Covid-19 : comment un couple de chercheurs surdoués a trouvé le premier vaccin

Les scientifiques allemands Ozlem Türeci et Ugur Sahin ont mis au point le tout premier vaccin contre le Covid-19. Le parcours de ce couple de chercheurs fait la fierté de l’Allemagne et de la Turquie, le pays d’origine de leurs parents.

Les chercheurs allemands Ozlem Türeci (à gauche) et Ugur Sahin (à droite) ont été les premiers à développer, en un temps record, leur vaccin anti-Covid-19. SP

Autour du cou, Ugur Sahin porte un collier de cuir orné d’une perle bleue. Une protection contre le mauvais œil, confie-t-il. Ainsi, même les plus grands scientifiques ne s’interdisent pas un brin de superstition. L’objet semble en tout cas porter chance à cet immunologue né en 1965 à Iskenderun, au sud de la Turquie, et arrivé en Allemagne à 4 ans. En un temps record, le chercheur a mis au point le premier vaccin contre le Covid-19 sur les paillasses des laboratoires de BioNTech.

Une société qu’il a fondée en 2008 avec son épouse Ozlem Türeci, née dans le nord-ouest de l’Allemagne il y a cinquante-trois ans, et dont les parents sont aussi venus de Turquie. « Ils forment un tandem complémentaire », commente Hans Hengartner, conseiller scientifique de l’entreprise. « Ozlem est très structurée, elle a les idées claires et fixe les objectifs à atteindre. Ugur, lui, est très créatif, c’est un artiste », estime ce professeur à l’université suisse de Zurich.

Projetés sous les feux de la rampe

Ces deux scientifiques et entrepreneurs de génie, milliardaires depuis la revente, en 2016, de Ganymed Pharmaceuticals, la première société de biotechnologie qu’ils ont créée, partagent le goût de la discrétion. A Mayence, bourgade médiévale près de Francfort, le couple vit sans faste ni voiture avec leur fille adolescente, dans un appartement modeste proche du siège de BioNTech, un immeuble blanc et vert de quatre étages, rue de la Mine-d’Or (un heureux présage), où ils se rendent à vélo.

Depuis l’annonce, le 9 novembre, /des performances de leur vaccin produit en partenariat avec le géant pharmaceutique américain Pfizer – efficace à 95 % après deux injections! –, le duo est projeté sous les feux de la rampe, enchaînant les couvertures de magazines, comme celle de l’hebdomadaire allemand Der Spiegel ou de l’américain Time, et recevant, chacun derrière leur écran, les félicitations à distance de la chancelière Angela Merkel, le 17 décembre. « Notre gouvernement est extrêmement fier d’avoir de tels scientifiques dans notre pays », a-t-elle déclaré, signalant que son homologue turc Recep Erdogan s’était lui aussi réjoui, lors du G20, des prouesses de ces chercheurs aux racines anatoliennes.

Angela Merkel a rendu hommage à Ugur Sahin (à gauche) et Ozlem Türeci (en haut, à droite).Bundesregierung/Bergmann

Erigés malgré eux en modèles de réussite migratoire, les fondateurs de BioNTech préfèrent insister sur leur passion pour la science. « J’aurais pu aussi bien être allemand ou espagnol », a tempéré, dans le quotidien britannique The Guardian, Ugur Sahin qui, d’aussi loin qu’il s’en souvienne, a toujours voulu devenir médecin et chercheur. « Quand j’étais enfant, je ne pouvais pas me résoudre à voir des personnes malades du cancer apparemment en forme et pourtant condamnées », a-t-il confié à Der Spiegel.

Tandis que son père travaille comme ouvrier à l’usine Ford de Cologne, Ugur Sahin glane à l’école les meilleures notes de sa classe. A trois heures de route plus au nord, à Lastrup, Ozlem Türeci découvre de son côté la passion de la médecine auprès de son père chirurgien, qui exerce à la clinique catholique Sainte-Elisabeth, face à leur maison, et tient son propre cabinet où la jeune fille aime l’accompagner. Bien que musulmane, comme son futur mari, l’enfant rêve un temps de devenir nonne, avant de choisir la voie de la science.

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1 Comment

  1. Il serait utile de mettre plusieurs infos en parallèle pour en extraire le sens commun :

    – Cet article parle d’un couple d’Allemands, immigrés de Turquie, ayant réalisé des prouesses scientifiques et technologiques exceptionnelles.
    – En collaboration avec le patron de Pfizer, Albert Bourla ; lui-même Américain immigré car Juif grec par sa naissance.
    – En concurrence avec Moderna, entreprise pharmaceutique américaine, dirigée par Stéphane Bancel, Français immigré aux USA.
    – Moderna dont le scientifique-en-chef est Tal Zaks, israélien immigré aux USA.

    Immigrés. TOUS. Ils changent la face du monde. Que chacun en tire les conséquences….

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