Lisa Mamou – La femme blessée à la Fashion week de Tel Aviv

La veille de Rosh ha Shana, dans leur maison de Mitzpé Ramon, Shira Isakov, 32 ans, est agressée sauvagement à coups de couteau par son mari Aviad Moshé qui tente de l’assassiner sous les yeux de leur bébé de 22 mois.

Les cris de l’enfant et les appels au secours de Shira sont entendus par une de ses voisines qui décide courageusement de rester devant la porte et qui continue de tambouriner sans arrêt en refusant de s’en aller, tout en ameutant les secours,. Elle supplie Aviad d’arrêter et de lui confier
l’enfant terrorisé…

Shira s’accroche, grièvement blessée après avoir tenté de se défendre des coups de couteaux comme elle pouvait , elle refuse de mourir et continue à crier et à lutter jusqu’à l’arrivée des forces de police et des secours.

Shira lutte encore pendant plusieurs jours, entre la vie et la mort, elle est couverte de blessures sur toutes les parties de son corps et de son visage mais la jeune femme continue de s’accrocher.

Les médecins israéliens se succèdent à son chevet et ils réussissent à stabiliser son état et à lui sauver la vie.

Shira reste de longues semaines à l’hôpital et subit plusieurs opérations chirurgicales.

Elle finit par en sortir et début Janvier 2021, elle donne une interview exclusive à la journaliste israélienne Ilana Dayan dans son magazine télé « Ouvda » .

Derrière sa coupe à la garçonne, tout le pays découvre alors son joli visage encore marqué de multiples cicatrices; la jeune femme d’un ton posé raconte son histoire afin d’aider d’autres femmes terrorisées à se débarrasser du poids de la honte, elle est déterminée à faire entendre sa voix.

Un mois après, Shira gagne une autre bataille, elle réussit à obtenir son Guet (divorce religieux) qu’Aviad, malgré la tentative de meurtre, refusait de lui donner, il voulait enchaîner leurs destins coût que coût, en la laissant Agouna – (littéralement, « enchaînée » sans divorce religieux ).

Shira a retrouvé sa liberté grâce à un Beit Din (tribunal religieux) et des rabbins qui ont agi vite et bien, mettant la pression à l’époux dont ils ont dénoncé les agissements innommables. Aviad Moshè cède et donne à Shira son guet. La jeune femme peut dignement continuer à aller de l’avant.

Hier dans un Tel-Aviv, qui s’anime petit à petit depuis dimanche avec l’instauration des mesures de déconfinement progressif, Shira a encore une fois ému tout un pays en défilant fièrement,vêtue d’une éblouissante robe bustier blanche du créateur Vivi Belaish lors du gala d’ouverture de la Fashion Week.

Motty Reif agenouillé face à Shira Isakov

Organisé par Motty Reif, en raison des mesures sanitaires, le gala a été cette année enregistré à l’avance et diffusé par la chaîne israélienne « Reshet 13 ».
Shira, resplendissante, a confié qu’elle n’aurait jamais pu porter une telle robe lorsqu’elle était mariée.

De nombreuses personnalités ont défilé au côté de Shira, parmi elles, les chanteuses Rita et Noa kirel, l’actrice Gila Almagor et le top model Bar Refaeli; elles ont toutes exprimées leur soutien et leur admiration pour la jeune femme.

Encore une fois la grâce, la prestance et le courage de Shira, continuent d’émouvoir tout un pays.

Shira, la femme blessée par un mari violent et criminel, est une femme libre, guet obtenu. Tout Israël reste bouleversé par son histoire pleine de fureur.

Lisa Mamou

Dans les coulisses du guet de Shira Isakov

Il y a quelques mois Aviad Moshé tente d’assassiner sa femme. Grièvement blessée avec des blessures encore visibles sur toutes les parties de son corps et de son visage, Shira Isakov entre la vie et la mort, lutte pendant plusieurs jours. Les médecins réussissent à sauver sa vie. La jeune femme subit plusieurs opérations chirurgicales, notamment des opérations esthétiques et dentaires.

Sortie difficilement de cet enfer, Shira pensait que sa demande de divorce serait une procédure formelle. Aviad Moshé avait d’autres plans. Amené de la prison devant le Beit Din de Haifa il déclare qu’il n’a pas l’intention de donner le guet à sa femme. En d’autres termes, ” j’ai tenté d’assassiner ma femme, je n’y suis pas arrivé, elle restera donc lié à moi à jamais ” !!

Alerté, le Rav Eliyahu Maimon, directeur du département des agunot du Tribunal Rabbinique, classe immédiatement le dossier comme un dossier d’igoun de refus de guet, bien qu’un laps de temps de quelques jours à peine s’est écoulé depuis l’ouverture du dossier de divorce.

Le juge rabbinique du Tribunal de Haïfa, le rav Edry décide d’envoyer le mari réfractaire au cachot et décide d’une nouvelle audience dans les quatre jours.

Une semaine plus tard, Aviad Moshé n’a pas changé d’avis. Il demande que le Tribunal tranche d’abord sur la répartition du patrimoine et sur la garde de l’enfant ! Le juge est catégorique : ” Ces questions seront jugées ultérieurement, aujourd’hui Shira doit recevoir son guet. ” L’alternative le cachot pour de longs mois ou le guet aujourd’hui.

En moins d’une heure, Aviad Moshé cède et demande la permission de lire une lettre d’excuse à Shira, pour l’avoir pendant tant d’années menacé, humilié, bafoué, violenté. Que valent ces excuses après qu’un homme ait poignardé sauvagement sa femme.

Lors de la remise du guet, l’homme et la femme doivent être face à face. Shira n’a pas caché sa crainte de se retrouver même quelques minutes face à un homme qui pouvait de nouveau l’agresser.

Deux vigiles des services pénitenciers étaient certes là, mais le juge rabbinique s’est placé aux cotés de Shira, comme prêt à intervenir au cas où.

Pour le Rav Maimon, ” dès le moment où cette affaire nous est parvenue, en raison des circonstances, elle a été immédiatement définie comme une affaire d’igoun. Je ne me souviens pas d’une situation aussi tragique devant une cour rabbinique. “

Shira a été sauvée, grâce à un Beit Din, à des rabbins qui ont agi vite, avec sang-froid et avec une tolérance zéro face à des attitudes innommables d’un époux. Ce n’est pas la première fois que ce Beit Din de Haifa, fait fi des règles, raccourci les processus pour sauver une femme. J’ai eu personnellement le cas de trois femmes que nous avons réussi à sauver en quelques jours grâce à la détermination du Rav Edry.

Le Rav Edry n’est pas un cas isolé. Depuis quelques années, de plus en en plus de juges rabbiniques, lorsqu’ils comprennent qu’il y a une exploitation éhontée de la situation, sont sans merci face à un mari récalcitrant.

Mais face à ces succès, il y a aussi des échecs révoltants ; Comme celui d’une affaire qui soulève un tollé ces derniers jours en Israël, une femme ultra-orthodoxe, qui attend depuis 30 ans son guet !! sans que le Tribunal de Jérusalem saisit du dossier ne réussisse à la libérer.

Source : En direct de Jerusalem

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1 Comment

  1. Une des premières réformes que devra engager la prochaine législature israélienne sera celle concernant le divorce. Progressivement, les démarches à envisager devraient aboutir au divorce par consentement mutuel entre époux.

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