Il avait déjà publié, celui dont se gaussent les imbéciles, 3 ouvrages : Pour l’islam de France en 2010, Agissons avant qu’il ne soit trop tard, avec David Pujadas, en 2013, et 100 idées reçues sur l’islam, en 2015.
Aujourd’hui, c’est Stéphane Encel, Historien des religions, spécialiste du judaïsme ancien, qui se lance dans ce qu’il appelle « l’aventure d’un livre avec l’imam Chalghoumi » : J’ai progressivement élargi mes domaines de curiosité, notamment dans la compréhension de ce qu’est un monothéisme. Un dernier ouvrage sur l’antisémitisme, en 2019, m’a, quant à lui, confronté aux réalités d’un phénomène complexe, dont l’islamisme n’est pas la dernière des portes d’entrée… Et au cours de ce cheminement, qui fut loin d’être linéaire, l’imam Chalghoumi m’apparaissait régulièrement comme un combattant, que je percevais certes bien isolé, mais avec une parole sincère : de fraternité, et, en même temps, sans concession envers les fondamentalistes, quels qu’ils soient. J’avais des questions franches et sans détour à lui poser, et il accepta d’y répondre avec la même franchise. Ses expériences, ses analyses et ses combats sont ceux d’un citoyen engagé qui risque sa vie pour les poursuivre et les livrer, mais aussi ceux d’un imam de la République, dont la foi fait corps avec les valeurs républicaines.
Je ne sais s’il en est encore pour ignorer que l’imam Chalghoumi vit depuis plus quinze ans protégé jour et nuit d’une haine multiforme qui l’a obligé à exfiltrer de France femme et enfants : Que de menaces, émanant de tous les horizons de la galaxie du terrorisme islamique, Que de fatwā, lancées là encore de partout, puisque émanant aussi bien de Daesh et Al-Qaïda que de dirigeants gouvernementaux turcs, iraniens et affidés.
Lui ? Il continue, en rien inconscient, mais simplement habillé de la certitude qu’il ne peut ni ne doit lâcher le combat, et ce faisant, il nous oblige.
L’ouvrage est préfacé par Philippe Val qui d’entrée résume la dichotomie : d’un côté, une autoproclamée élite intellectuelle acoquinée avec des humoristes ratés qui se moque de lui ; de l’autre, les islamistes, unis par un rêve : l’assassiner. Le mettre à terre en tuant un des siens: La honte, c’est que Les assassins sont légitimés par les moqueries des prétendus intellectuels, mais, plus grave encore, ces derniers ne peuvent pas ignorer qu’ils font une cible d’Hassen Chalghoumi résume Philippe Val.
Lorsqu’on veut tuer son chien, dit le dicton, on dit qu’il a la rage. Le grand crime de Chalghoumi, pour ses pourfendeurs, est qu’il maîtriserait insuffisamment la syntaxe française. Ces Trissotin de pacotille, ne parlant pas, eux, l’arabe, ignorent ce que disent de Chalghoumi les spécialistes : ses prêches seraient énoncés dans une langue de haut niveau mettant en exergue sa connaissance des textes et la philosophie qui est la sienne, le tout faisant de Lui un théologien éminemment respectable.
Chalghoumi, prenant la parole à chaque moment qui l’exigeât, m’a toujours paru, à moi, infiniment compréhensible, nommant les choses avec le mot adéquat là où ses pourfendeurs, lorsqu’ils ne se taisaient pas lâchement, dispensaient des déclarations où le déni de réalité le disputait à l’intégrité. Il fut, vous en souvient-il, le premier et le seul responsable du culte musulman à qualifier les auteurs des attentats de janvier 2015 de barbares et de criminels et à déclarer, lorsque fut décapité Samuel Paty : « On n’en peut plus de ce discours victimaire, on veut un discours responsable, citoyen. Nous sommes tous Samuel Paty, martyr de la liberté. Son assassin est un terroriste.
Philippe Val nous rappelle l’autre faute de Chalghoumi, lequel serait coupable, à l’instar de toute voix qui oserait dénoncer les dérives de la radicalisation, de ne représenter personne, on lui reproche sa prétendue illégitimité dans une religion qui n’a pas de clergé. Pourquoi, s’étonne Philippe Val, tant d’énergie pour réduire au silence des voix qui ne concernent personne ? Si Chalghoumi ne présentait pas un réel danger pour les propagateurs des thèses fondamentalistes, pourquoi les assassins déploieraient-ils tant de moyens criminels pour le faire taire ?
