J’étais au musée avec mon époux, nous admirions une rétrospective au Grand Palais du maître du clair obscur: Georges De La Tour. Un tableau attirait de nombreux visiteurs; je m’approchais. Je me tenais devant, immobile. J’étais subjuguée par sa lumière, ses couleurs et par le contraste entre les deux personnages du tableau. Georges de la Tour, par la magie de ses pinceaux, nous montrait la déchéance de Job se traînant presque aux pieds de sa femme. Elle était richement vêtue, lui presque nu. Son épouse occupait les deux tiers supérieurs du tableau, exposée en pleine lumière et lui dans l’obscurité. Le contraste entre sa beauté et celle misérable de Job agenouillé était saisissant. Elle était dans un halo de touches jaunes et ocres qui entourait sa robe aux plis généreux et sa coiffe élaborée. Job était dénudé et décharné, il occupait le tiers inférieur de la toile et semblait l’implorer. Debout, elle était majestueuse, éclairée d’une lumière dorée, la nudité de Job à peine dissimulée par un pagne déchiqueté. Lui était accroupi, les pieds nus, malade et misérable, le tout peint dans un halo blafard.
Tel Job déchu, en un jour Rivka a tout perdu
Très vite une image s’est interposée entre ce que je voyais et l’histoire de Rivka, une parente dont la déchéance après l’éclat évoquait pour moi celle de Job.
Tel Job déchu, en un jour Rivka a tout perdu. Elle s’est retrouvée à la rue. Rivka était très belle, on la voyait parcourir les rues de la ville élégamment vêtue, allant rendre visite à sa famille ou à ses nombreux amis. Elle avait le temps: elle n’avait pas d’enfants.
Elle avait un teint très pâle qui contrastait avec sa longue natte noire qu’elle laissait dépasser et qui descendait au bas de ses reins. Parfois, elle la nouait en chignon autour de la nuque laissant entrevoir un cou blanc orné de bijoux finement ciselés.
Elle ne se séparait jamais des bracelets en or qui lui enserraient les avant-bras et qui tintaient à chaque mouvement semblant annoncer son passage.
Son élégance et sa bonne humeur étaient remarquées partout où elle allait.
Son époux Daniel, qu’elle avait épousé en seconde noce pouvait lui assurer une certaine opulence, sa situation financière était confortable. Son premier mariage fut un échec. Son jeune époux succomba aux pressions de sa famille et divorça en dépit de l’amour qu’il éprouvait pour elle.
Rivka était stérile. Les moyens pour vaincre la stérilité n’étaient pas ceux d’aujourd’hui. Après plusieurs fausse couches, elle en avait pris son parti, ce ne fut pas le cas de sa belle famille pour qui avoir des descendants était le but essentiel et la finalité de la vie.
Il s’appelait Élie, il était le cousin de mon père qui, longtemps après, nous a raconté la douleur et le chagrin de son cousin de devoir se séparer de la femme qu’il aimait.
Rivka convola une seconde fois avec Daniel avec lequel elle forma un couple heureux et épanoui. Daniel était veuf et père d’une très jeune enfant nommée Marie qu’ils élevèrent ensemble. Très amoureux, il ne lui fit jamais le reproche de son infertilité. Ils étaient tout simplement heureux.
Rivka passait son temps à dénicher les plus beaux objets pour sa maison ou le plus beau tissu qui conviendrait aux sofas qu’elle changeait pour Pessah. Elle avait de nombreux neveux et nièces qu’elle gâtait et chérissait.
Le manque d’enfants était oublié, elle était d’humeur joyeuse et en dépit de ce manque , elle mena une vie heureuse. Marie, la fille de Daniel grandissait au milieu de ce couple complice et amoureux qui partageait parfois les repas dans la même assiette pour plus de proximité.
Lorsqu’elle fut en âge de se marier, Rivka s’occupa du trousseau de Marie, lui dénichant les plus belles nappes, les plus beaux objets et les plus jolies tenues qui allaient le composer.
Bien des années plus tard, et alors que Marie fut à son tour mère de famille nombreuse, son père succomba à une crise cardiaque. Rien ne présageait cette issue fatale. Il quitta ce monde laissant tout son entourage abasourdi. Marie avait accumulé de nombreux griefs envers cette belle mère adulée par son père. Ses propres enfants et un mariage sans histoires ne comblèrent pas toutes les aigreurs accumulées au cours des ans.
Aussitôt le décès annoncé, Marie convoqua une armée de rabbins dans la maison paternelle. Sans ménagement, ils demandèrent à Rivka les clefs du coffre-fort où étaient entreposés les bijoux et les documents importants. Ils firent l’inventaire de tous les bijoux et des sommes d’argent qu’il contenait. Ils notaient, tels des huissiers devant leurs débiteurs, tous les meubles et objets précieux et lui signifièrent qu’a l’issue de la période du deuil, elle devait quitter la maison. Cette maison qui devenait la propriété de Marie, sans se soucier de ce que l’épouse allait devenir.
Rivka, assommée par son deuil, resta pétrifiée. Elle avait en un instant tout perdu! Quelques jours plus tard, elle assistait, abasourdie, au déménagement de ses meubles.
