La virulence et l’antisémitisme forcené du livre intitulé « le protocole des sages de Sion » auront marqué le XXème siècle.
Le protocole, qui était censé rapporter l’existence d’un complot juif mondial était une fabrication de l’okhrana, la police politique du tsar.
On sait que le nazisme le fascisme et de nombreux pays arabes se sont inspirés du protocole pour conduire des politiques génocidaires ou antisémites. Aujourd’hui encore, le protocole est l’un des plus forts succès d’édition mondiaux.
Mais lire l’antisémitisme contemporain au regard de ce brulot haineux, c’est faire fausse route.
Le philosophe Vladimir Jankélévitch a défini dès 1967 le nouvel antisémitisme qu’est l’antisionisme :
« L’antisionisme est une incroyable aubaine, car il nous donne la permission et même le droit, et même le devoir d’être antisémite au nom de la démocratie ! L’antisionisme est l’antisémitisme justifié, mis enfin à la portée de tous. Il est la permission d’être démocratiquement antisémite ».
L’antisionisme véhicule tous les vieux poncifs meurtriers de la haine du juif : accapareur d’argent ou de terres le juif serait aussi par nature un meurtrier d’enfants, que ce soit en crime rituel au moment de Pessah ou pour bâtir son Etat évidemment volé aux autres. Cette haine aveugle, totale et absolue conduit aux meurtres antisémites qui sont commis de par le monde. En s’attaquant à la base de ces concepts erronés la définition de l’antisémitisme proposée par l’IHRA fait œuvre très utile. L’IHRA c’est l’alliance internationale pour la mémoire de l’holocauste, un programme de communication de l’ONU. Pour la première fois , après bien des errements, une institution associée à l’ONU critique ouvertement l’antisionisme en disant « le fait de nier au peuple juif son droit à l’autodétermination en affirmant que l’existence d’un état d’Israël est une entreprise raciste ou le fait de comparer la politique israélienne contemporaine à celle des nazis » font partie de l’antisémitisme .
La définition de l’IHRA inclut également je cite : « le traitement inégalitaire de l’Etat d’Israël à qui l’on demande d’adopter des comportements qui ne sont ni attendus ni exigés de tout autre état démocratique et l’idée selon laquelle les juifs seraient collectivement responsables des actions de l’Etat d’Israël ».
Cette nouvelle définition non contraignante et n’ayant aucune portée juridique n’en constitue pas moins une avancée extraordinaire dans la lutte contre l’antisémitisme.
28 pays dont la France et de nombreux pays européens ont déjà adopté cette définition établie en 2016.
Ces derniers jours le Conseil de Paris après la ville de Nice et l’administration Biden vient de se prononcer en sa faveur. Il est en effet nécessaire de rappeler inlassablement qu’Israël est un état comme un autre, que la création d’un état juif sur une partie de la Palestine mandataire a fait l’objet d’une résolution favorable de l’assemblée générale des Nations Unies en décembre 1947. La même résolution prévoyait la création d’un état arabe qui n’a jamais vu le jour parce que la partie arabe ne l’a pas proclamé.
Israël fait donc partie de façon légitime du droit international et la phobie anti israélienne est donc bien une phobie antisémite. Cette phobie est en très grande partie à l’origine du conflit qui s’éternise . Elle est fondée sur le projet fou de « jeter les juifs à la mer » et c’est cet antisionisme radical qui est condamné par la résolution de l’IHRA. Il est bien évident que cette résolution n’interdit pas la critique de l’action des gouvernements israéliens. La définition de l’IHRA a été adoptée par un premier pays musulman, l’Albanie et les accords d’Abraham noués ces derniers mois entre Israël et plusieurs pays arabes laissent entrevoir une lueur de paix.
La reconnaissance effective d’Israël sonnerait la fin de l’antisémitisme le plus brutal.
Raphaël Nisand
Chroniqueur sur Radio Judaïca
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