Tribune Juive

Jacques Neuburger. Honte

Je remets, pour la troisième fois, cette photographie des organisateurs de la si terrifiante Rafle de Marseille les 22, 23, 24 janvier 1943. Car je demeure blessé, outré, scandalisé, mortifié, de certains commentaires qui se sont multipliés, étalés narcissiquement, complaisamment sur ma page hier, sans un mot de compassion pour les victimes, attachés simplement à défendre l’indéfendable: la mémoire d’un président de la république qui demeura ami avec le criminel collabo français organisateur de la rafle.
Ce qui me scandalise totalement aujourd’hui, ça n’est pas tant ce président sorti d’une histoire fantastique et diaboliques à la Goethe, une figure d’un drame à la Schiller, à la Hugo, figure romantique dans laquelle il se complaisait, homme politique narcissique amoureux de son image ciselée par lui telle une figure médiévale couplant le sourire et le reptile glissé en la cotte de bourgeois provincial car on a tout dit à son sujet, Non, Ce qui me sidère, me scandalise, me met en rage de désespoir, c’est de voir aujourd’hui encore, un quart de siècle après sa mort, après que tant d’yeux se soient décillés, que tant de voix aient parlé, révélant l’invraisemblable, oui, de voir encore tant de voix s’élever pour défendre l’indéfendable, justifier l’odieux – et ceci sur ma page, sous la photographie d’un Bousquet rigolant avec des officiers nazis de la réussite sans encombres de la terrible rafle de Marseille.

Défenseurs de Mitterrand sans l’ombre d’un mot de compassion pour ces pauvres gens, ces pauvres Juifs raflés ainsi pour être conduits vers leur mort.

© Jacques Neuburger

Quitter la version mobile