Rien n’est plus extraordinaire que cette juxtaposition française de la chicote quotidienne et d’un apocalyptique chaos. « L’amour excessif de la licence, qui pénètre jusqu’à l’intérieur des familles conduit à l’anarchie et mène ainsi à la tyrannie (Aristote République, VIII) ».
Mais aujourd’hui, anarchie et tyrannie vont de pair, sévissent non pas comme des étapes successives de la corruption d’un système, mais en parallèle, « en même temps ». La puissance publique, comme aux pires heures sombres du Moyen-âge, s’est donné des boucs émissaires et des coupables de l’épidémie. Avec un zèle méticuleux qui fait froid dans le dos, et sans l’once d’une justification, elle s’acharne contre ceux qui n’ont pas les moyens de se défendre: millions de petits commerçants, libraires, restaurateurs, ruinés, dévastés, poussés au suicide, pratiquants, étudiants privés de leurs cours, saisonniers des stations de skis, citoyens isolés enfermés chez eux et condamnés à justifier chaque sortie au moyen d’un Ausweis. Ceux là, sont implicitement traités comme les propagateurs potentiels du covid 19 et une main de fer impitoyable s’abat sur eux.
Mais à côté, la puissance publique ne peut que baisser les bras et reculer devant de gigantesques manifestations violentes qui se déchaînent dans toute la France. Des centaines de milliers de manifestants et de casseurs, massés les uns contre les autres, formant les plus monumentaux foyers (clusters) de contamination.
La jauge de 8 m2, imposée aux commerçants, elle était respectée samedi place de la Bastille? Et les attestations des casseurs, correctement remplies? (Tellement plus facile de verbaliser une personne âgée – 135€ – pour une rature sur son laissez-passer!)
Et songer à la misère du petit libraire et ses trois clients par heure, obligé de fermer pendant un mois, en comparaison avec cette foule immense et compacte, donne le vertige…
Au fond, c’est toujours la même histoire. Rien n’est plus facile que de soumettre à coups de menton mussoliniens la France pacifique et laborieuse. Mais face à la violence et au chaos, mieux vaut baisser lâchement les yeux et oublier covid-19. Deux poids deux mesures. Fort avec les faibles et faible avec les forts, nouvelle devise nationale?
© Maxime Tandonnet
Haut fonctionnaire français, ancien conseiller à la Présidence de la République sur les questions relatives à l’immigration, l’intégration des populations d’origine étrangère, ainsi que les sujets relatifs au ministère de l’Intérieur, Maxime Tandonnet, contributeur régulier du FigaroVox, a notamment publié André Tardieu. L’incompris (Perrin, 2019).
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