La démission de M. Mion, directeur de science po Paris, accusé d’avoir été informé des actes d’Olivier Duhamel soulève de redoutables questions. Quel rapport entre ce qui lui est reproché, qui est de nature morale et personnelle voire judiciaire (sans qu’il n’ait été semble-t-il condamné ni déféré devant la justice) et le déroulement de sa mission à la tête de l’institut? La vidéo de sa confession publique devant une étudiante qui le soumet à la question est absolument fascinante.
Elle fait penser à l’époque des soviets ou des gardes rouges de Mao. De fait la démission du directeur de science po est le fruit empoisonné d’une dérive dont il est l’un des derniers responsables. Depuis deux ou trois décennies, cet ancien fleuron de l’enseignement supérieur français a été subrepticement transformé en officine ou laboratoire de la nouvelle idéologie à connotation intolérante et totalitaire. Son mode d’enseignement et ses modalités de fonctionnement donnent la part belle aux piliers de cette nouvelle idéologie : table rase, discrimination positive, indigénisme, théorie du genre.
Le sélectif concours d’entrée a été supprimé afin de laisser à l’école tout loisir pour recruter des étudiants selon des critères sociaux et politiques. Ce naufrage dans l’idéologie n’a rien de fortuit. Il sert à couvrir d’un voile ultra-bienpensant et conformiste les scandales (« Richie »), la mégalomanie (investissements immobiliers ruineux), la corruption (rapport de la cour des comptes), le clanisme ou « entre-soi », l’argent fou et les détournements de fonds publics par des salaires exorbitants.
L’emprise de l’idéologie sur la vie de science po n’est rien d’autre que le masque d’un authentique pourrissement. Pour avoir poussé cette logique à son paroxysme, M. Mion, devenu le gibier de potence d’un procès de Moscou ou de Pékin, en paye le prix de sa carrière et de son honneur.
Mais cela va beaucoup plus loin. La belle école de jadis qui cultivait l’excellence et la performance intellectuelle avec ses grands professeurs talentueux et un mode de sélection à la fois sévère et juste, ravagée par la corruption et transformée en officine idéologique, n’est-elle pas à l’image de la France dite d’en haut dans son ensemble?
© Maxime Tandonnet
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