Reconnaissons qu’il a fallu du courage au Pape François pour s’aventurer en Irak et notamment à Bagdad, une des villes les plus dangereuses du Moyen Orient où affrontements et attentats intercommunautaires se succèdent. En cette période de tension entre l’Islam et l’Occident il a jugé utile de jouer l’apaisement et pour ce faire, rencontrer la plus haute autorité chiite d’Irak, le grand Ayatollah Ali Sistani.
Après une rencontre qualifiée d’historique avec ce dernier, le souverain pontife s’est rendu sur le site de l’antique cité d’Ur en Chaldée. La même où, selon le récit biblique [i] « L’Eternel dit à Abraham : Va-t’en de ton pays… dans le pays que je te montrerai. Je ferai de toi une grande nation. »
Selon Le Monde, du 6 mars, « il a rejoint sur une estrade une poignée d’hommes représentant les différentes confessions présentes dans le pays pour dire ensemble une prière des enfants d’Abraham …. Autour du chef de l’Eglise catholique se tenaient notamment le cheikh Farouk Khalil, l’un des chefs spirituels des yézidis ; le cheikh Sattar Jabbar, « pape » des mandéens ; Rajab Kakaei, un représentant des Kakaï venu de Kirkouk ; et deux représentants zoroastriens.. » Et les Juifs demandez-vous?
Relisez : c’est en vain que vous chercherez une mention des Juifs. Ils n’avaient pas été conviés à cette grande manifestation d’œcuménisme ; si le texte biblique a été évoqué, c’est par un prêtre catholique qui en a fait la lecture. Le pape n’a semble-t-il pas exigé qu’un représentant au moins de la communauté soit associé à cette rencontre des enfants d’Abraham. L’avait-il souhaité ? En a-t-il seulement fait la demande ? Y a-t-il eu des négociations feutrées qui se seraient soldées par un échec ? Le Vatican n’a-t-il pas tout bonnement renoncé à aborder un sujet qui aurait pu provoquer le courroux des autorités et peut-être même remettre en cause la visite ?
Quoi qu’il en soit le chef de l’église catholique a pris, sans doute après mûre réflexion, la décision de ne pas mentionner la dimension juive de l’événement. Un silence qui en rappelle tristement un autre. S’il a appelé à prier pour tout le Moyen-Orient et en particulier pour « la Syrie voisine, martyrisée » il n’a pas eu un seul mot pour l’antique communauté juive aujourd’hui disparue.
Trois millénaires de présence juive dans ce qui est aujourd’hui l’Irak ont ainsi été délibérément occultés. Il est vrai qu’après le « Farhoud » le pogrom de 1941, faisant près de deux cents morts et cinq cents blessé, spoliations, arrestations, persécutions et exécutions sommaires ont accompli un nettoyage ethnique systématique ; laissant derrière eux des biens immenses? les Juifs d’Irak ont dû se résigner à l’exil.
Il n’en reste plus qu’une poignée dans leur ancienne patrie. Le Grand Ayatollah Ali Sistani lui a pris soin d’évoquer la souffrance des Palestiniens dans les territoires occupés. Autre sujet dont il n’a apparemment pas été question : la lente hémorrhagie des chrétiens d’Irak. Ils étaient encore un million en 1980 ; ils seraient moins de 200 000 aujourd’hui.
[i] Genèse :12
© Michèle Mazel
Publié par brzustowski sur Terre-des-Juifs.com
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ils continuent a rever tout haut de la disparition du peuple juif : il suffit d ecouter les courtisans /journalistes français parler d Abraham comme le « pere des 3 monotheismes » !!
mais nous sommes bien la , un peu plus chaque jour , c est le retour du peuple d Israel, que cela leur plaise ou non