Prospective : ce que sera 2021 en matière de tendances de consommation… pour anticiper l’année qui s’ouvre.
Les bases de données s’étendent. Après des années de refus, elles concernent, après autorisation du Parlement en début d’année, des informations individuelles et “sensibles”, comme la santé, les activités politiques et syndicales. La CNIL les autorise dans le cadre d’un usage “proportionné et mesuré”… mais les organisations continuent à poursuivre une logique de consolidation des données et de croisements, les consommateurs se divisant entre résignés et résistants. Tous se retrouvent dans leur mise en cause de l’autorité et de la confiance dans les représentants de l’État et dans les responsables des organisations ; des scandales et affaires sanitaires, sociaux, fiscaux, sexuels, criminels, continuent à émailler la time-line des médias et des infomédiaires, alimentant la machine à fantasmes, à altervérité, à réiformation, à complotisme et bigornent la vérité, à la face déjà altérée sous les coups de boutoirs des uns et des autres, tous pétris de “bon sens”.
“Après tout ce qu’on a vécu”, regardons devant !
En 2021 l’individu continue à chercher à se réassurer, entre autres par le rapprochement, la proximité. Une fois la pandémie Covid-19 passée, la fréquentation des commerçants de centre ville, la consommation de produits locaux, la consolidation du locavorisme et du localshopping… laissent ressurgir de vieilles habitudes : le e-commerce refait son retour, poussé par des consommateurs déculpabilisés. Ils achètent désormais massivement des produits technologiques ou d’équipement, majoritairement produits hors de France, accentuant le déficit de la balance commerciale française et expliquant que les éléments clé du commerce (prix, logistique…) mettent de côté les préoccupations écologiques ou sociales. Et les consommateurs poursuivent cette année des objectifs différents.
Le consommateur, victime de la pandémie, cherche à l’oublier, à la compenser, à la sublimer, à vaporiser ses souffrance,s son stress, ses angoisses, ses douleurs. Il doit résoudre les paradoxes qui émergent et réduire ses dissonances cognitives. Ses choix, moins explicables, justifiables, sont plus soumis à son “bon plaisir” retrouvé, palliatif au monde chaotique et anxiogène et dont il cherche à s’extraire… S’il n’a pas, lui-même, été extrait, licencié, mis en chômage technique, placé derrière un écran, isolé, violenté.
En 2021, consommation rime avec compensation et régression. L’imagination, la création, la communication interpersonnelle, la socialisation sont en ligne de mire… et cèdent sous le plaisir personnel et les désirs d’Eros, après des mois placés sous le signe de Thanatos.
Les exactes prévisions de Serge-Henri Saint-Michel
Ces prévisions sont exactes.
Ces prévisions sont fausses.
Elles s’appuient sur des biais de confirmation, d’autorité, de cadrage, de confiance, et sur une lecture projective, sélective de l’information.
Une fois les événements passés, l’auteur pourra revendiquer “l’avoir prévu”, montrant ainsi son expertise (vous saurez mettre les guillemets), tandis que le lecteur sera “certain de”, l’ayant su “de source sûre et bien informée”, chacun étant dans l’illusion de pouvoir et dans le fantasme de maîtrise.
Ces prévisions, cette prospective langue de bois truffée aux stéréotypes cherchent à rappeler que l’anticipation de notre futur n’est pas à rechercher dans les positions d’experts, mais en nous, pour nous permettre d’exister, en étant à la fois “en soi, en dehors de soi et dans le monde”.
Tout un programme. Et si c’était là une résolution à former pour 2021 ?
© Serge-Henri Saint-Michel
Serge-Henri Saint-Michel est Psychanalyste
Excellent article auquel je me suis laissé prendre, pour être étonné de la conclusion et des perspectives offertes ! Merci de nous inviter à réfléchir à notre consommation des médias et des “paroles d’experts” !