Autre crime de l’imam Chalghoumi, et peut-être le pire aux yeux de ses pourfendeurs : son amitié avec les Juifs qu’il invite à la rupture du jeûne du ramadan et aux côtés desquels il est là pour fêter Roch Hachana : En France, un bon imam, s’il veut être pris en considération, défile contre Israël avec les manifestants de l’extrême gauche, La France insoumise, le NPA, les indigénistes, les écologistes, le Parti communiste, les féministes intersectionnelles et autres penseurs d’avant-garde qui ont page ouverte pour publier les tribunes les plus ineptes dans nos journaux les plus respectables, rappelle Philippe Val. Et Chalghoumi détonne, lui qui appelle à la réconciliation de l’islam avec le monde occidental et Israël.
Que préfère-t-on ? conclut la préface de Val. Que l’imam se rende de jour dans une synagogue à l’invitation d’un rabbin, ou qu’il y vienne de nuit dessiner des croix gammées sur les murs ?
De surcroît, en s’opposant à l’antisionisme musulman, Chalghoumi s’oppose aussi à l’antisionisme systémique de toute une partie de la gauche, né de la défense d’une cause palestinienne de laquelle ils ont fait leur joie mauvaise, leur obsession, leur maladie, outil des dirigeants pour souder leur peuple non pas dans l’amour d’un destin commun, mais dans la haine d’un État voisin. La propagande anti-israélienne et antisémite des dirigeants arabes est au cœur de la misère et de l’oppression des peuples arabes. Il n’est que de constater les réactions de colère et d’indignation qu’ont provoqué chez ces grands démocrates les accords signés entre Israël et les Émirats arabes unis en septembre 2020.
On l’aura compris : si Chalghoumi représente une telle menace pour les fondamentalistes, c’est bien parce que la grande peur des fondamentalistes est bien là : que grâce à des musulmans d’avant-garde comme lui, il devienne possible de conjuguer la pratique de l’islam avec ces lois de la République dont ils ne veulent pas. Si les musulmans de France, et d’Europe, accomplissaient ce que le génial Averroès a échoué à imposer au XIIe siècle à Cordoue, la contagion risquerait de faire tomber tous les régimes féodaux qui maintiennent les populations musulmanes dans l’oppression et la misère. C’est la grande peur d’Erdogan, des Iraniens et de toutes ces dictatures théologico-politiques qui ne survivent qu’en entraînant leurs peuples dans la haine de tout ce qui n’est pas musulman.
Dans sa prétendue « naïveté », c’est l’imam Chalghoumi qui a raison. Ce sont les imams et les intellectuels musulmans, les écrivains comme Boualem Sansal ou Kamel Daoud, les journalistes comme Mohamed Sifaoui qui dénoncent la propagande séparatiste et antisémite, ce sont tous ceux-là qui montrent le chemin d’un avenir décent. Comprend-on qu’ils ne cherchent qu’à sortir leurs semblables de la spirale de misère où ils s’enfoncent ? Si l’on ne partage pas leurs opinions, au moins qu’on les respecte et qu’on y réfléchisse au lieu de les ridiculiser et de les menacer de mort ! Le courage de celui qui parle est toujours de dire l’indicible. Zola a été un héros non seulement parce qu’il s’est battu contre le camp d’en face, mais surtout parce qu’il a fallu qu’il se batte contre son propre camp. C’est à cela que l’on reconnaît les femmes et les hommes libres. C’est à eux que nous devons les progrès de nos libertés, conclut Philippe Val.
A l’orée d’un opus dont le sommaire annonce au lecteur qu’après avoir narré cette vie sous la menace, l’imam parlera de son combat contre l’ignorance, combat érigeant la connaissance comme seule arme, il sera question de la distinction entre islam en France et islam de France, mais encore de géopolitique du monde musulman, d’un réveil utopique de l’Occident, de la nécessaire réforme dans l’islam, avant d’en arriver au pays natal de Chalghoumi, dans un chapitre final intitulé La Tunisie, porte d’entrée de l’Afrique et mètre étalon de la lutte contre l’islamisme, Stéphane Encel demande à son interlocuteur de dire, à l’aune de ces entretiens, comment il se définit.
Toutes mes actions, publiques ou privées, présentent la cohérence de ne promouvoir que le dialogue et le rapprochement, à l’intérieur de l’islam, avec le judaïsme et le christianisme et pour la République. Je suis français, d’origine tunisienne, musulman de tradition malikite et de spiritualité soufie, mais je dirais avant tout que je suis un humain devant l’humanité, sous le regard de Dieu, dira l’imam.
