Raphaël Nisand – Darmanin une force devenue faiblesse

Il s’en sortira peut-être mais le moment semble plus que délicat pour le ministre de l’intérieur.

Gérald Darmanin. Wikipédia CC BY 2.0

Jusque là tout semblait lui réussir et c’était l’un des hommes fort du gouvernement, la jambe droite du Président. Il avait rassuré la police et fait passer envers et contre tout la loi de sécurité globale avec une large majorité à l’assemblée nationale malgré l’indignation de la gauche.

Mais en quelques jours l’or s’est transformé en plomb et le ministre de l’intérieur est à présent sur la sellette.

La vidéo montrant 3 policiers rouant de coups Michel ZECLER un producteur quadragénaire à la peau noire dans son propre studio d’enregistrement a causé des dégâts dans l’opinion.

C’est la confiance dans une République impartiale et dans une police utilisant la violence à bon escient qui sont lourdement remis en cause.
La justice a beau être saisie rapidement et se montrer intraitable , la confiance n’est plus là.

Déjà quelques jours avant lors de l’évacuation de plusieurs centaines de migrants qui s’étaient installés place de la République sur l’instigation des associations, il y avait eu des violences qui avaient dépassé la stricte nécessité.

Or le donneur d’ordre de l’évacuation de la place de la République était sans doute le ministre de l’intérieur et son interlocuteur direct le préfet de police.

Loin de couvrir leurs hommes ils ont accusé les policiers mobilisés en catastrophe d’être responsables des mauvais gestes.

La police contrainte par son ministre d’intervenir dans des conditions difficiles et en catastrophe, ne trouve donc aucun soutien hiérarchique et fait au contraire office de fusible. Et le ministre de l’intérieur d’accuser la police de « déconner ».

La police est désarçonnée, l’opinion publique aussi et voici que le Président de la République a ressenti le besoin de convoquer en urgence Monsieur DARMANIN à l’Elysée et a été contraint de s’interposer entre le ministre et l’opinion publique plusieurs fois en quelques jours car rien n’allait plus.

De plus le premier ministre lui-même, conscient du trouble de l’opinion, a fait une magistrale fausse manœuvre en parlant de faire réécrire par une commission l’article 24 de la loi de sécurité globale voté la veille par la majorité.

Les Présidents des deux assemblées ont dès lors vivement protesté contre cet abaissement programmé du parlement et le groupe En Marche s’est senti désavoué.

Monsieur CASTEX a du faire machine arrière en catastrophe. Les importantes manifestations du weekend ont montré que c’est à présent la loi sécurité globale elle-même qui pose problème. Il y a fort à parier que ce texte devra être purement et simplement retiré alors qu’il pouvait avoir son utilité.

Le ministre de l’intérieur c’est traditionnellement la pierre angulaire de l’ordre gouvernemental mais depuis quelques jours il est celui par qui le scandale et le désordre arrivent. Alors que la France est confrontée à une menace terroriste permanente le ministre de l’intérieur a par son action politique déstabilisé dans un moment charnière l’édifice gouvernemental.

Pas sûr du tout que Monsieur DARMANIN reste durablement place Beauvau après cet épisode.

Raphaël Nisand
Chroniqueur sur Radio Judaïca

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