Durant, la Première guerre du Golfe, déclenchée il y a juste trente ans contre Saddam Hussein, le gouvernement Shamir avait adopté la « politique de retenue » malgré les tirs des Scud sur les villes israéliennes. Cette politique qualifiée de « force tranquille » était justifiée à l’époque pour de nombreuses raisons diplomatiques et stratégiques. Elle avait obtenu après la guerre plusieurs atouts dont un renforcement considérable des relations avec les Etats-Unis et l’ouverture de négociations de paix avec tous les pays arabes dans le cadre d’une conférence internationale réunie à Madrid.
Trois décennies après, la donne géopolitique a complétement changé avec les menaces de l’Iran de détruire l’Etat Juif par la bombe atomique. 76 ans après la libération du camp d’Auschwitz, il est donc exclu que le gouvernement israélien adopte la politique de retenue. Il ne permettra jamais aux Ayatollahs de se doter de l’arme nucléaire et il réagira avec force contre toute attaque éventuelle de missiles ou de roquettes en provenance de l’Iran, du Liban, de Gaza ou de la Syrie.
L’option militaire contre l’Iran a été déjà envisagée sérieusement, il a juste une décennie par le gouvernement Nétanyahou-Barak. Le président Obama souhaitait obtenir un accord avec les Ayatollahs et même des généraux israéliens et le chef du Mossad de l’époque s’étaient opposés farouchement à une attaque israélienne sans coordination avec les Etats-Unis.
Aujourd’hui, le chef d’état-major, Aviv Kohavi confirme que l’Iran a développé des centrifugeuses qui lui permettront d’obtenir la bombe très rapidement et que Tsahal se prépare à des plans opérationnels.
Le nouvel avertissement du chef d’état-major de l’armée israélienne est destiné surtout à la nouvelle administration américaine et à la France qui souhaitent renouveler l’accord sur le nucléaire signé à Vienne le 14 juillet 2015 et lever ainsi les sanctions imposées par le président sortant Donald Trump.
Au moment où Israël est plongé dans une campagne électorale et combat contre la pandémie du Coronavirus, la mise en garde du chef d’état-major de Tsahal prouve la gravité et la complexité de la situation. Kohavi se range pour la première fois du côté de Nétanyahou pour envisager une option militaire.
Une opération préventive contre l’Iran est sans doute un droit absolu de légitime défense et bien entendu Tsahal est capable de détruire toutes les centrales nucléaires iraniennes comme il a bien détruit la centrale irakienne à Bagdad en juin 1981.
Cependant, est-il sage de lancer des raids contre l’Iran au moment où un nouveau président vient de s’installer à la Maison Blanche ? Ne faut-il pas d’abord coordonner la marche à suivre avec nos alliés américains ? Avoir une vision vers l’avenir et surtout sauvegarder les liens privilégiés que nous avons toujours avec Washington.
Depuis la campagne de Suez contre l’Egypte de Nasser en 1956, Israël a préféré se battre seul sans l’aide de soldats étrangers. Lors de la guerre du Kippour, nous avons vu la mort en face en affrontant un « tremblement de terre » politique qui nous guette jusqu’à ce jour, mais grâce au pont aérien américain, nous avons réussi à gagner militairement cette terrible guerre.
Avant de prendre une décision fatale et de lancer une opération militaire contre l’Iran, nous devrions prendre sérieusement en considération les retombées du lendemain, et en particulier les conséquences sur la sécurité et la défense de l’Etat juif. Une coordination étroite entre Jérusalem et Washington est non seulement nécessaire, elle est impérative et vitale.
Le devoir des généraux et du chef du Mossad est d’obtenir un renseignement précis et parfait sur les intentions réelles de nos ennemis et préparer des plans opérationnels en calculant avant tout le nombre des pertes humaines.
Nous savons toujours comment une guerre est déclenchée mais nous ignorons de quelle manière elle s’achève. Dans la jungle du Moyen-Orient, les guerres sont particulièrement sales et toujours plus meurtrières.
Je doute que Freddy Eytan puisse freiner l’ardeur d’Aviv Kokhavi si celui-ci juge nécessaire une intervention militaire salvatrice contre l’Iran.
Question : Avant la « guerre des six jours » de 1967, le Commandant de l’Armée israélienne avait-il demandé l’aval du Président américain ?