Mes engagements, mes combats, alors qu’ils ne sont tournés que vers la paix, le dialogue, ont changé ma vie, et l’ont rendue compliquée. Je ne me suis jamais victimisé, mais il est vrai que c’est sous la menace que je vis depuis quinze ans, et sous la protection de la République, pour laquelle je me bats. C’est une réalité, c’est inséparable désormais de mes actions, et je trouve – puisque vous évoquez la porosité entre vie publique et vie privée – que cette situation très personnelle est hautement emblématique des questions que nous allons développer, principalement de l’islamisme, et de la lutte existentielle qui se mène contre la démocratie ; et justement du fait que c’est une lutte à mort. Même mon retrait aujourd’hui de cette vie de combats ne signifierait pas le retour à la tranquillité ! Il y aura toujours des extrémistes, des fous et des idéologues pour me traquer, comme l’est encore Salman Rushdie. Les premières menaces directes datent de 2005 : je suis allé en visite publique au Mémorial de la Shoah, en me présentant comme imam, et, deux jours après, ma maison, en pleine journée, fut saccagée… Heureusement ma femme était absente, mes enfants à l’école, mais on a tout retrouvé cassé, et on a déposé plainte. Vous vous rendez compte que j’ai passé des années à Drancy sans problème, et qu’il a fallu que j’aille au Mémorial de la Shoah pour subir les menaces, les insultes, les critiques, et ceci avant même l’explosion de Facebook et des réseaux sociaux, qui sont devenus les grands pourvoyeurs de haine. Je trouve que c’est très emblématique des points de clivage en France, et de cette pierre d’achoppement qu’est le rapport au judaïsme : c’est le principal levier des islamistes, comme ceux qui s’en prirent à ma maison, et j’avais mis le doigt dans un engrenage infernal. Et ces événements se déroulèrent avant même l’ouverture de la mosquée de Drancy, fin 2007, où je fus nommé imam… Ces traumatismes personnels, liés à des menaces, à la vie incertaine que j’ai choisie, aux conséquences pour ma famille, s’ajoutent aux événements tragiques de ces dernières années, aux attentats qui se succèdent, aux amis qui ont été touchés ou que j’ai perdus ; j’ai dès lors des souvenirs difficiles et douloureux, à certains moments de l’année, qui me renvoient à des tragédies. Ainsi, le mois de janvier m’est particulièrement pénible et stressant, et pas seulement à cause des attentats de Charlie Hebdo. Nous avions écrit, avec Jacques Aboucaya, président de l’Association cultuelle israélite de Drancy, un article dans Le Parisien, en janvier 2009, lors de l’offensive israélienne à Gaza, pour prévenir de ne pas importer le conflit israélo-palestinien. Le lendemain de l’article, on a mis de l’essence sur ma voiture… Heureusement qu’elle n’a pas brûlé, mais ça a engendré un traumatisme pour ma famille. Ma femme est un soutien sans faille, elle croit au combat, elle veut avancer, mais elle a la responsabilité des enfants, et elle est tiraillée. J’ai été obligé de les éloigner de la mosquée pour que les islamistes ne les repèrent pas. En 2010, le collectif Cheikh Yassine, du nom du fondateur de l’organisation terroriste Hamas, a essayé d’avoir des photos de ma femme pour les mettre sur les réseaux sociaux ! C’est bien sûr une tension quotidienne et permanente.
Pour ma part, j’ai rencontré la première fois l’imam Chalghoumi à Radio J. Depuis, nous ne nous sommes plus quittés. Au-delà du lanceur d’alerte doublé d’un imam éminemment républicain, il y a l’homme, généreux, bon vivant, chaleureux, Il y a l’ami qui, où qu’il soit, vous envoie une photo ou une musique qui fasse espérer et oublier combien cette vie sous perpétuelle protection symbolise l’adversité à laquelle doit faire face une démocratie sommée de choisir urgemment entre la guerre civile ou un réveil républicain, seule option pour reconstruire la fraternité des peuples.
Et voyez-vous, Trissotin et hâbleurs, il propose, parallèlement à des réflexions globales, des solutions concrètes.
Extraits
Quand je suis venu en France, j’étais plein d’idéaux. J’ai cru que les citoyens musulmans allaient avoir une double tolérance, une double ouverture d’esprit, celle de l’islam et celle de l’Occident ! On pouvait imaginer un fructueux mariage. Mais j’ai plutôt trouvé le contraire, des Arabes sans racines qui veulent devenir plus européens que les Européens, et des Européens qui se cherchent, et veulent devenir plus arabes que les Arabes ! J’ai surtout été choqué du grand vide de sens et de valeurs, et c’est ça qui m’a déçu ; parce que, je le dis haut et fort et constamment : je n’ai jamais trahi ma foi pour la République, et la République n’a jamais trahi ma foi. Je sais qui je suis, je me suis construit sereinement, et ma relation à la France, en tant que musulman, est très enrichissante : c’est une belle histoire d’amour et de respect. Ce n’est pas la République qui me menace ; au contraire, elle assure ma sécurité !
