La lecture du livre de Camille Kouchner est bouleversante. Pourquoi touche-t-il autant le lecteur ? On sort de ce texte glaçant à la fois désespéré sur l’espèce humaine et en même temps admiratif pour cette leçon de vie. Comment survivre à une telle histoire ? Sa lucidité, son énergie mise à sortir de cette spirale, sa force d’amour sont extraordinaires. Ce texte force l’émotion par sa sobriété, il avance sans masque, sans fioritures, il raconte une souffrance, les dégâts subis chez elle et autour d’elle.
Ce livre est aussi un éclairage sur notre temps, sur cette société, sur ses apparences et sur sa réalité. Cette affaire ne peut se réduire à une affaire privée, aussi tordue soit elle. Ce récit ne vous lâche pas tant il dit quelque chose des faire-semblants, des masques de notre époque, de ce dont elle s’est nourrie, de ce dont elle se pourrit.
Comment un homme, un professeur de droit constitutionnel, c’est à dire qui enseigne la Loi, LA loi des lois, a-t-il pu s’être laissé aller à faire ce qu’il a fait. Il faut imaginer la scène telle qu’elle a été rapportée, cet homme a sollicité un enfant de treize ans pour qu’il lui suce le sexe… En lui disant « tout le monde fait ça »…
Alain Finkielkraut, après avoir fermement condamné les agissements prêtés à Duhamel, a cependant posé la question d’un éventuel « consentement ». Comment peut-on imaginer un consentement quelconque entre un gamin de treize ans et un adulte de cinquante ans, comme s’ils jouaient à armes égales, comme si ce père de substitution n’avait pas exercé une autorité sur ce jeune garçon ? Comme si ce dernier avait eu la possibilité, sinon le choix de s’y opposer. Pour avoir formulé cette hypothèse, LCI a mis fin à la collaboration de Finkielkraut à l’émission de Pujadas. Cette sanction est aussi inappropriée que les propos incriminés. En la matière, le groupe TF1 ne parait pas le mieux placé pour faire la morale.
On peut entendre toutes les explications d’ordre analytique, les pulsions, la perversion etc, mais ce Duhamel était bien construit, on le lisait on l’écoutait. Il était un enseignant reconnu dans un établissement prestigieux. Il possède un appareil psychique robuste, ce n’était pas un bouseux trumpiste gardien de chèvres ni un évêque libidineux au Vatican.
Autre question, comment le père du garçon abusé, n’est-il pas allé « casser la gueule » de ce monsieur? Pour respecter la volonté de son fils, pour lui permettre de s’affranchir de ce poids ? Oui, mais il était bien le père, il connait le statut symbolique de cette fonction, il n’a pas froid aux yeux.
Comment penser cette fausseté quand toute cette histoire baigne dans la meilleure des bonnes consciences de gauche, le coeur en bandoulière, soucieuse de la souffrance du monde… On découvre aussi la complicité silencieuse d’une partie de ce milieu, de cet entre soi qui ne se donne que la peine de jouir de son statut social…
Président du Siècle ! Le Club des puissants, de ceux qui ont des Rolex avant cinquante ans, de ceux qui s’affranchissent des contraintes réservées au Tiers-Etat ! Quelle dérision …
Cet effet de la pensée 68, de la « pensée désirante », du « jouir sans entraves », du « il est interdit d’interdire » est une infection. Cette dernière bulle nous empeste tant sa résultante apparaît abjecte, symboliquement abjecte, surtout quand elle explose chez ceux-là-même qui disposent des moyens intellectuels pour comprendre ce qu’ils font.
Quelque chose est en train de s’écrouler. Il n’y a pas que le covid à être ravageur.
Enfin, peut être que non, dans trois mois tout sera passé à la moulinette médiatique et sans doute un rapport expert sera publié sur les violences commises sur les enfants…
« Un homme ça s’empêche » a dit le père de Camus (in Le premier homme p 66) à propos de l’assassinat atroce d’un soldat au Maroc. Ce mot, « un homme ça s’empêche » est admirable. Il y a un sens de l’honneur dans ces paroles simples. « On ne devient vraiment homme que lorsqu’on a réduit sa part de comédie » disait Malraux. Et ce professeur de droit ne s’est rien empêché, il n’ a pas réduit sa part de comédie…
La seule et unique issue pour lui, serait que cet homme parle, assume ce qu’il a fait et demande pardon à ceux et celles qu’il a saccagés. Il n’est jamais trop tard.
Quelle horrible farce en ce début d’année.
L’actualité n’est pas seulement sinistre, elle est d’une effroyable laideur.
© Jacques Tarnero
Bonne tribune, si ce n’est le « bouseux trumpiste ». Un homme, surtout écrivain, « ça s’empêche » monsieur Tarn-et-Garonne.
Parfaitement d’accord.
Toute la phrase d’ailleurs est une perle :
«….ce Duhamel était bien construit… Il possède un appareil psychique robuste, ce n’était pas un bouseux trumpiste gardien de chèvres ni un évêque libidineux au Vatican ».
Bien construit ? Possède un appareil robuste ? De quoi s’agit-t-il exactement ?
Jacques Tarnero comprend-t-il ce qu’il écrit ? Maitrise-t-il vraiment les nuances de la langue française commune ?
Comment ça? Duhamel était bien construit. Certainement pas , un homme bien respecte ses enfants, ceux des autres , de son épouse puisqu’il s’agit de cela .Soit c’est un détraqué et il doit se faire soigner , soit c’est un criminel et il devrait aller en prison…Ah oui, il y a préscription , qu’a cela ne tienne il faut abroger cette loi stupide.
Tarnero écrit un excellent français (il jaspine bien la france ,pour JMA ).
Un Homme bien construit st un homme responsable de ses actes et qui sait ce qu’est la Loi .
Pour le reste arretez de nous bassiner avec tous ces slogans anti soixante -huitards ,ces histoires de « jouir sans entraves » n’étaient le fait qu de qlqs excités isolés .
Quand à la moralité du Trump , relisons ses nombreux discours et ses allusions sous la ceinture …