Voilà. Le Canard fait le job et conseille de lire L’État contre les juifs. Vichy, les nazis et la persécution antisémite.
Sur Vichy et la Shoah, on pensait tout savoir. Le livre de Laurent Joly démontre qu’il reste encore à découvrir.
Répondant à une série de questions clés, Laurent Joly renouvelle profondément l’histoire de la persécution des juifs sous l’Occupation et balaie bien des idées reçues.
Pourquoi, dès l’été 1940, le régime du maréchal Pétain a-t-il impulsé une politique antisémite ? Pourquoi a-t-il accepté de contribuer aux déportations massives décidées par les nazis en 1942 et d’assumer pleinement ces opérations, à Paris comme en zone libre ? Dans quelle mesure l’administration a-t-elle collaboré à la politique génocidaire ?
S’appuyant sur de nombreuses sources inédites, restituant les marges de manœuvre des agents (du dirigeant étatique jusqu’au simple gardien de la paix) et les effets concrets de leurs décisions, Laurent Joly écrit une histoire « incarnée », au plus près des exécuteurs, des victimes et des témoins.
Le lecteur apprendra ainsi que « le statut d’octobre 1940 » n’est pas une simple transposition de la tradition antisémite française : Vichy cherche surtout à suivre le modèle nazi.
Sur le Vel d’Hiv, il découvrira une histoire qu’on ne lui a jamais racontée : l’opération du point de vue policier.
Enfin, il réalisera que l’idée selon laquelle la persécution des juifs a été occultée par la justice de l’épuration mérite d’être fortement nuancée.
Au bout du compte, Laurent Joly montre que si toute la puissance de l’État a été mobilisée pour persécuter puis rafler les juifs, les logiques propres à l’appareil étatique, ses objectifs contradictoires, ses pesanteurs et finalement les résistances ont contribué à ce que la majorité des juifs de France, frappés de plein fouet par la persécution, échappent malgré tout à la mort.
Dans Dénoncer les Juifs sous l’Occupation, CNRS, 2017, Laurent Joly explique avoir retrouvé les registres du courrier du Commissariat général aux questions juives : « de janvier 1942 jusqu’à la Libération », répond-il à Diane Galbaud – Sciences Humaines Septembre-Octobre 2017, « j’ai dénombré 1200 lettres de dénonciation, soit environ un courrier sur 30. Quant à la brigade de la police française chargée, à Paris, d’exploiter les délations reçues par la Gestapo, elle a arrêté 5 000 Juifs de 1942 à la fin de l’Occupation, dont la moitié après dénonciation. Au total, plusieurs milliers de Juifs ont été dénoncés à Paris entre 1940 et 1944. Cela reste considérable.
Dès 1941, ce sont les rafles qui dominent ; en 1942, le régime de Vichy livre ainsi pas moins de 42 000 Juifs aux Allemands. Toutefois, la moralité populaire est heurtée par l’arrestation des enfants et des femmes. En 1943, Vichy refuse de rafler des Juifs naturalisés. La Gestapo essaie alors de ménager l’opinion publique, en privilégiant une logique de traque par une police spécialisée, la « brigade Permilleux », dans la discrétion. Elle use de prétextes pour arrêter les Juifs : soit ils sont étrangers, soit ils sont en infraction du fait de l’une des nombreuses ordonnances quasiment impossibles à respecter (par exemple, les Juifs doivent faire leurs courses entre 15 h et 16 h). Dans ce contexte, l’arme de la délation se révèle décisive. Pour preuve, sur les 15 000 Juifs déportés en 1944, probablement un tiers le sont sur dénonciation ».
A la question de savoir Qui sont les Français qui écrivent ces lettres, il répond: « La délation n’est pas un acte banal car il faut surmonter l’interdit. Le code de conduite admis par la grande majorité de la population consiste à ne pas dénoncer, surtout aux Allemands. De surcroît, à partir de 1942, les délateurs savent que les victimes risquent la déportation et peut-être la mort. Ceux qui agissent par militantisme politique, en étant convaincus de faire leur devoir, restent minoritaires (environ 20 %). Dans la plupart des cas, c’est la haine ou la jalousie qui motivent l’acte. Ainsi, un père dénonce la fiancée de son fils car il refuse leur mariage. Autre exemple, un coiffeur accuse son concurrent juif de continuer à exercer son métier malgré la mise sous administration provisoire de sa boutique. La situation de pénurie accroît encore la haine… Le délateur se dit qu’il va être débarrassé de sa victime, ce qui lui donne un sentiment de toute-puissance ».