La plupart des jeunes musulmans ne connaissent rien, même leur nom en arabe, qu’ils ne savent pas écrire ! L’un d’eux m’a dit un jour, très fier, qu’il s’appelait Ali. « Tu sais qui est Ali ? lui ai-je demandé. Non ?…. Le cousin du Prophète ! » Ce sont les portes de la science et de la sagesse qu’il faut leur ouvrir pour les libérer de l’aliénation, car leur ignorance les maintient dans une prison dorée de certitudes.
Le discours des Frères musulmans est triomphant et propre à fasciner : revenir au califat, au fantasme de l’unité d’il y a quatorze siècles ; c’est pour cela qu’il faut connaître et étudier l’histoire, sereinement, et la séparer des discours religieux. Le califat, les conquêtes, ce n’était pas de la religion, c’était de la politique, du pouvoir, des ambitions ! L’islam, ce fut les vingt-trois ans du ministère de Mahomet, de ses 40 ans à ses 63 ans ; la suite, ce sont les circonstances, les contextes, la politique… Les jeunes, en général, ne connaissent que trop mal l’histoire – interrogez les professeurs sur leurs difficultés d’apprentissage et la difficulté à les intéresser. La connaissance de l’histoire leur fait cruellement défaut. « Savez-vous, je leur dis, que les Abbassides et les Omeyyades se sont massacrés entre eux ? Au point qu’un calife déclara qu’il ne fallait même pas laisser un bébé en vie, pour qu’il n’y ait pas de vengeance ! Et que lorsque les Ottomans sont arrivés en Égypte, il y eut 200 000 morts, auxquels s’est ajouté le million et demi d’Arméniens, victimes du génocide, en 1915 ? »
Il n’y a pas d’anges, en histoire, il n’y a que des humains, avec leurs défauts, leur cupidité et leur soif de pouvoir. (…) Il faut avoir l’honnêteté de parler de crimes.
Mais tout ça, est-ce l’islam ? Bien sûr que non : lorsqu’on est sur un terrain historique et géopolitique, on peut faire la part des choses, et évoquer ces drames, sans que cela soit une critique fondamentale de Dieu ou de ma religion. Il n’y a pas d’anges, en histoire, il n’y a que des humains, avec leurs défauts, leur cupidité et leur soif de pouvoir… Tant qu’on ne regarde pas ces quatorze siècles avec sérénité, avec recul, on n’en sortira pas. Il faut avoir l’honnêteté de parler de crimes, notamment ceux perpétrés contre les tribus juives du temps du Prophète, à Médine, au VIIe siècle. Attestés par les sources, mais ignorés par beaucoup de traditionalistes, ils sont liés à un contexte, à un esprit, que l’on est alors en droit de contester. On a le droit à une vision critique, nous ne sommes pas obligés de prendre tout en bloc.
Je sais qu’il y a du racisme, j’ai moi-même eu à en souffrir, c’est une réalité que je combats également depuis des années, et l’on assiste bien à une montée de ces extrêmes. Mais ça reste tout de même minoritaire dans l’ensemble de la société française : il n’y a pas de racisme d’État, je m’élève avec force contre cette théorie qui peut conduire à considérer le plus vil terroriste comme un « damné de la terre », et presque un martyr ; et surtout, regardons le reste ! Il y a de multiples formes de racisme et de discrimination, notamment sociales, et beaucoup de Français pourraient s’en considérer comme victimes, à un titre ou à un autre. Loin de contester cette réalité, qui fait partie de mes préoccupations et de mes combats, j’exhorte à ne pas s’emmurer dans une posture d’éternelle victime, poussant une plainte incessante.
Il faut un État laïque, avec la même loi pour tout le monde. L’État doit savoir quel islam il veut. Et la souveraineté de l’État doit passer par le refus de l’ingérence étrangère : voit-on une mosquée au Maroc gérée par l’Algérie ? Ce serait un scandale impensable, une trahison nationale ! Mais j’y reviendrai.
