Dans quelques semaines, le peuple israélien ira pour la quatrième fois aux urnes pour élire une nouvelle coalition gouvernementale.
Certes, le devoir civique est de coutume dans les pays démocratiques et chaque citoyen est roi pour élire le candidat de son choix, mais en Israël le jour du scrutin est crucial pour l’avenir du pays. Les résultats des élections peuvent basculer vers une paix chimérique et illusoire comme une guerre sanglante et inutile.
Dans ce contexte spécifique et unique, les anciens militaires représentent en effet un gage de sécurité depuis la création de l’Etat Juif à ce jour. Devant l’usure graduelle du leadership civil les généraux de réserve avaient toujours inspiré confiance. Il existe, comme d’ailleurs dans le monde entier, une absence de véritables leaders, les vrais hommes d’Etat.
La guerre de Kippour de 1973 a éveillé doute et défiance et le général Moshé Dayan, ministre de la Défense, fut mis sur la sellette pour ses défaillances. La Première guerre du Liban en 1982 a accentué la méfiance envers les anciens généraux, et Ariel Sharon forcé et contraint de démissionner.
Depuis 1948, les Israéliens ont élu trois anciens généraux comme Premiers ministres : Yitzhak Rabin, Ehoud Barak, Ariel Sharon. Toutefois, ils ont été élu dans le cadre d’un grand parti bien structuré. D’autres, tels Moshé Dayan ou Ezer Weizman n’ont obtenu que deux sièges chacun à la Knesset…Plusieurs anciens généraux furent membres de gouvernement au sein d’une coalition parlementaire comme : Benyamin Ben Eliezer, Shaoul Mofaz, Haïm Bar-Lev, Raphaël Eytan et Mota Gour. Leur influence était bien minime sur les décisions gouvernementales.
Contrairement à certaines prédictions, aucun militaire de haut rang reconverti dans les affaires politiques a cherché à militariser la société israélienne mais en revanche, depuis la guerre de Kippour, la politisation au sein de l’armée s’accroît et devient parfois inquiétante. Sharon et Barak ont les premiers donné l’exemple.
Aujourd’hui, à la veille de nouvelles élections nous constatons que plusieurs anciens militaires ont décidé d’abandonner l’arène politique dont deux chefs de Tsahal : Bouguy Yaalon et Gaby Ashkenazi. Pour le troisième général, Benny Gantz, triste de constater que les sondages lui accordent moins de cinq sièges.
Incroyable mais vrai, au départ, dans le cadre du parti Kahol Lavan avec Yair Lapid, Gantz avait obtenu 33 sièges, désigné à remplacer plus tard Nétanyahou à la tête d’un gouvernement d’union et dans le cadre d’une rotation…Une promesse non tenue qui mettra un terme définitif à cette forte ambition.
Des études réalisées dans plusieurs pays mettent en évidence l’attrait d’une partie de la jeunesse pour un pouvoir d’inspiration militaire. C’est le cas aussi en France, depuis le Général de Gaulle à nos jours avec la candidature possible à l’Elysée de l’ancien chef d’état-major, le Général de Villiers.
Cependant, rien n’indique que derrière un ancien militaire de carrière sommeille un homme politique. Rien ne prévoit qu’un ancien général serait capable d’être un excellent leader politique. La discipline à l’armée est bien différente de celle de la vie politique. On respecte et on obéira toujours à un chef, par contre on peut facilement critiquer et se moquer éperdument d’un politicien.
Il s’agit d’un autre champ de bataille, imprévisible et ingrat, impliqué toujours d’intrigues et de coups bas.
Ancien baroudeur au béret rouge, Benny Gantz a été parachuté dans l’arène politique pour en effet « faire passer Israël en premier », selon sa propre devise. Gantz a certes raison mais la politique est une profession et n’est pas une partie de plaisir. Il ne s’agit pas seulement d’être affable, et honnête et d’avoir participer à des guerres et des opérations spectaculaires mais de posséder un charisme, de l’audace, des nerfs d’acier, un désir ardent de gagner le pouvoir, une riche expérience dans les affaires de l’Etat, et surtout savoir convaincre.
Il ne suffit pas de s’appuyer sur les stratèges en communication qui dictent souvent aux leaders la marche à suivre en leur offrant des messages creux, des promesses vides de sens, populistes et irréalisables.
Gantz ignore malheureusement que nous vivons à l’ère où le mensonge politique passe facilement. On peut donc mentir et tricher sans rougir de honte. On peut changer d’avis et tourner sa veste, être mis en examen et poursuivre tranquillement son chemin. La pratique de la fausseté et de la dérobade des responsabilités est odieuse et indigne.
En conclusion, malgré l’abandon de ses camarades, les coups de poignards dans le dos, et les pétitions d’anciens militaires demandant à Gantz de se retirer de la vie politique, l’actuel ministre de la Défense est déterminé à poursuive sa bataille au risque de la perdre dans le déshonneur et l’humiliation…
Cette lutte contre des moulins à vent est-elle vraiment nécessaire pour l’homme honorable et de grandes qualités ? En fait, le jeu n’en vaut pas la chandelle.
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