Il faisait moins 25 ce soir-là. Toute partie du corps découverte était assaillie par la terrible morsure du froid. Le temps que je prenne cette image sombre de moi et je ne sentais déjà plus mes doigts. Mais je continuais courageusement, bien emmitouflé, ma promenade qui a duré une heure.
La marche et la promenade sont deux activités tout à fait différentes.
La marche est rythmée par les mouvements des jambes, la pose alternée des pieds sur le sol, la cadence des bras qui maintiennent l’équilibre. Le cerveau est à l’écoute du cœur, du remplissage des poumons par l’oxygène de l’air qui, au niveau des alvéoles pulmonaires, va enrichir le sang vicié provenant des veines et le diriger, purifié et oxygéné , vers les artères par le biais du moteur cardiaque. Et les muscles reçoivent nutriments et oxygène. La marche est une activité physique où l’être est en vase clos, coupé du monde.
Dans la promenade, ce ne sont plus les muscles, apaisés, mais les sensations qui sont sollicitées. Le mouvement du corps n’est plus l’objectif, le corps lui même est juste un véhicule. Dans la promenade, l’âme s’ouvre, le regard est aiguisé, les sens sont éveillés pour capter l’indicible. L’être communique avec le monde.
La marche est un mouvement du corps, la promenade est une marche de l’âme.
© Mustapha Amarouche
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