Dans un livre à paraître jeudi, la juriste Camille Kouchner accuse son beau-père, Olivier Duhamel, d’avoir agressé sexuellement son frère jumeau quand il avait 14 ans.
Le parquet de Paris a annoncé, mardi 5 janvier, avoir ouvert une enquête pour « viols et agressions sexuelles par personne ayant autorité sur un mineur de 15 ans », après » la publication de différents articles de presse « , la veille, « mettant en cause monsieur Olivier Duhamel « .
Lundi, Le Monde et L’Obs ont dévoilé les bonnes feuilles de l’ouvrage de la juriste Camille Kouchner, La Familia grande (Ed. Seuil), dans lequel elle accuse son beau-père, Olivier Duhamel, d’avoir agressé sexuellement son frère jumeau quand il avait 14 ans. » Une précédente procédure portant sur les faits ainsi dévoilés « avait été classée sans suite en 2011, précise le parquet de Paris. Les nouvelles investigations sont confiées à la Brigade de protection des mineurs (BPM) de la Direction régionale de la police judiciaire (DRPJ).
« J’ai hésité à intervenir sur l’affaire Duhamel »
J’ai hésité à intervenir sur l' »affaire Duhamel ». Je suis tombé des nues, comme presque tout le monde (quoique l’article laisse entendre que pas mal de gens étaient au courant). Je suis terriblement déçu, si tout ceci se vérifie, car O. Duhamel est (était ?) l’un des analystes politiques dont le jugement me paraissait le plus sûr, et parce que je partageais nombre de ses positions. Et, bien entendu, si ce que dit ce livre (que je ne connais qu’au travers des articles du Monde) est vrai, je ne vois pas comment je pourrais lui trouver la moindre excuse.
Mais je suis étonné dans les nombreux commentaires lus sur FB, comme dans les articles du Monde, de l’absence (ou la quasi-absence, je n’ai pas tout lu, bien sûr) de quelques informations complémentaires utiles, que n’importe qui peut vérifier en quelques minutes sur internet :
1) Camille Kouchner a pour fait d’armes le plus mentionné dans ses biographies la croisade entreprise il y a une dizaine d’années contre le vaccin contre le papillomavirus (responsable du cancer de l’utérus, qui cause un millier de morts annuels en France), au nom de plaignantes souffrant de supposés effets secondaires dévastateurs, croisade déboutée par la Justice en 2015, après de vastes études épidémiologiques prouvant sans conteste l’inanité de ces accusations.
2) Camille Kouchner est la compagne de Louis Dreyfus, principal administrateur du Monde comme de l’Obs. Or le Monde a lancé hier l' »Affaire » comme un événement majeur (principal titre sur la version électronique des heures durant, trois articles d’un coup). N’a-t-on pas là un cas exemplaire de mélange des genres
3) Antoine Kouchner (pourquoi transformer son prénom en « Victor »?), son frère et le plaignant potentiel (car il n’y a probablement pas prescription), est un scientifique universitaire brillant et très reconnu (j’ai consulté son long CV professionnel), en particulier dans le domaine pionnier des neutrinos. Outre qu’on peut se féliciter que le traumatisme infligé n’ait pas compromis sa réussite professionnelle, et sans que cela permettre de minimiser le poids de ce traumatisme, cela devrait au moins lui permettre de s’exprimer par lui-même. Pourquoi passer par une sœur au parcours intellectuel, disons, moins convaincant ? L’ouvrage de Camille K. ne lui impose-t-il d’ailleurs pas le devoir de s’exprimer ?
Je passe sur les posts écœurants lus ici ou là, faisant de l’inceste une pratique privilégiée des élites intellectuelles ou de la « gauche caviar » (ça n’existe pas ailleurs, vous êtes sûrs?), rappelant de près les élucubrations du mouvement pro-Trump Qanon sur le « complot pédophile » unissant les progressistes en politique.
Jean-Louis Margolin
Maître de conférences à l’Université d’Aix Marseille