Le vaccin d’AstraZeneca est utilisé à partir d’aujourd’hui au Royaume-Uni. Il est différent de celui de Pfizer, ou de Moderna.
Le Royaume-Uni faisait office de figure de proue pour la vaccination contre la maladie Covid-19, en devenant le premier pays à valider et à injecter le vaccin ARNm de Pfizer. Le pays est à nouveau en avance, en démarrant, ce lundi 4 janvier, la distribution du vaccin conçu par AstraZeneca. Un Britannique de 82 ans s’est vu injecter la première dose du pays.
Ce vaccin est d’origine britannique, puisqu’il est conçu avec l’université d’Oxford. Mais là où il diffère surtout des vaccins en cours d’injection, produits par Pfizer et par Moderna, c’est qu’il ne repose pas sur la technique de l’ARN messager. Il est plus « classique » dans sa conception.
DIFFÉRENCES SCIENTIFIQUES
Le but de tout vaccin est d’entraîner le système immunitaire à reconnaître un pathogène, sans pour autant confronter l’organisme au véritable pathogène. Grâce à cela, l’infection peut être empêchée, ou bien a minima les symptômes peuvent être considérablement amoindris en évitant les formes sévères de la maladie.
Pour entraîner le système immunitaire, la plupart des vaccins fonctionnent grâce à un virus similaire mais inoffensif, auquel est inséré la protéine inactivée du virus visé. C’est le cas pour celui d’AstraZeneca. Celui-ci repose sur un vecteur viral non-réplicatif : un adénovirus de chimpanzé qui est absolument inoffensif pour les humains. Les scientifiques l’ont modifié pour qu’il ressemble au coronavirus SARS-CoV-2, en y insérant sa protéine Spike. C’est par cette protéine que le coronavirus s’accroche à nos récepteurs cellulaires, c’est avec elle qu’il y a le premier contact.
La molécule injectée par le vaccin d’AstraZeneca ressemble donc au coronavirus, suffisamment pour entraîner le système immunitaire, mais ne porte aucune trace de celui-ci en tant que pathogène. Il n’y a aucun risque d’infection. Cela permet simplement que l’organisme puisse reconnaître la protéine au cas où le véritable virus se présenterait.
DIFFÉRENCES LOGISTIQUES
Le vaccin conçu par AstraZeneca facilite la logistique — fabrication, transport et stockage — par rapport à ceux de Pfizer et Moderna. Il n’a pas besoin d’être stocké dans des super-congélateurs. Des frigos normaux suffisent, à une température comprise entre 2 et 8 degrés.
Autre avantage : il est beaucoup moins cher. Son coût par dose ne dépasse pas 3 euros à l’achat, là où celui de Pfizer dépasse 15 euros par dose, et celui de Moderna est potentiellement encore plus cher. Pour une large vaccination, l’arrivée progressive du vaccin d’AstraZeneca constitue donc une bonne nouvelle.
CE QU’ON SAIT DE SON EFFICACITÉ
AstraZeneca a été la première entreprise à voir ses résultats de phase 3 être publiés dans une revue. Ils ont donc été confirmés par un comité indépendant. L’efficacité globale de cet essai mené avec plus de 20 000 volontaires est de 70 %. Toutes les formes sévères de la maladie ont concerné, durant l’essai, le groupe sous placebo. Aucun symptôme grave ne s’est déclaré chez les personnes vaccinées. Qui plus est, aucun effet secondaire important n’a été relevé, sauf auprès de trois personnes, qui ont guéri.
Quant au pourcentage d’efficacité, reste qu’il représente la moyenne entre deux dosages : le dosage prévu et une erreur de dosage. L’erreur de dosage (une dose moins importante que prévue) génère une efficacité plus importante, de l’ordre de 90 %, quand la dose prévue conduit à une efficacité d’un peu plus 60 %. C’est donc la demi-dose qui permet d’atteindre la meilleure efficacité.
Le pourcentage exact d’efficacité n’est donc pas facile à identifier d’ici à ce que la nouvelle étude aboutisse à un chiffre, mais la publication confirme en tout cas que, quoi qu’il en soit, le vaccin d’AstraZeneca génère une réponse immunitaire forte et pas d’effets secondaires notables.
Pour AstraZeneca comme pour tout autre vaccin, le recul n’est pas encore suffisant sur la persistance de l’immunité dans le temps, mais les indicateurs montrent pour l’instant que celle-ci se maintient au moins plusieurs mois.
© Marcus Dupont-Besnard
Source: Numerama 4 janvier 2021
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