A la question de savoir si ces délateurs ont été poursuivis en justice après la guerre, il répond: « La plupart d’entre eux sont restés anonymes. Ainsi, 70 % des lettres reçues par le Commissariat général aux questions juives ne sont pas signées. Par ailleurs, pour enclencher une procédure judiciaire, il faut déposer une plainte. Or, beaucoup de victimes ne sont pas revenues des camps. Au total, la Cour de justice de la Seine a traité 8 000 cas de collaboration, dont 240 dénonciations de Juifs (sur 1 600 délateurs poursuivis). Un tiers de ces délateurs a été acquitté et un autre tiers a écopé de légères peines de prison (entre trois mois et cinq ans), souvent par manque de preuves. Ils ont été condamnés à mort ou à perpétuité quand les conséquences de leur acte se sont révélées dramatiques, par exemple cette concierge qui avait envoyé une femme juive enceinte à la Gestapo. Mais au final, seuls trois ont été exécutés. Quelques années plus tard, les délateurs ont tous été libérés à la suite des lois d’amnistie… »
La question qui se pose est celle-ci: ce type de « différends » doit-il être tranché par la Justice. A mon sens: Non. Des débats sérieux devraient pouvoir éclairer jusqu’à aller vers la vérité, qui ici précisément est fort possiblement atteignable.
Enfin, Que répondre à ces mauvais coucheurs fan hystériques et aveugles d’Eric Zemmour et qui viennent me reprocher « de semer la division dans notre camp » ( sic ) au lieu que « d’aller m’en prendre à l’ennemi islamiste« …
Le fait que Zemmour soit Juif ne l’oblige ni ne l’exonère, chers Lecteurs. Il est des Juifs gênés aux entournures. D’autres honteux. D’autres qui vous portent ça en étendard.
Je me contente pour ma part d’être fièrement et essentiellement une française juive ( J’ai bien compris qu’il était impossible, l’antisémitisme faisant, d’être juste « un peu juive » ), mais résolument libre de mes critiques. Que Zemmour soit juif ne m’obligera jamais à le « suivre » aveuglément
Bonjour Sarah Cattan,
Je suis d’accord avec l’ensemble de votre article. Personnellement, je suis en général pleinement d’accord avec Eric Zemmour que je suis sur CNews, tous les soirs. Je crois bien que le seul point de désaccord que j’ai avec lui, c’est bien contre son affirmation que Pétain aurait tout fait pour sauver les juifs Français.
Je trouve très bien que vous ayez écrit cet article, avec lequel je suis d’accord mais je continue et continuerai de suivre (non pas aveuglément) Eric Zemmour pour son intelligeance, sa présence d’esprit, son immense culture etc…
Chère Sarah
Oubliez les commentaires imbéciles en particulier ceux émanant de notre groupe (si je puis dire).
L’essentiel est d’essayer de cerner autant que possible la vérité historique même si c’est difficile.
Il est donc impératif qu’un débat exhaustif soit organisé devant la juridiction saisie en confrontant en chair et en os Laurent joly et ceux qui abondent dans ce qu’il dit , et de l’autre côté Alain Michel et ceux qui soutiennent la même thèse que lui.Limor Yagil par exemple.sur une controverse relativement circonscrite , avec des intervenants dont l’honnêteté ne semble contestée par personne , trouver la vérité ne semble pas insurmontable.
Les juges vont ils remplir cette mission ?
Hélas rien n’est moins sûr .
A Serge, et aussi à Boccara. J’ai toujours été là pour défendre Zemmour lorsqu’il l’a fallu. Moi aussi, cher Serge, je l’écoute, le lis, le trouve nécessaire. Je n’ai nullement le sentiment de « trahir » qui que ce soit en écrivant quelque chose à son encontre et qui me choque. J’aurais aimé, toutefois, que la chose se réglât autrement. Que le sujet soit débattu ailleurs. Il le mérite. Bien à vous. Sarah Cattan
Zemmour comme « Tout le monde a ses raisons » comme disait Jean Renoir dans son film la règle du Jeu, je crois?
Il faudrait aller le lui demander « Not on Air »!
Il pourrait alors être moins Poseur…. et répondre point par point aux debaters compétents évoqués ci-dessus!?
Mais en France Hystérique, qui donc a besoin d’un débat honnête et Scientifique?
Sous Vichy,les francais de souche distinguaient trois categories de Juifs:
-les « vieux francais »,etablis en France depuis des siecles,avec parfois des noms alsaciens.Ils etaient completement integres,personne ne leur voulait du mal,hormis des mediocres sans culture,ni instruction ou parcours professionnel.
-les Juifs mediterraneens:porteurs de noms espagnols ou portugais,dont l accent amusait un peu.Generalament commercants ou artisans,ils faisaient partie du paysage social,meme en province,et globalement etaient acceptes.
-les Juifs d Europe de l Est:les anciens,dont les AGPeres avaient servi sous Napoleon en Russie et en Pologne,leur collaient une image de proscrits issus de pays dangereux.Chez les catholiques,les racontars de vieilles bigotes polonaises avaient du credit,et les mettaient dans le meme sac que les protestants,qui etaient hais.
Quand le mouchardage devint remunere,ce fut une veritable competition entre les grandes canailles et les petits esprits de la « France profonde ».Ma ville de naissance,40 000 habitants (1 % de la France) a enregistre 5000 lettes de denonciation tous azimuts (resistants de toutes tendances,Juifs,gaullistes,communistes francais et internationaux).Un journaliste a evoque 5 millions de lettres,de 1941 a 1944,ce qui nous place encore une fois dans la moyenne nationale (1 %) c est a dire 10 lettres/mouchard.C est le niveau moyen de la collaboration.