Et si Pourim n’était pas que la commémoration d’une tentative ratée de génocide des Juifs par la Perse (l’Iran d’il y a 2500 ans : rien de nouveau sous le soleil iranien) ?
Et si Pourim était la fête des Juifs exilés et assimilés qui peinent à retrouver leur identité juive et à quitter leur exil doré?
A Pourim, on se déguise
– en Spiderman,
-en reine Esther, la reine juive qui a sauvé son peuple,
-en Mordekhaï son oncle et conseiller,
-en premier ministre Aman qui un beau jour a proposé de tuer tous les Juifs de Perse.
-en roi perse Assuérus, mari d’Esther, qui a tout de suite accepté…
On se déguise car toute l’histoire de Pourim racontée par la Méguila d’Esther (le rouleau d’Esther) dissimule l’action de Dieu, dont le nom n’est pas cité, sous le déguisement d’évènements naturels espacés et sans rapport entre eux, un concours de circonstances, dirait Amalec.
Méguila signifie « révélation », Esther signifie « dissimulation » et le mot « vêtement » (בגד BEGUED) a la même racine que le mot « trahir » : le vêtement cache l’intériorité depuis la faute d’Adam et Eve, qui portaient une tunique de « lumière » (אור – OR) avant, puis une tunique de « peau » (עור OR), עור qui peut aussi se lire IVER « aveugle », comme celui qui s’arrête à l’apparence.
Les Juifs de l’histoire de Pourim viennent (70 ans d’exil c’est rien) d’être exilés de Judée à Babylone après la destruction du Premier Temple de Jérusalem en 586 av EC. et ont préféré rester dans le confort trompeur de l’assimilation perse, alors que le roi perse Cyrus, qui avait entre ses « mains tous les royaumes de la terre » les avait autorisés à rentrer en Judée, tel l’ONU en 1948.
Avant le décret d’extermination, les Juifs de l’Empire perse des 127 provinces de l’Inde à l’Ethiopie étaient en train de s’assimiler dans une douce impression de sécurité :
-Ils avaient été invités au banquet du Roi comme tout le monde et, ravis, avaient mangé avec les Mèdes et les Perses dans les ustensiles volés au Temple,
Est-ce qu’un ministre perse se rendait à la Grande Synagogue de Suze le jour de Kippour, comme le président égyptien Neguib deux ans avant l’expulsion des juifs d’Egypte en 1956…
-Esther et Mordékhaï portaient les noms de dieux locaux, Morduk et Ishtar
-Mordekhaï, dirigeant de la communauté juive, occupait un poste élevé au Palais royal. alors qu’il était appelé par tous, y compris par le Roi, « Mordékhaï Hayéhoudi » (le Juif ou le Judéen), le premier personnage biblique qualifié de yéhoudi.
-Au contraire et à tout hasard, la reine Esther, dont le nom juif était Hadassa, a caché sa judéité à la demande de Mordékhaï, tout en continuant à pratiquer au Palais le judaïsme en cachette, c’est l’ancêtre des Marranes et des Vegan.
-S’il est dit que Mordekhaï était seul à ne pas se prosterner devant Aman, on en déduit que les autres Juifs se prosternaient prudemment devant Aman.
Le Juif en exil opte souvent pour ne pas se faire remarquer, même s’il clame haut et fort qu’il est chez lui.
Est-ce que les Juifs de Perse se sentaient plus perses que juifs ?
Est-ce qu’ils disaient « Heureux comme Dieu en Perse » comme les Juifs de France disaient avant la Shoah « Heureux comme Dieu en France » ?
Est-ce qu’ils appelaient la capitale perse Suze « la nouvelle Jérusalem », l’ancienne Jérusalem étant en ruine ?
Comme Salonique était « la Jérusalem des Balkans » jusqu’à l’extermination de presque tous ses Juifs en 1943 ; comme Amsterdam, la ville d’Anne Frank, était appelée la « Nouvelle Jérusalem » ; comme un quartier de Sarcelles est appelé la « petite Jérusalem », où les Juifs ont aujourd’hui peur de porter la kippa…
Pourim nous rappelle que nous sommes juste déguisés en Perses, en Américains ou en Français, et que c’est Jérusalem qui est Jérusalem, comme dit le Rav David Uzan!
Passons en revue les costumes des personnages de Pourim, par ordre d’entrée en scène :
Le roi Assuérus
Ce parvenu reçoit ses invités au banquet habillé des vêtements du Cohen Gadol volés au Temple de Jérusalem (La paracha Tetsavé, qui décrit les habits du Cohen Gadol, est toujours lue vers Pourim)
Le film Indiana Jones et les Aventuriers de l’Arche perdue :
Belloq, le pro nazi, ouvre l’Arche, vêtu des habits du Cohen Gadol et récite une prière en hébreu avant d’exploser
(“Jewish Hollywood’s getting the last laugh. Sorry, Nazis.” https://www.jta.org/jewniverse/2016/why-indiana-joness-nazi-loving-enemy-said-a-torah-prayer )
La reine Vashti
Contre-exemple ! Assuérus lui ordonne de se présenter au banquet… sans vêtement, avec sa seule couronne.
La reine Esther
Avant d’être présentée à Assuérus, comme les autres jeunes filles enlevées pour le harem royal, elle a mariné six mois dans l’huile de myrrhe et six mois dans des parfums !
Quand elle va voir le Roi pour sauver son peuple, elle revêt ses atours de reine, au contraire de Vashti qu’Assuérus voulut exhiber privée de ses atours de reine.
Mordékhaï
Quand il apprend qu’un édit ordonne de « détruire exterminer et anéantir tous les juifs jeunes et vieux, enfants et femmes en un seul jour », Mordékhaï déchire ses vêtements et s’habille de vêtements de deuil. Esther lui fait porter des vêtements car ça ne se fait pas de se balader dans le Palais vêtu d’un sac !
Aman
Le Roi demande à Aman comment récompenser un homme que le roi souhaitait honorer : croyant que c’était lui, Aman propose ce qui lui plairait, une ballade en poney dans la ville vêtu de vêtements du Roi : imaginez sa rage quand le Roi lui dit de promener lui-même Mordekhaï !
Conclusion de la Méguila, aucun Juif n’a été tué, Esther obtient que la fête de Pourim soit instituée pour toutes les générations, Mordekhaï devient premier ministre.
Il faut lire le livre des Prophètes (Néhémie 7-7) pour apprendre que Mordekhaï est rentré en Israël après Pourim.
Sources:
Cours des rav David Uzan, Yehoshouah Gronstein, David Touitou, Haïm Dynowisz et Itshak Adda et Mme Mariasha Drai
https://www.jpost.com/jewish-world/judaism/the-book-of-esther-the-ultimate-disguise-344557
© Joëlle de Paris
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