Charles Rojzman. À quoi sert la victimisation? À remplacer des élites par d’autres élites

Lilian Thuram lors d’une interview le 2 décembre dans laquelle il parle du racisme, Paris.© CHRISTOPHE SAIDI/SIPA Numéro de reportage : 00995993_000015

 « Les joueurs noirs ne sont que des corps. Avant ils couraient pour éviter les coups de leurs maîtres dans les plantations, aujourd’hui ils courent pour éviter les tacles sur les terrains de foot« , Vikash Dhorassoo sur France Info en décembre 2020. 


À quoi sert la victimisation ? La diabolisation d’un oppresseur imaginaire ? Le deux poids deux mesures entre un racisme blanc et un racisme noir ou arabe, l’un étant légitime et témoignage d’une résistance, l’autre odieux et pervers ? Pourquoi faire croire qu’il existe des discriminations « raciales » ou plutôt une généralisation de ces discriminations, car si des discriminations existent réellement en fonction de la couleur de peau ou de l’origine, elles existent également pour l’âge ou les physiques disgracieux ou encore la classe sociale ? En réalité, si on doit reconnaître que de véritables discriminations à l’encontre de personnes de couleur ou de religion musulmane existent et qu’elles représentent une souffrance pour les personnes concernées, la discrimination dite positive égale ou dans certains cas surpasse une discrimination négative à l’encontre des minorités qui s’estiment toujours discriminées.

Dans une entreprise ou une institution d’État, une femme franco-maghrébine diplômée et « qui en veut » aura parfois le dessus sur d’autres personnes également qualifiées. Ce sera également le cas, de plus en plus souvent, pour des hommes diplômés et maîtrisant bien leur domaine de compétence.

Si certaines discriminations sont malheureusement toujours présentes dans le logement, l’embauche ou encore dans les relations tumultueuses avec la police, elles s’expliquent d’une part par le comportement des personnes, leur façon de s’exprimer ou de se vêtir et d’autre part par une méfiance globalisante à l’encontre de groupes humains souvent auteurs de délits ou d’incivilités, ayant une adresse dans un quartier considéré comme dangereux ou simplement sensible. L’affaire du CV anonyme rapidement supprimé a montré les limites de l’affirmation que le prénom ou le nom suffisaient à exclure une candidature.

Le combat antiraciste plutôt que le combat social

La mise en avant des minorités par la publicité et une grande partie des médias semble démontrer qu’une classe sociale a fait sienne un combat antiraciste qui désormais remplace le combat social, pour des raisons parfois pas toujours avouables, en fonction de certains intérêts économiques et parfois pour des raisons sentimentales chez certaines personnes de bonne foi qui veulent faire preuve de tolérance et de générosité.

Alors à quoi sert donc la victimisation si ce n’est la diabolisation d’un oppresseur systémique ? À quoi servent les revendications identitaires qui cachent trop souvent un racisme, une haine de la population autochtone majoritaire ?

À conquérir le pouvoir, et à remplacer des élites par d’autres élites.

À l’affirmation identitaire « Nous sommes chez nous », la réponse en miroir de certains leaders autoproclamés des minorités est : « C’est nous qui désormais sommes les vrais Français. Si vous n’êtes pas contents de cet état de fait, vous pouvez partir ailleurs. » Les véritables victimes des inégalités sociales deviennent peu à peu la chair à canon d’activistes en mal de pouvoir qui promeuvent désormais une véritable guerre des races et des religions, qui ne peut, pensent-ils, que leur être profitable.

© Charles Rojzman

Source: Causeur. 19 décembre 2020

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