Le 26 novembre 1942, le navire allemand S.S. Donau quitta Oslo, en Norvège, avec 532 Juifs, en route vers le camp de concentration d’Auschwitz.
Au total, 761 Juifs norvégiens furent envoyés dans des camps de la mort, dont seulement 26 survécurent à la guerre.
Lorsque la Norvège adopta une constitution en 1814, elle comprenait une clause interdisant aux Juifs et aux jésuites d’entrer ou de résider dans le pays. Cette loi ne fut abrogée qu’en 1851. Un demi-siècle plus tard, les pogroms en Russie conduisirent à un afflux de Juifs cherchant refuge en Norvège.
Une autre vague d’immigration arriva dans les années 1930, quand les Juifs commencèrent à fuir l’Allemagne nazie, puis les pays sous son occupation.
En 1942, il y avait environ 2 200 Juifs vivant dans l’État scandinave, la plupart à Oslo et Trondheim. L’Allemagne envahit la Norvège le 9 avril 1940, et malgré l’arrivée de troupes françaises et britanniques pour aider à sa défense, toute résistance avait été vaincue le 10 juin. (La famille royale et les membres du gouvernement s’échappèrent et mirent en place un gouvernement en exil à Londres.)
De cette date jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale, le pays fut gouverné par une combinaison de 300000 troupes d’occupation dirigées par le Reichskommissar Josef Terboven et un gouvernement fantoche dirigé par Vidkun Quisling, le chef du parti nazi norvégien.
Les mesures anti-juives commencèrent en mai 1941, lorsque toutes les radios appartenant à des Juifs furent confisquées. Des registres détaillés de tous les Juifs du pays furent rassemblés en recoupant des listes d’autorités gouvernementales et des documents exigés des synagogues du pays et d’autres organisations juives.
Les Juifs devaient avoir la lettre «J» estampillée en rouge sur leurs cartes d’identité. Leurs entreprises et leurs propriétés familiales furent légalement déclarées comme en faillite, ce qui autorisait l’État à saisir et redistribuer leurs actifs. Des rafles massives de Juifs commencèrent en octobre 1942, date à laquelle environ 150 personnes avaient fui la Norvège pour la Suède neutre.
Pour commencer, les hommes de plus de 15 ans furent arrêtés et détenus dans deux camps de concentration en Norvège. Puis, le 26 novembre, une force de 300 policiers et miliciens norvégiens rassembla également les femmes et les enfants juifs du pays.
Hommes, femmes et enfants furent envoyés au port d’Oslo, où ils furent embarqués à bord du Donau pour se rendre à Stettin en Pologne.
Arrivés là-bas le 30 novembre, ils furent envoyés par train à Auschwitz, où 346 d’entre eux furent conduits directement dans les chambres à gaz. Les 186 personnes restantes furent envoyées au sous-camp de Birkenau comme esclaves.
À la veille de la rafle du 26 novembre, les membres de plusieurs organisations de résistance norvégiennes furent avisés de l’action imminente et informèrent rapidement autant de Juifs que possible. Grâce à cette action, au moins 900 d’entre eux purent se rendre en Suède et échapper à la déportation. Le gouvernement suédois distribuait assez facilement des papiers de naturalisation via le consulat à Oslo.
Le 25 février 1943, 158 autres Juifs qui n’avaient pas été inclus dans la déportation antérieure furent expédiés à Stettin via le S.S. Gotenland, et finalement à Auschwitz, où tous sauf 26 (ou 28) furent immédiatement envoyés à leur mort.
En 1996, le gouvernement norvégien nomma un comité chargé d’examiner le sort des Juifs du pays pendant la guerre et de déterminer ce qui était arrivé aux biens qui leur avaient été confisqués. En conséquence, une somme de 450 millions de couronnes norvégiennes (environ 62,5 millions de dollars) fut distribuée, en partie aux survivants et à leurs héritiers, en partie aux institutions juives.
Aujourd’hui, la Norvège compte une communauté juive d’environ 1 500 personnes.
© Charles Yisroel Goldszlagier
Charles Yisroel Goldszlagier est le fondateur du Groupe Yiddish pour tous
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