8 jours après Robert Castel et 24 heures après Rika Zaraï, j’ai le sentiment désagréable que toutes les personnalités que j’ai eu le bonheur de rencontrer nous quittent Les unes après les autres.
Je ne résiste pas au plaisir de vous raconter cette rencontre avec un être merveilleux : Ivry Gitlis.
C’était le 27 juillet 1983.
J’avais entendu sur une radio périphérique que Mort Shuman avait écrit une comédie musicale qui s’intitulait “Parisiennes” et dont Nicoletta tiendrait le rôle principal.
J’avais une amie qui travaillait sur TF1 avec PPDA.
Elle avait un carnet d’adresses bien fourni et n’hésitait pas à m’aider.
Il faut dire qu’à l’origine des radios libres, on disait “Radio privée”. Un jour le regretté Herbert Pagani me dit : Vos radios privées sont privées de tout“.
J’expose à mon amie “attachée de presse” mon projet d’émission.
Une heure plus tard, l’agent de Mort Shuman et Nicoletta m’appelle.
En moins de 5 minutes, elle accepte mon projet et me propose également de recevoir un violoniste dont j’entends le nom pour la première fois.
Jeudi 27 juillet1983.
Il est 19 heures. Le grand studio de Radio Shalom, rue Béranger, est prêt.
Les micros crachent un peu, mais ça marche.
C’est la 3 ème émission avec du public.
La salle contient 150 places.
Il en vient toujours 2 à 3 fois plus.
Certains acceptent d’être debout.
D’autres sont forcément refusés.
Je vois alors une femme fluette qui me dit être l’attachée de presse de Mort et Nicole.
Le temps des présentations est rapide.
Aussitôt elle me demande si j’ai pensé au Whisky.
Je tombe des nues, mais je comprends vite que c’est vital pour l’émission.
J’ai 200 francs sur moi.
J’envoie un jeune chez l’épicier du coin.
Il ramène 2 bouteilles de l’indispensable breuvage.
19h30: la salle est pleine à craquer.
Mort Shuman et Nicoletta ont déjà ingurgité une demi bouteille du breuvage écossais.
19h59. Je demande le silence.
20 h. Mon générique démarre.
Musique de Gabriel Yared.
Je lance Shalom Vesalam.
Suit une salve d’applaudissements.
Je commence l’interview.
Ils sont un peu éméchés.
Je me demande comment ça va se terminer.
Il y a 4 heures d’émission à couvrir.
Au moment où je ne pense plus du tout à lui, avec une demi heure de retard, un homme aux longs chauves blonds ou blancs surgit de nulle part.
Il tient un violon et c’est sans doute à cela que je le reconnais.
IVRY GITLIS.
Sans la moindre gêne. Sans se soucier du fait qu’on soit en pleine émission.
Que les micros sont ouverts.
C’est une effusion interminable avec Mort Shuman.
Ça donne à ce moment, à l’émission, un cachet que je ne retrouverai jamais.
Il embrasse Nicoletta et mes invités parlent à tue-tête, comme s’ils étaient dans un restaurant à Taïwan.
Le whisky coule et je crains d’être à sec.
Je deviens transparent.
Les deux hommes évoquent leur jeunesse à Manhattan, en toute simplicité.
La chambre d’étudiant qu’ils partageaient.
Quand Ivry GITLIS a joué, c’était le cœur de l’Amérique et celui de Jérusalem qui communiaient.
Merveilleux artistes au cœur rempli d’amour et à la simplicité incomparable.
La discussion reprit de plus belle.
En Yiddish.
On ne comprenait pas un mot.
Mais de voir ces 2 hommes si heureux de se retrouver ravissait l’assistance.
Ce soir-là, Cupidon avait accompli un miracle.
Un vent d’amour soufflait sur le studio.
Cet amour que seule la mort arrête.
Ce soir, après avoir lu ce souvenir, tapez IVRY GITLIS sur YouTube.
Je suis certain qu’il vous sourira de là-haut.
Après 98 ans de musique, il a décidé de donner ses concerts très haut.
Repose en paix.
© René Seror
moi, je ne me rappelle , quelques jours apres la fin de la guerre des 6 jours, quand tous les volontaires pour aller en Israel pour travailler dans les champs et les kibbutzim attendaient a l’aeroport, parmi eux il y avait M Servan Schreiber, des
journalistes et autres, Yvry Gitlis tira son violon et joua , nous pleurions d’emotion. Surement qu’il continuera a jouer la-haut