Une start-up israélienne a créé un super-masque anti Covid-19 utilisable pendant un an. Des nanoparticules insérées dans le tissu tuent plus de 99 % des virus et bactéries qui entrent en contact avec lui. Autrefois PME anonyme, l’entreprise connaît une croissance exponentielle et vient d’entrer à la bourse de Tel Aviv.
À l’origine, lors de son lancement en 2013, Sonovia n’occupait qu’un étage d’un petit immeuble anonyme de Ramat Gan, dans la banlieue de Tel Aviv.Aujourd’hui, il lui en faut trois, sans compter les usines et le centre d’expédition. Shaï Herscovich, directeur et fils du fondateur, ne reconnaît plus ce qui fut longtemps une micro-entreprise : « Si tu étais venu ici il y a un an, tu m’aurais vu avec cinq Français en stage, dont quatre n’étaient pas payés. Maintenant, ici, on est plus de 50 personnes dans cet immeuble et encore plus de 200 autres fabriquent les masques dans le nord d’Israël.
Un revirement stratégique
En partenariat avec deux entreprises allemandes, la start-up a mis au point une technologie anti-bactérienne en février dernier, juste quand le coronavirus est arrivé. « La sonication consiste à utiliser des ondes sonores qui ont la puissance d’intégrer les nanoparticules d’oxyde de zinc dans des tissus de façon plus durable. Lors du contact du virus avec les nanoparticules qui se trouvent en superficie du masque se produit une réaction chimique. Ce phénomène d’oxydation produit des trous dans la membrane lipidique de la bactérie ou du virus et provoque sa mort », raconte le directeur de recherches Aaron Garzon.
« C’est l’effet du gel ou du savon en plus puissant. »
Le « sonomasque », barrière protectrice pour la personne qui le porte et pour ceux qui l’approchent, est utilisable un an et peut être lavé 55 fois. Il est devenu le produit phare de l’entreprise, dont l’idée de départ était de « traiter des draps ou bien des blouses au niveau hospitalier », précise Aaron Garzon.
Le masque peut être utilisé pendant un an et lavé toutes les semaines
Même si l’on se trouve en Israël, il n’y a pas de repos sacré du shabbat qui vaille : le centre d’appels de vente à distance de Sonovia fonctionne 24 heures sur 24 et sept jours sur sept. Dans le centre d’expédition pour le monde entier, situé dans le rez-de-chaussée minuscule d’un autre immeuble, s’empilent des masques de toutes les tailles et de toutes couleurs : noir, bleu, blanc, rose, gris, blue-jean… Certaines institutions ou entreprises comme la présidence de l’État d’Israël ou la NBA (le championnat de basket américain) ont commandé des masques personnalisés.
Après avoir été subventionnée par l’Union européenne à hauteur de 2,4 millions d’euros, l’entreprise est aujourd’hui autosuffisante grâce à son produit star.
Bientôt un hijab anti-bactérien?
En blouse blanche dans son laboratoire, Ilona Benais met à profit son BTS en bio-analyses et contrôles et sa licence en pharmacovigilance. Originaire de Sarcelles et arrivée le mois précédent en Israël, la jeune stagiaire de 23 ans apprécie le dynamisme de son employeur et l’état d’esprit qui règne dans la start-up nation : « Ici, ils sont beaucoup plus encourageants qu’en France. Par exemple, j’ai effectué un travail et on m’a félicitée plusieurs fois. En France, cela n’aurait pas été la même chose. « Les diplômés français sont d’ailleurs très recherchés pour leur niveau et la qualité de formation, souligne le directeur, Shaï Herscovich.
Ce dernier sait bien qu’un jour, grâce au vaccin, le marché du masque se tassera, mais il a déjà des idées pour la suite : « Les gens vont et viennent dans les taxis, alors voici un tapis pour voiture. Toutes les voitures seront donc antivirus et antibactériennes. »
« On peut utiliser nos produits partout : à l’hôtel, à l’hôpital, dans l’avion. Les masques, les vêtements… On veut même vendre des hijabs dans les pays arabes ! »
Même si Israël a annoncé qu’il normalisait ses relations avec plusieurs États arabes (Emirats Arabes Unis et Bahrein à la fin de l’été, Soudan à l’automne puis Maroc jeudi dernier) la fabrication de hijabs antibactériens « made in Israël » demeure un effet plutôt inattendu du coronavirus.
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