Elle regardait, hébétée, son histoire se dérouler sans elle. Pouvait-elle se révolter? Son propre père siégeant au tribunal rabbinique se chargeait d’appliquer la loi lorsqu’il était encore de ce monde. Cela semblait naturel de s’y plier.
Ces lois faites par les hommes d’un autre temps pour des personnes d’un autre temps pouvaient -elles lui être appliquées dans toute leur cruauté ?
Le syndrome du cœur brisé
Brisée et complètement dépassée, Rivka eut un accident vasculaire, perdant l’usage de la parole et de ses membres. Elle avait déserté son corps comme on l’avait chassée de sa maison. Cette pathologie a un nom: c’est le syndrome du cœur brisé. Son frère Aaron, un homme d’affaires fortuné et membre influent de la communauté dont le fils, par le hasard de la vie devint l’époux de ma soeur Rachel, liant de nouveau le destin de Rivka à ma famille. Aaron mit une maison à sa disposition, Il engagea une aide pour s’occuper de sa sœur et une autre personne pour s’occuper de l’intendance.
C’était la loi et elle fut appliquée telle qu’elle avait été écrite il y a 3000 ans
Toute la communauté fut indignée du sort réservé à Rivka. Pour autant, il n’y eut aucun changement ni aucun aménagement au sein du Tribunal rabbinique. C’était la loi et elle fut appliquée telle qu’elle avait été écrite il y a 3000 ans.
Les hommes de loi ne peuvent-ils être des penseurs et pas uniquement des exécuteurs? Les rabbins ont aussi des filles et des épouses. Cette loi inique et scélérate a hélas fait d’autres dégâts depuis. Le cas de Rivka ne fut pas unique.
Après quelques mois où Rivka vit défiler, impuissante, toutes les personnes de notre ville, elle s’éteignit un matin après avoir subi le dernier outrage d’un amoureux qu’elle avait éconduit quand elle était jeune fille.
Marie et son époux se sont approprié la la maison, les bijoux et tous les objets. Ils étaient riches mais très isolés. Les passants qui n’ignoraient rien de leur histoire murmuraient à leur passage en leur jetant des regards hostiles. Ils quittèrent la ville et firent leur Alya .
Le nom de Rivka fut perpétué par ses petites nièces qui le gardèrent tel quel, sans le modifier en Vanessa ou autres Milena.
La faute aux juges moyenâgeux
Les gens de la ville apprirent par la suite que Marie conduisant son fils à la Houppa, son époux fut terrassé par une crise cardiaque sur le trottoir, laissant les mariés, les convives et les amis abasourdis comme Rivka un certain soir. Peut-on parler de justice ?
Pour être honnête, les deux héritiers n’ont fait qu’appliquer les prérogatives que leur accordait le droit rabbinique et en profiter. La faute incombe aux juges moyenâgeux et à ceux qui les ont laissé faire.
Mon arrière grand-père, Samuel Benarosh avait vu les dégâts de telles lois qui discriminaient les femmes. Il avait 4 filles et voulait les préserver. Il convoqua les sophrims afin de consigner ses volontés après son décès. il ne voulait pas être régi par cette loi et il fit noter par les notaires rabbins ce qu’il souhaitait pour ses filles et pour son fils. Ma grand mère et ses sœurs ont eu toute leur vie pour louer la sagesse de leur géniteur. Depuis, dans ma famille, nous ne sommes pas les dernières à défendre le droit des opprimés.
J’ai su par la suite qu’en Israël, ces lois ont été remaniées par des rabbins et juges éclairés afin de correspondre à la façon de vivre ici et maintenant.
Les juifs orthodoxes sont des cons comme les autres! Cathos, Puritains, Islamistes et Hindouistes et Taoïstes et et et ….qui font passer leurs perversions caractérielles pour de la Religion, parole de Dieu, qu’eux sels entendent, comme par hasard….
Misérables.
Les Passif-Dépressifs qui s’y soumettent sont Selber Schuld……Inutiles et vains.Les vrais Personnalités se sauvent et vont voir ailleurs.
Non ils ne sont pas “des cons”, ils ont tout simplement un déficit d’intelligence et de personnalité, et de ce fait ils sont tout juste capables d’appliquer sans prendre la responsabilité de réfléchir. Il est tellement plus facile de faire sans être responsable…
Associer la lumiére de La Tour à cette histoire à dormir debout ,c’est hardi !
Et où se passent ces salades ?
En Fance :”dina demalhouta ….”Cela nous potége des wahabites du Concistoire .
Je pense qussi que c’est une histoire a dormir debout. Comment ne faute t-on pas Daniel le mari aimant qui n’a pas su proteger sa femme. Comment se faitil Qu’Aaron le frere genereux n’ait pas conseille sa soeur et son beau-frere avant que celui-ci ne soit terrase par une crise cardiaque? Il y a peut-etre des lois anciennes mais il y aussi des rabbins et des dayanim qui savent, comme l’arriere grand-pere, prendre soin de proteger les veuves et les orphelins de la jalousie de la famille et de la communaute.
J’ai été témoin de ces faits. C’était l’époque dans toutes les sociétés patriarcales. Heureusement cela évolue. Les mentalités changent. Vous verrez quand à vos 70 ans vous serez étonnés de cette époque