Une rumeur enfle dans les coulisses de la vie politique. Le président Macron ayant plus ou moins brûlé ses vaisseaux à gauche, la droite républicaine pourrait se rallier à sa candidature présidentielle en 2022 et, à la faveur de son éventuelle réélection ainsi facilitée, gagner une majorité à l’Assemblée nationale. La condition d’un tel ralliement serait l’annonce d’un futur Premier ministre de droite et d’un projet « droitier ». Une idée idiote, un scénario suicidaire pour sept raisons:
- La majorité LR élue dans la foulée de la présidentielle, devenue majorité présidentielle se trouverait dans cette hypothèse en position d’allégeance et de soumission totale à l’Elysée, conformément à la logique du régime (le retour à une démocratie parlementaire est inconcevable dans ce contexte).
- L’idéologie « jupitérienne » reste fondamentalement socialiste: repentance obsessionnelle, multiculturalisme, PMA sans père remboursée, IMG à neuf mois pour « détresse sociale », éoliennes à outrance, angélisme migratoire et sécuritaire, etc. Est-ce bien cela que vous voulez? (Alors il fallait le dire tout de suite!)
- Ce ralliement signifierait cautionnement de l’un des pires échecs politiques depuis 1945, « une nouveau monde » devenu cauchemar: anéantissement des libertés et de la démocratie, Etat policier, vertigineuse débâcle économique, sociale, sanitaire. LR tient-il à être assimilé à ce fiasco historique?
- Quel plus beau cadeau en faveur des extrémismes démagogiques de gauche comme de droite qui détiendraient alors le monopole de toute opposition, le nouveau pouvoir se retrouvant en position de troisième force harcelée – assiégée – des deux côtés en attendant le grand basculement dans l’apocalypse.
- Une telle manœuvre serait lue par l’opinion publique comme une combinaison politicienne destinée à conserver à tout prix ou à gagner des sièges à l’Assemblée nationale (ou postes de ministres) et elle ne ferait qu’amplifier le dégoût qui touche 80% des Français (enquête CEVIPOF sur la confiance) et l’abstentionnisme.
- Un second mandat du président Macron serait probablement – comme tous les seconds mandats – une expérience désastreuse. Un second quinquennat du même personnage, déjà rongé par l’usure du pouvoir, déboucherait sur une impuissance et un chaos décuplés. Faut-il s’y laisser entraîner?
- Il est une règle impérieuse dans la vie courante, que les politiques auraient tout intérêt à s’appliquer à eux-mêmes. Les vainqueurs sont toujours à la fin ceux qui restent fidèles à eux-mêmes et à leurs principes, ne cèdent pas aux sirènes de la facilité. Quant aux opportunistes, ils finissent tôt ou tard dans la honte et les traitres dans la boue.
© Maxime Tandonnet
Haut fonctionnaire français, ancien conseiller à la Présidence de la République sur les questions relatives à l’immigration, l’intégration des populations d’origine étrangère, ainsi que les sujets relatifs au ministère de l’Intérieur, Maxime Tandonnet, contributeur régulier du FigaroVox, a notamment publié André Tardieu. L’incompris (Perrin, 2019).
Le front republicain,quelle que soit sa teinture,est la seule solution,car il n y aura jamais d alliance brun-rouge.