Lydie Burillo. Le pauvre, ça bouffe des pâtes et ça dit « merci »

C’est comme Noël, ça revient à date fixe… le pauvre va avoir faim.
Avant, en été quoi, ça n’était pas le cas. Durant les beaux jours, le pauvre trouve toujours des glands en grattant la terre, cueille des baies pour se nourrir… parce que c’est bien connu, le pauvre, bah ça ne bouffe pas l’été, ça vit sur ses réserves… ça se nourrit d’amour et d’eau fraîche ! Bientôt, le froid arrivant, vous allez donc être sollicités par les campagnes des Restos du Cœur, de la Banque Alimentaire et consorts, soit via voie de presse, soit directement à l’entrée des magasins.

Pour avoir travaillé en lien avec la Banque Alimentaire, j’ai pu observer un certain nombre de comportements assez aberrants de la part des donateurs. J’aimerais donc vous en faire part ici, afin que vos futurs dons soient plus en adéquation avec la réalité des besoins.

T’es pauvre, t’as pas d’plaisir !

Déjà, n’attendez pas les campagnes officielles pour donner.
Contrairement à l’idée reçue, le pauvre mange toute l’année. Si si. Sans quoi, curieusement, il meurt. Je sais, aucune dignité, c’est pathétique. Sauf exception, le brave donateur achète des aliments peu coûteux qui tiennent au corps, à savoir, des sucres lents. Les réserves des centres de distribution, des centres d’accueil, etc, croulent donc sous le riz et les pâtes. Et tout ça sans sauce ! Ah là là, l’indigent n’est pas gourmet, alors à quoi bon faire des frais superflus ?!
Le pauvre qui, en France, dit ne pas pouvoir bouffer, c’est bien parce qu’il refuse de faire appel aux aides existantes. Soit par fierté, soit pour des raisons liées au refus d’acceptation des animaux dans les centres d’accueil, etc.
Quand on a la chance de bénéficier, comme dans certains secteurs, de la générosité hebdomadaire de grandes surfaces, les périodes de fêtes sont fastes… foie gras, saumon et autres douceurs peuvent s’inviter aux tables des plus démunis. Mais ce n’est malheureusement pas le cas partout, d’où les réguliers appels aux dons.
Cependant…

De l’hygiène ? Et puis quoi encore ?!

Aimez-vous les sucreries ? Et les céréales pour le petit déjeuner ? Vous en achetez régulièrement pas vrai, surtout si vous avez des gosses ?!
Quand vos gamins étaient bébés, les nourrissiez-vous à l’eau ou au lait, notamment maternisé ? Ajoutiez-vous des céréales en poudre dans les biberons, ou considériez-vous que c’était trop nourrissant ?
Vos bébés étaient sans doute des surdoués n’ayant nul besoin de couches… Et vous-même n’utilisez jamais de papier toilette…
Les produits d’hygiène ? Vous ne vous en servez sans doute pas, mais allez juste vous baigner à la rivière… savon, déodorant, etc… Ça ne sert à rien n’est-ce pas ?

Eh bien dites-vous qu’une personne nécessiteuse a les mêmes besoins que vous ! Qu’elle se torche, se lave, a besoin de tampons quand c’est une femme, apprécie de manger des aliments sucrés et bons pour son moral. Elle n’est pas uniquement fan de pâtes et de riz !
Ses gosses ont besoin de couches, de produits spécifiquement adaptés à leur âge, tant d’un point de vue alimentaire que d’hygiène.

Alors, vous qui me lisez, la prochaine fois que vous ferez un don, s’il vous plaît, oubliez les pâtes et le riz. Pensez plaisir, hygiène et enfants. Il y aura toujours assez de gens pour continuer à imaginer qu’un nécessiteux ne mange que des féculents et n’a droit ni aux douceurs, ni à l’hygiène.

© Lydie Burillo
Simple militante laïque

Plusieurs vies, du Droit à l’Insertion via la Communication





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