Il y a, et je vais insister là-dessus, un aveuglement, une hypocrisie, un manque de compréhension de l’État, qui semble se réveiller après l’attentat contre Samuel Paty . Ça commence par les menaces, sous la forme de fatwa. Il faut comprendre qu’elles sont à vie, et l’exemple du romancier Salman Rushdie doit faire réfléchir les autorités. Or, pour montrer que la situation va mieux et est sous contrôle, la présidence a parfois été tentée de baisser le niveau de protection des personnes ciblées. C’est une erreur, à la fois « matérielle », car cela donne une possibilité d’action aux radicaux, et « psychologique », car cela envoie un message de relâchement et de faiblesse. J’espère bien que la dernière tragédie, la décapitation du professeur, aura une fois pour toutes fait comprendre à tous les niveaux politiques que les menaces sont constantes, en dépit du gros travail de renseignement en amont. Rappelons-nous de Charlie Hebdo , menacé déjà en 2006. Ce doit être un repère absolu, pour toujours. Les radicaux, potentiels terroristes, ne dorment pas, ils sommeillent seulement.
L’islam politique se repère toujours par l’importation du conflit israélo-palestinien. Il leur faut une cause fédératrice pour le monde arabo-musulman, parce que l’Oumma, la communauté mondiale des fidèles de l’islam, est un fantasme et n’a jamais existé. Tout est question de nationalités, et les conflits entre chacune sont innombrables. Sans cause palestinienne, la plupart des islamistes n’existent presque plus.
Je suis parmi les personnes qui reconnaissent l’existence d’Israël, son droit à exister en paix. Et l’on reconnaîtra que dire ça n’est pas spécialement de la provocation ni révolutionnaire ! Mais cela semble l’être du fait que je sois non seulement musulman mais imam. Je devrais faire corps avec une pseudo-solidarité pour la cause palestinienne, qui est totalement dévoyée, instrumentalisée, au détriment des Palestiniens eux-mêmes. Je parlais il y a quelques mois avec une journaliste saoudienne, et j’en vins à lui dire : « Israël existe ou pas ? Êtes-vous capable de remettre les juifs à la mer ? » Elle m’a répondu que non. J’ai alors conclu : « Si vous ne pouvez changer le passé, ni faire en sorte qu’on retourne à un pseudo- “âge d’or” de domination totale de l’islam sur une partie du monde, la seule solution raisonnable est donc le dialogue ! » Et, comme toujours, mes actes ont suivi mes prises de position : c’est pour cela qu’en 2012, puis encore en 2019, je me suis rendu en Israël, publiquement. Ce n’est pas courant pour un personnage public musulman !
J’assume complètement, et jusqu’à parler avec l’armée israélienne. Je leur ai passé des messages : « Soyez justes tout en protégeant votre pays. Dieu nous jugera. » Ils m’ont écouté avec respect. C’est le moment de la reconnaissance de deux États, il faut que le monde musulman, qui se réveille depuis quelques années, franchisse le Rubicon. Quand on voit la réussite de l’économie israélienne, comment ne pas être troublé par la misère palestinienne, avec les milliards donnés par l’Union européenne et les pays arabes ; où sont-ils passés ? C’est une question à poser ! J’ai bien souvent rencontré, au cours de mes voyages, des milliardaires palestiniens de la diaspora : je leur ai demandé pourquoi ils continuaient à parler du lobby juif et israélien, alors qu’ils avaient les moyens d’aider leur peuple, mais aussi les enfants du Yémen, d’Irak, de Syrie… Il y a l’instrumentalisation de Gaza, dont ils se fichent, et les régimes qui maintiennent les populations dans l’ignorance et la misère. Faisons tomber ce mensonge.
Les Combats d’un imam de la République, de Hassen Chalghoumi (Cherche Midi, 160 p., 16,50 €). Préface de Philippe Val. Postface de Franz-Olivier Giesbert.
Dans les voies de Zola… avec Camus & Char, ailleurs Heschel & King (et tant d’autres moins célèbres sur tous les continents) : Encel & Chalghoumi… en véritables penseurs libres et agissant pour que l’Humanité gagne par la droiture et la raison, la candeur et la résolution, sur l’Inhumanité des salauds manipulateurs et des idiots utiles.
Ce dernier opus devrait devenir un des Livres de la Nouvelle Bible de notre ‘cher’ Quay d’Orsay, et de nombre de ses équivalents bas-manoeuvriers tout aussi peu glorieux d’Europe et de par le monde, qui sait…. bon, pour l’Onu et ses séïdes ayant depuis un demi-siècle trahi l’essentiel de leurs (et de nos) valeurs humanistes les plus communes, c’est évidemment trop tard.