ne permettra pas de politiser les questions religieuses. Il évitera par tous les moyens une guerre provoquée par des fanatiques palestiniens et islamistes.
Soulignons que dans le monde musulman sunnite, la Turquie d’Erdogan et trois royaumes arabes, l’Arabie saoudite, le Maroc et la Jordanie se disputent actuellement un rôle d’influence sur les liens saints musulmans de Jérusalem. Tous refusent une intervention directe et exclusive des Palestiniens.
La Jordanie est plongée dans une crise socio-économique grave car elle abrite plus d’un million et demi de réfugiés syriens et irakiens et 60% de sa population est palestinienne.
De fortes pressions sont exercées contre le roi pour qu’il annule le Traité de paix avec Israël. Contrairement à certains articles alarmants parus dans la presse le roi n’a pas menacé d’abroger ou de modifier le Traité de paix.
Rappelons qu’il fut paraphé à la Maison Blanche le 24 juillet 1994, puis signé et proclamé le 26 octobre 1994, par le Roi Hussein en présence du Président Bill Clinton, de son homologue israélien Ezer Weizman et du Premier ministre Yitzhak Rabin
Cependant, la situation économique en Jordanie demeure grave, le chômage, et les manifestations quotidiennes dans les rues encouragent les Islamistes et Daesh à perpétrer des attentats terroristes et déstabiliser le royaume.
La chute du royaume hachémite et l’islamisation de la Jordanie seraient dangereuses pour la sécurité d’Israël. Il est donc du devoir du gouvernement de rassurer le roi et d’entamer un dialogue direct et franc pour consolider le Traité de paix.
La relation avec le Royaume jordanien est complexe et elle remonte à la création de l’Etat d’Israël. Elle concerne deux pays voisins qui partagent plus de 238 km de frontière. Ils s’opposent également à la création d’un Etat palestinien militarisé et combattent ensemble contre le terrorisme islamique.
Rappelons le fameux Septembre noir 1970 : le Roi Hussein avait échappé à un attentat palestinien et son Premier ministre, Wasfi Tal, fut assassiné au Caire. Arafat souhaitait renverser le royaume jordanien par la force et proclamer un Etat palestinien. Son but était de créer une grande Palestine jusqu’à la Méditerranée…
Le roi Hussein lança des opérations contre l’OLP et chassa Arafat et ses troupes de Jordanie vers le Liban. Les combats avaient duré plusieurs mois et firent plusieurs milliers de morts. Soulignons qu’à l’époque, Ariel Sharon et d’autres généraux voulaient intervenir militairement pour sauver le « petit roi ». Toutefois, il est clair que sans le soutien discret d’Israël et de ses services, le royaume hachémite n’aurait pas existé aujourd’hui.
Jusqu’aux accords d’Oslo, tous les gouvernements israéliens avaient souhaité régler le problème palestinien avec la Jordanie et écarter l’OLP d’Arafat. Hussein, opposé farouchement à un Etat palestinien, étaient prêts à signer un traité de paix à condition d’obtenir un certain retrait de Cisjordanie. Rappelons que depuis sa grande défaite en 1967, le roi avait toujours refusé de se joindre à une nouvelle guerre contre Israël. Il avait même averti Golda Meir des préparatifs de la guerre du Yom Kippour.
Depuis, avant le Traité de paix et après sa signature, de nombreuses rencontres, publiques et secrètes, ont eu lieu entre tous les dirigeants israéliens et le roi de Jordanie et ses ministres (Hussein, son frère Hassan, et son fils Abdallah). Malgré l’Intifada et les crises survenues sur l’avenir de Jérusalem-Est et l’ambassade d’Israël à Amman, les contacts demeurent permanents et très productifs sur le plan militaire et commercial et surtout dans le domaine du Renseignement.
Aujourd’hui, plus que jamais, la Jordanie dépend de l’aide israélienne. En 2018, Tsahal a été la première à apporter secours à un bus d’enfants jordaniens renversés à la suite des inondations du côté jordanien de la mer Morte. Les secouristes israéliens, à l’aide d’hélicoptères, ont risqué leur vie en raison des conditions météorologiques et le glissement de terrain. Au moment où la pandémie du Covid 19 se propage, le monde entier dont nos voisins arabes, sont stupéfaits d’observer l’organisation exemplaire des vaccinations en Israël et le retour graduel à une vie quotidienne normale. Qui au Moyen-Orient est capable de gérer une crise aussi grave et proposer également son aide ?
En conclusion, la relation actuelle entre la Jordanie et Israël est donc beaucoup moins grave que certains observateurs et journalistes l’ont décrite. Les relations entre les deux Etats sont solides dans tous les domaines et nous devrions poursuive, de plus belle, dans cette voie.
La Jordanie a été le premier royaume arabe à signer un traité de paix avec Israël. La signature des Accords d’Abraham avec les Emirats arabes Unis, Bahreïn, et le Maroc suit cette direction et rapprochera d’autres pays dont l’Arabie saoudite.
Face à l’Iran et la Turquie, et devant une politique américaine timide, les chefs arabes sont conscients que l’avenir de leurs royaumes et leurs intérêts économiques et stratégiques dépendent plus que jamais de l’Etat Juif.
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