Renée Fregosi. Contre l’islamisme: pas de « tenaille identitaire » qui vaille!

Renée Fregosi

Contre l’islamisme: pas de « tenaille identitaire » qui vaille!

Ce concept est une intimidation de gauche malvenue.
Tandis que la lutte contre l’islamisme sous toutes ses formes appelle de plus en plus une mobilisation résolue, les complices et les idiots utiles de ce totalitarisme du troisième type s’évertuent à jeter le discrédit ou le venin du soupçon sur les prétendues intentions cachées de ceux qui s’y opposent.


Aux dénonciations de l’offensive islamiste, ils entendent attaques contre tous les musulmans.

À la résistance à la réislamisation forcée des Français musulmans, ils crient à la stigmatisation et à l’islamophobie.

À la demande de mesures spécifiques plus efficaces contre le terrorisme, ils répondent « amalgame » et tentation liberticide.

À une quelconque évocation de la question migratoire, ils dénoncent « l’obsession du Rassemblement national ».

Et bien sûr, à la critique de leur islamo-gauchisme, ils rétorquent « fachosphère » !

Islamisme et extrême-droite renvoyés dos-à-dos

Alors certains anti-islamistes de gauche se laissent intimider par les insultes ou tout simplement les menaces de dénonciation pour dérives droitières et surtout par l’anathème de « faire le jeu de la droite et pire encore de l’extrême droite ». Comme hier, les mêmes ou d’autres renonçaient à critiquer le bolchevisme puis le stalinisme à ce même motif, ils affaiblissent aujourd’hui la lutte contre l’islamisme en refusant de faire front contre ce totalitarisme quels qu’en soient les combattants. Oubliant d’ailleurs que contre le nazisme, des Français de tous horizons politiques se sont retrouvés à Londres et à Alger, des Socialistes aux Croix de feu.

Pour empêcher le basculement dans le prétendu « camp du mal », a alors été inventé le concept de « tenaille identitaire ». L’intention est louable qui voudrait affirmer la nécessité de lutter à la fois contre l’islamisme et contre l’extrême-droite, les renvoyant dos-à-dos à leur luttes « identitaires » respectives. Mais cette « tenaille identitaire » imaginée qui instaure une symétrie entre djihadistes de l’islam et « croisés » de « l’Occident chrétien », laisserait accroire que la lutte contre l’islamisme serait une lutte « identitaire » condamnable en soi, ou que les seuls combattants contre l’islamisme seraient les groupes violents dits « identitaires » d’extrême droite. Et ispo facto, lutter contre la terreur islamiste serait un mauvais combat, puisque mené par l’extrême droite.

Il s’agit là d’une triple erreur: philosophique, stratégique et tactique.

Il est plus que temps de cesser de culpabiliser d’être occidental ou de souhaiter le devenir, et de se donner tous les moyens de faire reculer l’offensive islamiste
D’une part, c’est faire l’impasse sur une réalité dont le déni est précisément la faiblesse d’une certaine gauche hantée par « l’islamophobie » : la lutte contre l’islamisme ne se réduit pas à la lutte contre le terrorisme mais consiste en un combat complexe notamment contre l’idéologie qui le sous-tend. L’islamisme prend différentes formes et utilise tous les moyens, insidieux comme violents, pour arriver à ses fins, à savoir l’islamisation c’est-à-dire l’imposition d’un islam rigoriste comme mode de vie, comme culture, comme civilisation alternative au modèle occidental. Ceux qui s’opposent à la conception islamiste sont donc bien plus divers et plus nombreux que les identitaires d’extrême droite ou d’ailleurs.


Un renoncement implicite
Car d’autre part, refuser de défendre l’Occident contre ses ennemis islamistes, c’est précisément endosser la conception erronée qu’en a une certaine extrême droite mais qui n’est pas juste et qui d’ailleurs n’est pas celle que ciblent les islamistes. L’idéologie islamiste rejette en effet l’Occident en bloc et notamment le pluralisme de son identité : l’islamisme est anti-occidental c’est-à-dire tout autant anti-chrétien qu’anti-juif, anti-athée, anti-laïque, anti-démocratique, anti-universaliste, anti-humaniste. Se revendiquer de la culture, de la civilisation ou de l’histoire occidentale n’est en rien une attitude « de repli identitaire » parce que ce n’est ni forcément une attitude d’exclusion de l’Autre, ni forcément un reniement d’autres éléments d’une identité individuelle toujours multiple, et encore moins un refus de partager des valeurs universelles par définitions accessibles à tous.

Enfin, cette conception de la « tenaille identitaire » coince de fait les anti-islamistes de gauche dans ses mâchoires et entrave chez eux toute action de résistance ou de contre-offensive contre l’islamisme. L’expression elle-même intériorise donc l’impuissance supposée des Occidentaux « tenaillés », face à l’islamisme conquérant. Dangereux aveu de faiblesse ! Renoncement implicite à lutter contre les ennemis islamistes au motif qu’en le faisant on apporterait de l’eau au moulin d’ennemis aussi dangereux pour la République. Et le mécanisme d’inversion de la responsabilité peut se poursuivre.
Ce serait la faute des suprématistes blancs si les « racisés » rejettent tous les Blancs. Ce serait la faute aux antimusulmans si les islamistes prospèrent. On n’est pas loin finalement de l’argumentation selon laquelle ce serait les pays riches avec leurs inégalités sociales, les Occidentaux avec leurs engagements militaires, les Français avec leur manie de blasphémer, les enseignants avec leur entêtement à porter une laïcité « de combat », les femmes avec leurs tenues « impudiques », qui provoqueraient les réactions « compréhensibles » de ces musulmans passionnés. Tous ceux qui refusent d’endosser une responsabilité qu’on leur impute indûment dans la violence islamiste seraient forcément inféodés à l’extrême droite.
Charia contre lois de la République
Pas question alors d’avancer avec Samuel Huntington, que l’immigration n’est pas un problème en soi à condition « que les nouveaux immigrés et leurs enfants soient assimilés culturellement dans le pays d’accueil et plus globalement dans la civilisation occidentale ».

D’autant plus si l’on ajoute avec les sociologues nord-américains Efraim Benmelech et Esteban Klor, que la radicalisation ne vient pas tant de « conditions économiques ou politiques mais plutôt de l’idéologie et de la difficulté à s’assimiler aux sociétés homogènes de l’Ouest », et que la tendance à résister à l’adoption des valeurs occidentales est proportionnelle au volume des populations en jeu.
 Davantage encore si on souligne les résultats de la dernière enquête Ifop pour le Comité laïcité et République qui fait ressortir un attachement plus grand à la charia qu’aux lois de la République, voire un rejet de la France chez une large majorité des jeunes musulmans d’origine immigrée.

Et si on ose enfin affirmer, toujours chiffres à l’appui, que le niveau de l’immigration des vingt dernières années est d’une importance comparable à celui qu’a connu la période 1945-1975 comme le prouve Michèle Tribalat, c’en est fait de nous : nous avons basculés dans le camp des « antirépublicains nauséabonds ».

Il est au contraire plus que temps de rejeter au loin la « tenaille identitaire » imaginaire, de regarder la réalité en face, de cesser de culpabiliser d’être occidental ou de souhaiter le devenir, et de se donner tous les moyens de faire reculer l’offensive islamiste.

Tous les républicains sont les bienvenus dans la lutte contre l’islamisme, comme hier contre les terribles totalitarismes du 20ème siècle.

Renée Frégosi est philosophe et politologue. Elle est Maître de conférences à Sciences Po. Son dernier ouvrage est Français encore un effort… pour rester laïques ! Editions Lharmattan. 2019.

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